présentation de l'éditeur : J'étais en route vers la côte landaise, où je devais aider des amis à désensabler leur maison. Plus tard, je m'installerais à Bordeaux, c'était décidé. En attendant, j'avais l'intention de vivre un peu, juste assez pour que ça me laisse des souvenirs. Il y avait peu de chances, toutefois, que quelque chose m'arrive sur la dune déserte, entre deux pelletées. Puis, à l'hôtel, j'ai rencontré Charles Dugain-Liedgester, qui ne dormait plus avec sa femme et qui lisait tard le soir.
mon avis : Avec sur la dune (penser à varier le début des notes puisque sur la précédente, j'ai également débuté par un sur avec le nom du roman à suivre), j'ai retrouvé ce style unique qui fait la force des romans de Christian Oster. Ecrits à l'imparfait, il en découle un usage régulier du subjonctif du même temps sans que cela ne fasse désuet. Les phrases sont souvent très longues, parsemées de virgules qui permettent au lecteur de reprendre son souffle. Il ne semble pas ridicule de comparer Oster à Proust d'autant que sur le fond, comme chez l'auteur d'à la recherche du temps perdu, il ne se passe pas grand chose et il est question pour l'auteur de disséquer le quotidien (de gens d'une quarantaine d'années profitant d'une situation sociale plutôt confortable), à travers les attitudes, les gestes, les regards, les gênes..
Comme dans trois hommes seuls , le narrateur, du fait de concours de circonstance, se retrouve en compagnie de gens qu'il ne connait pas et dans des situations où il doit apprivoiser l'autre au plus vite..et c'est donc l'objet du roman que de décrire comment tout se monde fait connaissance, les freins que plus ou moins consciemment on met afin de se protéger ou de cacher un désir naissant ou une timidité excessive.
C'est soyeux, raffiné et cela constitue une bonne piqûre de rappel aux collégiens que nous fûmes lorsque pendant les cours de français, nous prenions connaissance des richesses mais aussi des pièges de la plus belle langue du monde. Ce en quoi, je pense que Oster est l'écrivain idéal pour être étudié en cours (mais je crains hélas qu'à l'éducation nationale, on ne connait pas les éditions de minuit ou alors si on les connait, on ne les prend peut-être pas au sérieux. Encore que je m'avance.
roman, paru en 2007
les éditions de minuit, 191 pages
lecture du 23.05 au 30.05.2010
note : 4.5/5
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CR160 : l'horizon - Patrick Modiano
présentation de l'éditeur :" Il suivait la Dieffenbachstrasse. Une averse tombait, une averse d'été dont la violence s'atténuait à mesure qu'il marchait en s'abritant sous les arbres. Longtemps, il avait pensé que Margaret était morte. Il n'y a pas de raison, non, il n'y a pas de raison. Même l'année de nos naissances à tous les deux, quand cette ville, vue du ciel, n'était plus qu'un amas de décombres, des lilas fleurissaient parmi les ruines, au fond des jardins. "
Avec l'horizon, Modiano fait toujours du Modiano. Les obsessions restent les mêmes : résurgence d'un passé trouble, personnages seuls et à côté du monde, petites boutiques obscures (dans l'horizon, une librairie ésotérique qui fut une maison d'édition tenue par un certain Hornbacher), des rues parallèles aux rues principales (dans un Paris évanescent) etc. Personnellement, je trouve ça grisant. Et j'avais un peu peur avant de commencer l'horizon car je m'étais laissé dire que pour ce roman, Modiano quittait Paris pour Berlin et qu'il était un peu plus optimiste etc. Mais on nous avait fait le même coup avec le café de la jeunesse perdue (que j'avais trouvé moyen). Or ce n'est pas vrai, Modiano ne change pas et ne changera pas. Il n'est question de Berlin que dans les quatre dernières pages, et certes, la dernière phrase laisse une porte ouverte..mais ouverte sur quoi au juste, sur peu de chose : Bosmans va peut-être retrouver Margaret Le Coz mais bon, on en doute et en plus qu'importe.
Par ailleurs, je voulais faire part d'une interrogation : comment expliquer que ce type qui écrit des phrases si limpides et qui trouvent les mots justes pour dire ce qu'il a à dire ne soit pas capable de construire une phrase correcte dans ses interventions médiatiques ? On pourra répondre qu'il n'est pas un homme de média mais je trouve justement le contraire. Il fait partie des écrivains les plus invités dans les quelques émissions littéraires (qui restent). L'homme est un mystère. Mais un vrai et grand écrivain avec un univers à lui et rien qu'à lui. J'adore.
roman, paru en le 04 mars 2010
Gallimard, 172 pages
lecture du 19.05 au 21.05.2010
note : 4.75/5 -
CR159 : les évadés - Christian Gailly
présentation de l'éditeur : Le jeune Jérémie Tod ressemble trop à son père. On va le lui faire payer. En pleine rue, on le fait battre par un policier. Un homme, Théo Panol, intervient. Maladroit, il tue le policier. Il est arrêté, jugé et condamné : trente ans de réclusion. Ses amis décident de le faire évader. Les chances de réussite sont à peu près nulles. Ils vont quand même essayer. Les Évadés est un inextricable entrecroisement d'histoires d'amour, d'histoires d'amour présentes et passées, d'histoires d'amour agonisantes et larvées, d'histoires d'amour réelles et chimériques, les personnages étant liés sans exception par des liens sentimentaux aussi vifs qu'incertains. Nous pourrions dire tout simplement que Christian Gailly, avec ce roman, enferme dans l'espace clos d'une petite ville une communauté d'individus sans illusion, qu'il les suit chacun avec la même attention, la même acuité, la même cruauté, et qu'il les anime comme un marionnettiste.
mon avis : J'ai profité de ce lundi au soleil pour terminer ce petit roman commencé depuis trop longtemps. C'est un genre de polar stylé dans une sorte de huis clos. Barjot et poilant. J'aime décidément bcp Christian Gailly...et puis les éditions de minuit (un tel ovni ne pouvait pas sortir ailleurs).
Ensuite, je vais lire quoi..je pensais à l'horizon de Patrick Modiano mais on ne me l'a pas encore offert. Il y avait un autre bouquin qui me tentait bien mais je n'arrive plus à mettre la main dessus et je ne me souviens ni de son auteur, ni de son titre ni de son sujet. Je me demande même si le livre a bien été écrit..ou alors peut-être s'agit-il d'un film.roman, paru en 1997
éditions de minuit, 234 pages
lecture le 17.05.2010
note : 4.5/5 -
CR158 : d'autres vies que la mienne - Emmanuel Carrère
présentation de l'éditeur : À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari. Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire? C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère). Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai
mon avis : La plus grande douleur pour un être humain, c'est d'abord de se voir mourir à petit feu, sans qu'il n'y ait rien à faire..mais subir la perte d'un être cher est tout aussi douloureux. C'est banal que de le dire tant cela fait partie de la vie, tant nous l'avons tous plus ou moins vécu. C'est de cela qu'il est question dans cette espèce d'autobiographie à l'envers dans laquelle l'auteur raconte la maladie, la mort à travers quelques expériences personnelles récentes (mort d'un enfant lors du tsunami en Asie et cancer de sa belle-soeur).
C'est cruel, bouleversant mais avant tout humain..et c'est écrit avec brio et avec cette énergie romanesque (même si ici ce n'est pas un roman) que j'aime tant (celle qu'invoquait JP Toussaint à la sortie de la vérité sur Marie mais qui en fin de compte en était absente). Et puis pour des raisons personnelles, le sujet m'a évidemment tout particulièrement ému.
Un récit marquant.
autofiction, parue en mars 2009
P.O.L, 309 pages
lecture du 02.05 au 07.05.2010
note : 4.75/5 -
Turions sur le nigra !
Il était temps ! 1 an après sa plantation, mon phyllostachys nigra m'offre enfin deux petites pousses. Elles sont sorties de terre il y a quelques jours, je ne sais pas trop en fait, je ne surveillais plus car je n'y croyais plus. Maintenant, mon petit doigt me dit qu'il va exploser de toutes parts... Bien sûr, il n'a pas encore beaucoup d'allure mais je rappelle que j'ai acheté la chose chez un pépiniériste pour quelques euros symboliques tant il avait honte de me vendre un bambou pareil.
Ceci dit, je n'ai pas pu m'empêcher de lui accoler un petit frère : il y a quelques semaines de cela, je me portais en effet acquéreur de celui-là :
Mais en ce moment, la star du jardin n'est pas un bambou..mais un arbre..connaissez-vous son nom ?