Les essais de Milan Kundera sont aussi limpides et épurés que ses romans et le rideau (que je feuillette plus que je ne lis depuis tout à l'heure) n'échappe pas au constat. Milan Kundera élabore tout à un tas de concepts et théories (le kitsch par exemple) complexes et pourtant, à le lire, on a le sentiment que tout est simple et évident. Chaque phrase est un diamant, chaque pensée une illumination.
Par contre, pour bien comprendre un essai de Kundera, il faut un minimum de culture romanesque puisqu'il fait sans cesse référence à de grandes oeuvres pour appuyer ses théories. Si on n'a pas lu ces oeuvres, c'est plus compliqué de s'imprégner de l'idée. Par exemple, dans l'art du roman, il est beaucoup question de Jacques le Fataliste et dans le rideau de l'homme sans qualités. C'est la raison pour laquelle, j'ai une préférence pour ses romans.
phrase tirée de la fiche MK de wikipedia : Ainsi, la seule « morale » du roman serait la connaissance, le distinguant de la philosophie qui, abstraite (alors que le roman étudie toujours des situations concrètes), apporte un jugement. Le roman suspend ce jugement en montrant des faits susceptibles d'être interprétés et jugés diversement. Telle est la différence entre un roman de Kundera et le roman de Muriel Barbery (touts proportions gardées..) : chez Kundera, l'histoire appuie les théorie alors que chez Barbery, les théories et l'histoire sont indépendantes.
J'ai lu les romans de Kundera dans les années 90 et je dois dire qu'ils occupent une place privilégiée dans mes souvenirs littéraires. . Ceci dit, j'aimerais en relire , pour le plaisir surtout mais aussi pour les juger avec ce regard d'adulte que j'ai aujourd'hui et que je n'avais pas il y a 15 ans..donc voilà..juste comme ça...se rappeler parfois de ces oeuvres qui nous ont marquées..et ça pourrait être l'occasion de revoir du film 'l'insoutenable légéèreté de l'être' de Philip Kaufman, qui restitue à merveille l'atmosphère et le ton kunderien.
Quelle joie ce serait d'apprendre la sortie d'un nouveau roman du maître..
Loïc, 22h00
Commentaires
A propos de 'l'élégance du hérisson',
voici ce qu'écrit Kundera dans le rideau (p86 gallimard). Je suis tombé là-dessus ce midi :
' l'impératif qui exhorte le romancier à "se concentrer sur l'essentiel" (sur ce que "seul le roman peut dire") ne donne-t-il par raison à ceux qui récusent les réflexions d'auteur comme élément étranger à la forme du roman ? En effet, si un romancier recourt aux moyens qui ne sont pas les siens, qui appartiennent plutôt au savant ou au philosophe, n'est-ce pas le signe de son incapacité d'être pleinement romancier et rien que romancier, le signe de sa faiblesse artistique ? En plus, les interventions méditatives ne risquent-elles pas de transformer les actions des personnages en une simple illustration des thèses de l'auteur ? Et encore, l'art du roman, avec son sens de la relativité des vérités humaines, n'exige-t-il pas que l'opinion de l'auteur resté cachée et que toute réflexion soit réservée au seul lecteur ?'
Je me dis que sans les disgressions culturelles et philosophiques de l'auteur, 'l'élégance du hérisson' est peu de chose en fait.