Seul ce weekend, je n’ai parlé à personne (si ce n’est à une caissière). J’ai passé mon temps à dormir, errer, lire et jardiner. Hier après-midi, j’ai installé des pas japonais et le chat courrait après les feuilles mortes que les bourrasques faisaient voler. En soirée, le vent est tombé mais la pluie est repartie de plus belle. Elle n’a cessé de tomber de la nuit et j'étais heureux sous la mansarde à entendre son champ régulier. Ce matin, je me suis réveillé très tôt et comme je me voyais mal me rendormir, je me suis dit que je regarderais bien un vieux film (j’ai passé ma soirée de samedi à foutre tous films en dvd sur mon tout nouveau disque dur externe sur lequel il y a tant de place qu’une vie ne peut suffire à le remplir). J’ai effectivement commencé à visionner un film d’Antonioni mais je me suis vite rendormi. Au réveil, il faisait jour, je suis sorti, le temps était calme et j’ai fait un tour de jardin. J’étais fier de mes pas japonais que j’ai enjambés plusieurs fois (je vois déjà Chloé se les faire à cloche pied..). Il est de moments où l’on se sent en osmose avec les éléments. Toutes ces couleurs automnales, cette douceur, le bruit d’une tronçonneuse au loin, les vapeurs qui se dégagent de la forêt...heureux celui qui sait profiter des saisons, saisir l’éternité dans chaque instant..Je suis rentré, ai fait un café...avec le changement d’heure, la matinée n”en finit pas..
Je me complais assez dans la solitude parce que je sais qu’elle est provisoire, parce que je sais que ce soir, je vais retrouver ma compagne et mes filles. Sinon, je pense qu’elle me serait insupportable.
iI est 18:30, il fait déjà nuit. Je viens de terminer un roman. J’ai allumé un feu. Direction gare d’Auray. adieu ma solitude !
vie de famille - Page 2
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tant d'automne
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histoires de grand-mères
La grand-mère de ma femme a vu défiler 99 printemps, autant d’automne et donc, avec un peu d’avance, je me permets de dire qu’elle est centenaire. Elle vit seule dans un petit bourg du Cotentin depuis que son mari a rendu l’âme il y a presque dix ans. On va la voir à peu près deux fois par an. C’est toujours le même cérémonial. D’abord Prisca l’appelle pour l’avertir de notre venue (à cet âge-là, les gens n’aiment pas être pris au dépourvu). On arrive, on se gare, on distingue déjà sa silhouette à la porte. Elle s’aide d’une canne (mais ne porte pas de lunettes!).
On se dit bonjour, on rentre, on s’installe dans un salon d’où on distingue au loin un bras de mer. Elle nous sert des gâteaux ou des crèmes qu’elle a préparé et l’on boit des sortes de liqueurs sucrées. On discute alors, il faut parler fort. Pendant ce temps, les filles s’amusent, se roulent par terre et leur arrière-grand-mère les regarde avec beaucoup d’affection. Personnellement, j’essaie toujours de l’interroger sur ce qu’elle a vécu, comme les lendemains de la guerre 14-18 (elle se rappelle être allé en calèche en 1918 voir son père hospitalisé à Paris suite à une blessure de guerre). La dernière fois qu’on y ait allé, elle m’a prêté un livre. “née comme ça” de Denise Legrix. Dans ce livre, l’auteur raconte comment elle a vécu sans jambes et sans bras. Ce n’est pas mon genre de lecture, mais là, je me sens un peu obligé. On va sûrement retourner la voir autour de noël, et connaissant la grand-mère, il y a de grandes chances qu’elle me demande si je l’ai lu. Hasard de l’histoire, quelques jours après la visite, j’apprends à la radio le décès de Denise Legrix dont je ne savais pas l’existence avant que mémé en parle. Pour l’anecdote, la dame est morte a 100ans. (le tableau en illustration est d’elle ; peint avec la bouche).
Le même jour qu’elle me prêta ce livre, l’idée lui vient de nous offrir un tableau accroché dans l’une des chambres jadis occupées par un de ses enfants (elle en a eu 5 dont le père de Prisca). Pour la première fois, je monte à l’étage pour voir ce tableau. Incroyable : trois des chambres de l’étage ne sont plus utilisées depuis au moins trente ans, voire plus. La déco est restée telle quelle ! Véritable voyage dans le temps ! ..quant au tableau, il n’a aucun intérêt et son cadre est horrible. On n’a pas osé le lui dire et on lui répondu hyprocritement “on va réfléchir”.
La grand-mère dispose d’un jardin qu’elle ne peut plus entretenir. Un voisin le fait pour elle. Par contre, il y a une chose qu’elle fait tous les jours et ce depuis le décès de son mari : le relevé des températures minimum et maximum. Tout est compilé dans des cahiers. Si vous voulez savoir quel temps il a fait en Normandie le 18 octobre 1964 ou le 21 février 1983, prenez contact avec la grand-mère !Ma grand-mère aussi est toujours en vie..Elle a 88 ans (très jeune à comparé) et est atteinte de la maladie d'alzheimer. Elle vit dans une maison spécialisée dans le centre-Bretagne. Je m'en veux de ne pas aller la voir. Je m'en voudrais encore plus lorsque j'apprendrai son décès (alors il faut..pour les fêtes de noël, c'est promis).. Il y a quelques années, l'idée lui avait piqué d'écrire ses mémoires. Et c'est ce qu'elle a fait dans un cahier d'écolier. J'ai lu quelques phrases et je dois dire que j'ai été agréablement surpris. Chez cette ancienne paysanne, un peu rustre et dévote, sommeille une femme qui s'est posé un tas de questions sur le monde, sur les hommes, sur le progrès...
Nos grand-mères sont épatantes !
Loïc, 11:55
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Il est 00:07. Je suis fatigué. Grosse journée au boulot et puis ce soir réunion de parents...
Il est 00:07. Je suis fatigué. Grosse journée au boulot et puis ce soir réunion de parents d’élèves à l’école. Elles sont toujours usantes pour moi ces réunions tant je m’y sens mal à l’aise. Je vois les autres parents qui sympatisent, discutent entre eux et moi, je suis dans mon coin, les yeux rivés sur la pendule attendant que tout ça finisse. Je me dis alors que finalement les années passent et rien ne change. Lorsque j’étais écolier, j’étais dans mon coin et j’enviais les autres si à l’aise dans leurs baskets. 30ans plus tard, même combat..et le pire évidemment, c’est que mes filles vont se comporter de la sorte.
Sinon, ce soir, en rentrant du taf je constate qu’en lieu et place de la Mégane de Prisca, est garée une twingo immatriculée dans le 29. Prisca m’annonce très vite que, pour ainsi dire, le moteur de la Mégane est cassé. La tuile. S’il y a une chose qu’on avait pas envie de faire en ce moment, c’est bien d’acheter une bagnole. Il va falloir pourtant. Merde.
Et donc, je rentre du boulot, Prisca m’apprend ça et la réunion à l’école à lieu a 20:00. Je décide que j’en besoin de prendre l’air et en profite pour aller planter les quelques plants achetés aux botaniques de Ploemeur dimanche dernier. 3 hostas et.....
..un bambou...Il s’agit cette fois d’un fargesia jiuzhaigou. C’est la 13ème espèce de bambou à rentrer dans notre propriété (répartis en une vingtaine de plants). C’est un cespiteux et comme il aime l’ombre, nous avons décidé de le planter côté nord près de la porte d’entrée.
Alors je vous parlais des hostas..sacrés plantes ça aussi qu’on dirait sorties tout droit de Jurassic Park. Aux botaniques de Ploemeur, nous avons discuté avec un couple de collectionneurs d’hostas et nous leur en avons achetés 3. Je les ai plantés ce soir également pas loin du jiuzhaigou. Au pied de tout ça, j’ai rajouté du compost maison.
C’est un peu fouilli ce que je raconte non ? Tant pis, j’oblige personne à lire.
Depuis trois jours, nous n’avons plus de téléphone. Le combiné affiche désespérément hors portée. Je me suis donc décidé à appeler orange (avec mon portable) hier soir et je ne voudrais par rajouter une anecdote de plus à toutes celles existantes sur l’incompétence des hotlines mais sachez que cette heure et demi qu’a duré la conversation fut proprement ubuesque. Je n’ai obtenu aucune réponse cerise sur la gâteau, j’y ai bouffé tout mon forfait SFR.
Mais à la limite, tout cela est matériel et ne vaut pas qu’on s’emporte. Le plus important, comme on dit, c’est la santé. Et Prisca qui a après avoir subi une chimiothérapie douloureuse, une radiothérapie usante est embarquée dans une nouvelle étape (injection de zometa) qui est en train de lui foutre le moral et le physique dans les chaussettes.
Alors, on peut comprendre qu’avec cette saloperie de maladie comme environnement, on ne demande qu’une chose : qu’au moins les objets soient compatissants et qu’ils nous foutent la paix. -
la poésie rentre dans la maison
Je ne parle pas assez de poésie sur l’espèce de blog. C’est un fait que j’en lis très peu en ce moment. Mais je ne pars jamais en voyage ou en weekend sans un recueil dans mes bagages. J’ai besoin de savoir que j’ai de la poésie à portée de main.
Mais depuis que Chloé sait lire et écrire, c’est grâce à elle que la poésie est présente dans la maison. Tous les parents connaissent ça. J’aime l’idée que l’on donne encore des poèmes à apprendre à nos chères têtes blondes (je déteste cette expression mais concernant Chloé, c'est vrai..elle m'est chère et elle est blonde -). J’aime entendre Chloé réciter sa poésie car, et pour ça je suis fière d’elle, elle ne récite pas bêtement sans comprendre, elle vit le texte. Elle pose des questions sur le sens. Ça me plait beaucoup..et maman lui fait réciter n’importe où, n’importe quand, dans le bain, en voiture, en cuisine ou avant le dernier bisou du soir.
Pour demain, Chloé (qui est en CE2 à l’école publique des lutins) doit savoir ce poème de Pierre Gamarra intitulé mon cartable.
Mon cartable a mille odeurs,
Mon cartable sent la pomme,
Le livre, l'encre et la gomme
Et les crayons de couleurs.
Mon cartable sent l'orange,
Le bison et le nougat,
Il sent tout ce que l'on mange
Et ce qu'on ne mange pas.
La figue, la mandarine,
Le papier d'argent ou d'or,
Et la coquille marine,
Les bateaux sortant du port
Les cow-boys et les noisettes,
La craie et le caramel,
Les confettis de la fête,
Les billes remplies de ciel.
Les longs cheveux de ma mère
Et les joues de mon papa,
Les matins dans la lumière,
La rose et le chocolat.