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  • la fin du jazz

    J'ai toujours eu des problèmes avec cette musique, elle m'a toujours semblé compliquée, inaccessible, élitiste...J'ai essayé pourtant...dans ce temps pas si lointain où l'on écoutait des CD, j'en empruntais à la médiathèque de Lorient...mais j"avais beau me forcer, je n'y arrivais pas...repérer la mélodie, le tempo...

    A deux exceptions près. Quelques mois après l'accident de mon père et alors qu'il suivait une vaine rééducation au centre de rééducation de Kerpape, nous avions passé une soirée avec lui dans la grande salle où se produisait un quatuor de jazz. Et je me souviens avoir ressenti une étrange émotion...J'étais encore perturbé à l'idée que mon père ne marcherait plus et cette musique inattendue est venue me caresser et me soulager. Ce fut un moment en dehors du temps. C'était une sorte de jazz style piano bar..quelque chose d'envoûtant et d'enivrant.

    Je n'ai jamais ressenti une telle émotion....saut en écoutant du jour au lendemain sur France Culture. 

    Jusque il y a quelques jours, tous le soirs sur France Culture, aux alentours de minuit était donc diffusée une émission nommée du jour au lendemain. L'interviewer, Alain Veinstein, invitait des auteurs contemporains avec qui il discutait pendant trois quart d'heures( puis une demi-heure sur la fin). Ce n'était pas une émission littéraire banale. On était loin de la promotion style la grande librairie. Au cœur de la nuit, tout est permis et Alain Veinstein ne s'en privait pas. Son style était de laisser parler l'invité...sans le couper quitte à provoquer des silences...de plusieurs secondes parfois. Bien sûr, quand il le fallait, il le relançait..laconiquement et souvent de façon déroutante conduisant son interlocuteur vers des chemins escarpés...C'était grisant, d'une humanité sans pareil...c'était comme si deux amoureux de littérature discutaient au zinc d'un bar de nuit sans micro, sans rien...

    Combien d'auditeurs pour cette émission fantasmagorique...je serais bien curieux de le savoir...et le jazz dans tout ça ? et bien, ce qui me plaisait par ailleurs dans cette émission, c'étaient ses intermèdes musicaux...deux ou trois je ne sais plus, en tout cas, après la présentation initiale, il fallait attendre deux minutes avant le début de l'interview, deux minutes pendant lesquelles le jazz se distillait, un jazz comme je l'aime et qui ne s'écoute que la nuit, dans le silence et le confort d'un salon douillet...Il me souvient avoir écrit à la production afin d'en savoir un peu plus sur le nom des artistes et des morceaux diffusés. Et j'avais été un peu déçu de ne pas avoir eu de réponse tant je m'imaginais que je faisais partie d'une petite communauté où l'entraide était la règle. Mais qu'importe. 

    Du jour au lendemain n'est plus. Le système lunaire entre dans une nouvelle ère. 

    Loïc LT, 29.07.2014

  • boire une bière à Meymac (7)

    Quand on a quitté le Limousin, on a dû passer un peu par le centre avant de bifurquer vers le Poitou-Charentes. On a fait un peu d'autoroutes et un peu de nationales...C'est important de faire un peu de nationales pour se faire une idée de l'état du royaume. Je suis très observateur quand je conduis. Et ce que j'ai déduis de cette petite traversée de la France, c'est que la sinistrose n'est pas l'apanage de la Corrèze. Toute la partie centrale de la France souffre d'une crise structurelle profonde...et ce que je me dis c'est que le pouvoir politique non seulement ne peut plus rien pour ces endroits mais en plus s'en fout totalement. On réalise aussi à quel point la Bretagne est favorisée.

    Quand on traverse tous ces bourgs, on se demande ce que les gens y font. Il existe bien encore une activité agricole...mais évidemment elle n'emploie pas grand monde. Le reste, je ne sais pas. Quand on arrive vers le Poitou, on note un nombre fulgurant de compagnies d'assurance. Les gens sont bardés d'assurance par là-bas. Tous les matins, ils vont souscrire un contrat d'assurance comme ils vont acheter du pain. 

    Nous nous sommes sustentés dans le bourg de Bellac, une sous-préfecture coquette de la Haute-Vienne qui dispose en son centre d'un kiosque à musique à l'ancienne situé au centre d'un parc ombragé. Une fête locale s'y préparait. Ne trouvant pas de table, nous nous sommes installés sur celles prévues pour la fête du soir. Fous que nous sommes ! 

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    Mais Bellac est déjà bien loin de Meymac, l'inaccessible Meymac, où si ça se trouve il n'y a même pas de café.

    Loïc LT, 28.07.2014

  • boire une bière à Meymac (6)

    Y-aurait-il des lecteurs intéressés par une description de camping ? Vous savez, ces endroits composés de mobil-homes et de caravanes dans lesquels les beaufs s'entassent en été ? Non ?  pas grave, je vais vous en parler quand même car celui dans lequel nous étions vaut son pesant de cacachenouilles. Nous avions loué un mobil-home directement avec un particulier (car comme vous le savez ou pas, les campings sont en voie de privatisation bien avancés...il ne reste plus que quelques places pour les vrais campeurs qui débarquent avec leur toile de tente ou caravane..le reste, ce sont des lots privés dans lesquels quelques-uns vivent toute l'année et d'autres les weekends...dans notre cas, il s'agissait surtout de retraités). 

    Note 'camping' s'intitulait Egletons-le lac. Quand on arrive, on constate très vite l'état délabré de la réception tenue par une dame pas très aimable. Ensuite, les chemins traversant le camping sont défoncés car se situant à flanc de colline et dans une région où quand il pleut il pleut, l'eau s'écoule comme elle peut et forme des rigoles et des trous énormes. Sinon, la plupart des caravanes à demeure ont l'air de ne pas avoir été habitées depuis 30 ans...les maisons mobiles sont à l'avenant...sauf quelques unes dont la notre, sans doute la mieux tenue de l'endroit.

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    Point positif quand même : une récente et belle piscine chauffée quasiment pour nous tout seuls, le camping n'étant peuplé comme je le disais que de quelques retraités. Sinon, le cadre est plutôt agréable...notre mobil-home étant en hauteur, nous avons vu sur une forêt de sapins au milieu de laquelle coule une rivière qui va se déverser dans le lac situé de l'autre côté de la route (très empruntée mine de rien par des camions chargés de bois). La route en question est la D1089 et sur ses bords, ce ne sont que des ruines, des restaurant fermés, des maisons abandonnées..quelle tristesse. On regarde le prix des terrains : c'est tout juste si le vendeur ne paye pas l'acheteur pour s'en débarrasser.

    Devant ce spectacle de désolation, boire une bière à Meymac m'aurait fait du bien mais Meymac, c'est comme le graal, plus on s'y approche, plus on s'en éloigne. 

    Loïc LT, 28.07.2014

  • boire une bière à Meymac (5)

    La veille, nous sommes descendus vers les Gorges de la Dordogne. La route est sinueuse et les lacets sont de longues lignes droites. Quand on approche, les habitations se font rares. Au creux de la vallée, un restaurant-hôtel  joli nous rappelle que l’humanité existe. Je me dis que j’aimerais y passer une nuit...ici, loin de tout, loin de la 3G et des centres commerciaux.

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    On remonte la vallée et arrivons au village de Marcillac-la-Croisille où se termine le marché mais au cours du quel on a quand même eu le temps de se faire escroquer par un commerçant malhonnête. Dégoûtés, nous repartons et nous arrêtons devant une boulangerie dont l'enseigne et l'intérieur ne semblent pas avoir été modifiés depuis 150 ans. Il y a des photos qu'on regrette de ne pas avoir pris. 

    Nous pique-niquons ensuite au bord d'un étang plein d'eau. Des gens font du pédalo. De l'autre côté de la rive, on distingue Auriac, un beau village que nous traversons ensuite et qui a la particularité de ne pas posséder de toilettes publiques. Ensuite, nous traversons Souriac, un village moyennement beau où vivent des gens qui ne savent pas que faire..des jeunes qui font du vélo sans but et sans entrain et qui mettent leur casquette NY de côté pour montrer aux touristes que même ici, on est cool. Souriac a cette curieuse caractéristique de disposer de toilettes publiques. 

    En rentrant, on passe devant un panneau indiquant 'cascade de Neyrat'. Fous que nous sommes, nous nous y rendons. 5 mns de marche dans les bois plein d'arbres et voici la cascade. De l'eau tombe du haut vers le bas. Une cascade a lieu parce qu'à un moment un cours d'eau se trouve face à un vide, une falaise droite...et la seule solution qu'elle a, l'eau, c'est de s'y jeter..explique-je à mes filles. 

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    Après, il est tard, on rentre, Meymac attendra.  

    journée du 14 07 2014

    Loïc LT

  • boire une bière à Meymac (4)

    La veille, c'est le jour de Bort-les-Orgues, réputé pour son barrage hydroélectrique et son musée de la tannerie. Avec cette idée que les vacances doivent aussi être utiles, nous avons visité ces deux lieux mais c'est autre chose qui m'a marqué. La ville se situe quasiment au pied du barrage et serait donc rayé de la carte si ce dernier venait à rompre, comme cela s'est déjà passé à Fréjus en 1959 après JC. Bort-les-Orgues est un bourg beau mais qui fait peine à voir. La plupart de ses magasins sont fermés...même la maison de la presse et son enseigne rutilante...même dans la rue piétonne commerçante...

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    (rien à voir mais j'ai le vague projet de prendre en photos toutes les quincailleries fermées devant lesquelles je passerais)

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    Heureusement, la librairie Robineau est toujours là, fière, tape-à-l’œil, fer de lance du commerce bortois et symbole de résistance.

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    La visite de la tannerie fut intéressante mais je n'ai pas envie d'en parler...moi, ce que je veux, c'est boire une bière à Meymac. 

    journée du 15.07.2014

    Loïc LT

  • boire une bière à Meymac (3)

    Le mercredi 16, nous avions prévu de faire un tas de choses...mais le breton n'est pas habitué à la chaleur, alors on a glandé avec le vague projet d'aller à Meymac en fin de journée après avoir visité une fabrique artisanale de bougies tenue par une dame qui s'appelle Viviane. Sa boutique se situe dans une rue typique d'Egletons. La plupart des maisons sont moches et inhabitées. S'il y avait une catégorie 'plus moches rues de France', la Corrèze aurait pas mal de candidates.

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    Mais les corréziens ne sont pas pressés...la bougiste a pris sont temps pour nous expliquer son travail. Un moment, un groupe de touristes lambda nous a rejoint. Chacun voulait faire son intéressant, surtout l'un qui faisait rire tout le monde alors qu'il n'était pas drôle. J'en ai eu marre, j'ai quitté l'endroit et j'ai erré dans les rues tristes. C'est alors que j'apprends le décès du chanteur du titre 'il est libre Max' auteur de cette belle chanson dont il n'a jamais expliqué le sens :

    Il met de la magie, mine de rien ,dans tout ce qu'il fait

    Il a le sourire facile, même pour les imbéciles

    Il s'amuse bien, il n'tombe jamais dans les pièges

    Il n'se laisse pas étourdir par les néons des manèges

    Il vit sa vie sans s'occuper des grimaces

    Que font autour de lui les poissons dans la nasse

     

    Il est libre Max ! Il est libre Max !

    Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler

     

    Il travaille un p'tit peu quand son corps est d'accord

    Pour lui faut pas s'en faire, il sait doser son effort

    Dans l'panier de crabes, il n'joue pas les homards

    Il n'cherche pas à  tout prix à  faire des bulles dans la mare

     

    Il r'garde autour de lui avec les yeux de l'amour

    Avant qu't'aies rien pu dire, il t'aime déjà  au départ

    Il n'fait pas de bruit, il n'joue pas du tambour

    Mais la statue de marbre lui sourit dans la cour

     

    Et bien sûr toutes les filles lui font les yeux de velours

    Lui, pour leur faire plaisir, il raconte des histoires

    Il les emmène par-delà  les labours

    Chevaucher des licornes à  la tombée du soir

     

    Comme il n'a pas d'argent pour faire le grand voyageur

    Il va parler souvent aux habitants de son cœur

    Qu'est-ce qu'ils s'racontent, c'est ça qu'il faudrait savoir

    Pour avoir comme lui autant d'amour dans le regard

     

     

    Hervé Cristiani

     

    Anecdote : la nièce du chanteur doit faire une explication de ce texte pour l'école. Hervé décide de s'amuser : avec des mots d'un enfant de l'âge de la nièce, il rédige le devoir. Le professeur met une mauvaise note et explique à l'élève qu'elle n'a 'pas saisi la pensée de l'auteur'. 

    Du coup, on n'a pas pu aller à Meymac.  

    journée du 16.07.2014

    Loïc LT

  • boire une bière à Meymac (2)

    La veille non plus, je n’ai pas pu boire une bière à Meymac. Il faut dire que nous avons pris en ce jour caniculaire, la direction opposée, c’est à dire le sud-ouest de la Corrèze...où il nous tint à cœur de visiter des villages estampillés ‘plus beaux villages de France’. Nous avions prévu en faire trois mais la chaleur a eu raison de nous, nous dûmes donc tirer un trait sur Curemonte.

    Le matin, nous garons l’auto au pied de la colline où se dresse le village de Turenne.

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    Arrêt dans l'échoppe de Jean-Luc Petit, un commerçant très sympa..qui nous voyant entrer interrompit son déjeuner qu'il prenait dans un restaurant un peu plus loin...C'est une caractéristique de cet endroit de la France (ainsi que dans le Lot et environs) : les commerçants ont confiance. Il est venu nous voir, nous a mis de la musique puis est reparti manger nous laissant seuls dans sa boutique. 

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    Ensuite, sous une chaleur de plus en plus accablante, nous quittons Turenne pour nous rendre à Collonges-la-Rouge dont la particularité vient de la couleur de ses pierres. Quand on arrive, on tombe sur le café de la Gare. Je suis toujours étonné de voir des ruines à quelques mètres d'une rue commerçante où chaque mètre carré vaut de l'or.

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    Effectivement Collonges est toute rouge (avec des points blancs et noirs):

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    Le touriste est ici. 

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    Ensuite, aidé de Léon, nous sommes rentrés en camping où par cette chaleur (36° à l'ombre), les filles n'avaient qu'une envie : se baigner...moi pas trop. Je nage un peu mais je n'aime pas l'eau, même si elle fait 28°. J'ai toujours ressenti l'eau comme une agression. 

    Mais la veille peut-être, ai-je pu boire une bière à Meymac ?

    journée du 17 07 2014

    Loïc LT

     

  • boire une bière à Meymac

    Deux jours après notre arrivée à Egletons, j’ai décrété que je voulais boire une bière à Meymac. J’ai fait chier tout le monde avec ça. A la question ‘qu’est ce qu’on fait aujourd’hui?', je répondais systématiquement que je voulais ‘boire une bière à Meymac’. Pourquoi Meymac ? Un peu au hasard...un soir à l’apéro,  j’ai déroulé la carte de Corrèze devant moi, chose que je fais souvent, j’adore lire les cartes, voir le nom des villages, les cours d'eau etc. J’y passerais des heures. Et donc, je me suis arrêté sur Meymac, un bourg pas spécialement beau mais classé quand même ‘un des plus beaux détours de France’. Toutes ces appellations me font un peu rigoler...les villages essaient d'appâter les touristes en se classant dans telle ou telle catégorie.

    Le vendredi par exemple, j'aurai pu boire une bière à Meymac mais non. Nous avons en ce dernier jour plein en terre limousine profité pleinement de la piscine...une belle piscine qu’on avait quasiment pour nous tout seul car le camping était assez désert. Du coup, les filles se sont éclatées...Puis le soir, nous sommes allés au soi disant ‘marché festif’ d’Egletons. C’est un marché un peu à l’image de la Corrèze : triste et désert avec une petite dizaine de commerçants, un public clairsemé...une grande scène inutile...le tout sur une place sympa certes mais comme un peu partout en Corrèze avec les trois quarts des vitrines fermées...depuis Mathusalem pour certaines. 

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    La camionnette de Saint-Morêt avait toute la place à elle (une de mes filles de dos) :

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    Je suis un touriste banal : j'ai toujours mon appareil photo en main...mais j'essaie de prendre les choses annexes, les endroits vers lesquels aucun regard ne s'arrête mais qui  révèlent plus que tout autres la réalité d'une ville. Mais ce soir-là, traînant dans ce marché triste, je n'avais pas trop la tête à photographier.  

    journée du 18 07 2014

    Loïc LT