Le 09.05.2008, lors de son émission quotidienne sur France Culture, Alain Veinstein avait demandé à son invité, Luc Autret la raison pour laquelle, malgré tout son talent, malgré son oeuvre importante, Henri Thomas restait relativement peu connu du grand public. Et à ce moment de l'émission, il devait être au delà de minuit, j'étais tranquillement en train de m'endormir. Je n'avais jamais entendu parler d'Henri Thomas (dont Luc Autret venait d'annoter une réédition de son journal relatant les années 1934-1948 de sa vie) et la plupart du temps, je m'endors en écoutant la radio. Et là, donc Veinstein pose cette question et puis, Luc Autret répond un peu gêné "je me l'explique difficilement...lui, il expliquait que c'était à cause de sa façon de s'habiller..." Et puis, il émet un petit rire. Ensuite, il donne une explication un peu plus profonde.*
Et c'est fou mais ce moment où il dit ça m'a fait sortir de mon demi-sommeil, m'a fait sourire et j'ai écouté l'émission jusqu'au bout.
C'est mon côté un peu barré. S'arrêter comme ça sur une boutade, un ton et en faire toute une affaire..et là, l'affaire, ce fut de découvrir de qui on parlait. Henri Thomas. Bon d'accord, soit, intéressons-nous à l'individu.
Quelques jours plus tard, le facteur déposait dans ma boite à lettre un colis contenant le promontoire, un livre de Henri Thomas (qui reçut le prix femina en 1961).
Alors je me suis mis à lire le bouquin sans savoir de quoi il parlait, n'en n'ayant trouvé de résumés nulle part, pas même une critique rien. Le roman étant très court, la lecture fut rapide. Il s'agit de l'histoire d'un écrivain, un petit écrivain pauvre et un peu traducteur aussi qui séjourne dans un petit village corse avec sa femme et son fils. Et là, gravite autour de lui des figures énigmatiques comme celui qu'il appelle "le pharmacien d 'Anvers" et aussi l'écrivain célèbre Gilbert Delorme . Et il y a aussi les habitants du village, la patronne du café, le curé. Petit à petit, alors que sa famille est retournée sur le continent, le récit sombre dans une sorte de monde parallèle, un peu fantastique. Le décès et l'enterrement de la patronne du café précipitent un peu plus le narrateur dans ce monde étrange, auquel il se sent lié et il ne se sent plus capable de quitter le village et ce promontoire qui lui fait face.
Voilà un peu près l'idée générale et je dois dire que ça fait une semaine que j'ai fermé le roman et je ne me souviens plus de beaucoup d'autre chose. Tout ça n'est pas sans rappeler Kafka (le château) voire même Patrick Modiano (pour toutes les vaines obsessions, non des lieux ici mais des gens). Ça n'est pas inintéressant, ça amène une réflexion (mais je ne sais pas trop laquelle -)) et puis il y a un univers un peu fantômatique dans lequel je me suis senti piégé.
Aujourd'hui, le roman est retombé dans l'oubli, rangé dans les tréfonds de ma bibliothèque et il y a fort à parier que le prochain blogger qui en parlera n'est pas encore né.
roman, paru en 1961
Gallimard, 192 pages
lecture du 29/10 au 30/10/09
note : 3.5/5
à venir : la peine du menuisier, Marie Le Gall
* extrait en question :