Au début des années 80, mon père qui jusque là utilisait un vieux tourne disque qui se refermait façon valise acheta un radio cassette qui faisait également magnétophone. Il y avait un micro et une bandoulière et ça ressemblait un peu à du matériel de journaliste. Cet objet me fascinait de par sa fonction enregistrement et puis évidemment parce que nous n’avions plus besoin du gros tourne disque pour écouter de la musique. Nous étions abonnés à France Loisirs et mon père y achetait des cassettes de chanteurs français (Sardou, Moustaki, Brel etc). Il y a juste une exception à la règle : un best of d’Abba.
Si mes souvenirs sont bons, cette cassette est arrivée courant 1982, c’est à dire juste après la séparation du groupe. Personnellement, je ne le connaissais pas. Il n’y avait pas de radio fm à l’époque ou alors elle était balbutiante. Avec ma soeur, on n’a pas mis longtemps à adopter ce groupe. Ma préférée était gimme gimme gimme avec son intro démentielle.
Avec le recul, je me dis que cette compil était vraiment bizarre, avec des titres qu’on ne trouve plus dans les best of d’Abba aujourd’hui. Je pense que la séparation étant toute récente, il manquait à la maison de disque le recul des années pour bien identifier les chansons marquantes. Je me souviens de 2 titres en particulier : under attak et the day before you came. Ce qui m’a donné envie d’écrire cette note, c’est que je viens de redécouvrir cette dernière, et je la trouve magnifique. Et je me rappelle que lorsque j’écoutais le best of en question, c’était celle que je trouvais la plus ennuyante. Cette chanson (dans laquelle Agnetha chante seule) est une ballade dans laquelle une femme raconte sa journée avant le retour de son amant (ou avant leur rencontre, je ne sais pas trop). C’est une journée comme les autres, qui suit sa routine. Sa vie est normale, sans temps mort mais le texte et la musique langoureuse laissent entendre qu’il manque une étincelle dans sa vie. Le jour avant que tu viennes était un jour comme les autres, ni plaisant, ni déplaisant. Il attendait jusque que tu arrives.
Ce qu’il y a d’incroyable avec abba, c’est qu’en plus de mélodies imparables, les textes n’étaient pas vides de sens. Je m’en rends compte de plus en plus (parce que je me suis remis à écouter ce groupe en allant au taf). Ce groupe était vraiment touché par la grâce.
Commentaires
En ce jour de neige, je ne reste pas insensible à ta note sur abba, un groupe qui a marqué notre enfance, donc intouchable. En allant au taf, je zappe sur la fm et très souvent il y a abba, Super trouper, The winner takes it all, Fernando, les plus récurrentes ; parfois, je laisse, d'autres fois non, car je n'ai pas la tête assez disponible pour me replonger dans le passé, et là, je me dis toujours que le soir même, en sirotant un verre de vin, je sortirai mon cd, et puis j'oublie ou plutôt, ma tête n'est pas encore disponible pour faire resurgir les seules émotions vraies qui comptent, celles de l'enfance...(Après, il faut le plus souvent recourir aux paradis artificiels pour attendre des moments de grâce).
N'empêche, ça m'a fait un drôle d'effet de réentendre cette chanson qui effectivement n'apparaît pas sur ma compil. Je l'avais complètement sortie de ma mémoire. Elle est sublime. Moi, une de mes préférées, c'est One of us, découverte il y a 20 ans, bien après l'engouement premier.
Abba, c'est la cuisine de notre enfance sur fond de disputes des parents, c'est la petite soeur anorexique qui ne mange que si on met abba...Abba, c'est les jours où le car ne passe pas, c'est l'enfance malheureuse qui sait que le bonheur existe, qui sait tout le prix des bonheurs simples, qui sait se les octroyer. Merci donc !
Abba, c'est Waterloo, je suis en 6ème dans un lycée de Provence éclaboussé de soleil, et ce premier titre soulève un engouement que ne démentiront jamais les titres suivants. Une époque formidable pour moi.
La cassette d'Abba, c'est celle qui tourne en boucle dans l'autoradio de la R15 de celui qui va devenir mon mari. Super Trouper, dix ans après Waterloo. Une tout autre époque qui commence pour moi. Finalement, Abba et moi, c'est tout une histoire, de longues années au fil de leurs succès.