Dans ce qu’aimer veut dire, Mathieu Lindon, fils de Jérôme Lindon, fondateur des éditions de minuit revient sur sa jeunesse dorée dans les beaux quartiers de Paris et sur sa découverte de l’amour au sein d’une bande de copains, tous plus ou moins écrivains et homosexuels. Parmi eux la figure de Michel Foucault (philosophe de renom aujourd’hui décédé que personnellement j’ai toujours confondu avec Roland Barthes, ce dernier apparaissant dans le récit également) s’impose. Michel Foucault donc, habite un appartement cossu, rue de Vaugirard je crois (la lecture date d’un mois, je ne me souviens plus des détails quoi) qui sert de lieu de ralliement pour cette bande d’amis donc quelques-uns sont en couple. Dans cet appart, on se drogue et l’on s’alcoolise tendrement et intelligemment. Mathieu Lindon qui additionne les conquêtes et les expériences noue une relation amicale très profonde avec Michel Foucault...amitié, amour, difficile à dire...car pas de relations charnelles mais quelque chose au dessus de tout, faite de pudeur, de fascination et d’attirance.
C’est un peu longuet par moments, surtout dans la première partie. Dans la seconde , Michel Foucault emporté par le sida (les événements se passent dans les années 80) n’est plus. Mathieu Lindon prend du recul par rapport à cette période un peu folle de sa vie. Il revient sur sa relation compliquée avec son père, sur la difficulté d’être le fils de, sur sa carrière professionnelle.
Au bout du compte, je ne sais pas si Mathieu Lindon parvient à répondre à la question qui fait le titre du livre...je dirais même qu’au contraire il nous embrouille l’esprit, si bien que je me demande si avec ce titre, il n’a pas voulu faire dans l’ironie. Le style est raffiné sans être trop précieux. La démarche de l’écrivain est vraiment courageuse tant il se met à nu sans omettre les parties les plus immorales.
D’aucuns diraient qu’il s’agit d’un récit d’apprentissage. Je plussoie d’aucuns et m’en veut d’avoir tacher la couverture de ce livre dès le début de la lecture. Il n’y a pas que les claviers qui attirent le liquide, il y a aussi les livres que l’on voulait garder en bonne place dans sa bibliothèque.
lecture du 19.01 au 28.01.2012
P.O.L, 311 pages
année de parution : 2011
Prix Médicis
note : 3.5/5
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la cassette d'abba
Au début des années 80, mon père qui jusque là utilisait un vieux tourne disque qui se refermait façon valise acheta un radio cassette qui faisait également magnétophone. Il y avait un micro et une bandoulière et ça ressemblait un peu à du matériel de journaliste. Cet objet me fascinait de par sa fonction enregistrement et puis évidemment parce que nous n’avions plus besoin du gros tourne disque pour écouter de la musique. Nous étions abonnés à France Loisirs et mon père y achetait des cassettes de chanteurs français (Sardou, Moustaki, Brel etc). Il y a juste une exception à la règle : un best of d’Abba.
Si mes souvenirs sont bons, cette cassette est arrivée courant 1982, c’est à dire juste après la séparation du groupe. Personnellement, je ne le connaissais pas. Il n’y avait pas de radio fm à l’époque ou alors elle était balbutiante. Avec ma soeur, on n’a pas mis longtemps à adopter ce groupe. Ma préférée était gimme gimme gimme avec son intro démentielle.
Avec le recul, je me dis que cette compil était vraiment bizarre, avec des titres qu’on ne trouve plus dans les best of d’Abba aujourd’hui. Je pense que la séparation étant toute récente, il manquait à la maison de disque le recul des années pour bien identifier les chansons marquantes. Je me souviens de 2 titres en particulier : under attak et the day before you came. Ce qui m’a donné envie d’écrire cette note, c’est que je viens de redécouvrir cette dernière, et je la trouve magnifique. Et je me rappelle que lorsque j’écoutais le best of en question, c’était celle que je trouvais la plus ennuyante. Cette chanson (dans laquelle Agnetha chante seule) est une ballade dans laquelle une femme raconte sa journée avant le retour de son amant (ou avant leur rencontre, je ne sais pas trop). C’est une journée comme les autres, qui suit sa routine. Sa vie est normale, sans temps mort mais le texte et la musique langoureuse laissent entendre qu’il manque une étincelle dans sa vie. Le jour avant que tu viennes était un jour comme les autres, ni plaisant, ni déplaisant. Il attendait jusque que tu arrives.
Ce qu’il y a d’incroyable avec abba, c’est qu’en plus de mélodies imparables, les textes n’étaient pas vides de sens. Je m’en rends compte de plus en plus (parce que je me suis remis à écouter ce groupe en allant au taf). Ce groupe était vraiment touché par la grâce. -
CR226 : Skoda - Olivier Sillig
J’ai lu ce petit livre en deux heures il y a presque un mois. Mais il m’a suffisamment marqué pour ne pas disparaître dans les limbes de ma mémoire défaillante.
Allongé sur une route, un soldat sort d’un état inconscient. Autour de lui gisent par terre tous ses compagnons d’armes, tous victime d’un raid aérien. Plus loin, à l’intérieur d’une voiture démembrée, il constate que les deux occupants adultes sont morts. Dans les bras de la femme, un nourrisson par contre vit. Le soldat - qui s’appelle Stjepan - décide de poursuivre sa route mais une voix intérieure lui demande de prendre le bébé. Ce qu’il fait. Comme la voiture est une skoda, il décide de l’appeler Skoda. Stjepan ne connait rien en bébé. Il ne cherche même pas à savoir si c'est un garçon ou une fille. Il poursuite sa route dans un pays en guerre. Jamais nommé, peut-être en Europe, peut-être ailleurs. Il croise une sorte de douanier qui le viole et puis il trouve refuge dans un village où ildonne un coup de main aux travaux de la ferme (car les hommes sont absents). On prend soin de lui et de son bébé. Au passage, on le dépucelle. Mais la guerre étant, les morts s’alignent et le duo quitte précipitamment le village à feu et à sang.
A l’approche d’une grande ville, Stjepan et Skoda sont pris en stop par un brave type qui conduit un camion de lait. Mais une attaque aérienne survient....et puis, ça finit d’une certaine façon.
C’est un livre merveilleusement poétique dans lequel, avec une grande économie de moyen, l’auteur nous narre la cruauté de la guerre et les moments de douceur et d’humanité profonde propres aux périodes tragiques.
lecture : début janvier 2012
Buchet-Chastel, 110 pages
année de parution : 2011
note : 4.5/5