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cinéma - Page 3

  • le cinéma, c'est pas bien.

    00d45aa9637a49cd3047a0d9d58dfb5f.jpgBon sang que j'aime pas le cinéma. J'aime pu. J'aime pas me dire 'voilà, pendant deux heures, tu vas te taper un film. ça va te raconter une histoire, tu vas voir un décor, des acteurs, des ambiances. On va te mener dans une direction et tu devras t'y tenir.'. Regarder un film, ça te gache deux heures dans la soirée pour rien. Tu as une journée de boulot dans les pattes et il faut encore que tu t'imposes deux heures d'ennui. Même les bons films sont ennuyeux quand on ne veut pas de cinéma.

    'alors, t'es allé au cinéma ces temps-ci ?'. - Ah non et ça risque pas, le cinéma c'est trop nul. En plus, la salle la plus proche est à une demi-heure de route. ça fait une heure en tout de perdu dans les transports, un quart d'heure d'attente et de publicité avant le film et comble de l'ennui, le film. C'est nul les films, ça ne laisse aucune place à l'imagination. ça dit tout au lieu de suggérer. Un bon livre, au moins, tu te construis ton propre décor, des visages. Et puis, tu vas au fond de la conscience des personnages. Dans les films, ça n'est qu'effleuré. On n'y peut rien, c'est comme ça. C'est le principe même du cinéma que de tout dévoiler ce qui est superficiel et de laisser de côté ce qui est essentiel.

    Un livre, tu l'ouvres, tu le fermes, tu fais ce que tu veux, tu le lis à ton rythme. Alors qu'un film, quand il a démarré, il faut le voir jusqu'au bout. ça commence, il est 21H00..ah, on ne retrouvera la vie libre qu'à 23 ! deux heures derrière les barreaux. beurk

    Ce qui est bien, c'est de ne rien faire, or regarder un film, c'est donner tout son esprit au film.

    8548eaadc5e7709c5152a9f15f1f142f.jpgTout à l'heure, j'ai regardé l'emploi du temps de Laurent Cantet... en faisant autre chose. Je bouquinais, surfais, buvait du café et j'entendais vaguement les dialogues du film, et même de temps en temps, dans quelque moment d'égarement, il m'est arrivé d'en voir des passages. Ce film avait l'air très bien. Mais je stressais plus ou moins à l'idée que le type allait buter toute sa famille. Mais en fait, non. Le final est différent que l'histoire vraie dont il est tiré. ouf, j'étais content. Je me suis levé, j'ai bombé le torse, j'ai déboulé dans la pièce d'à côté en mimant le chimpanzé.  J'étais de bonne humeur, tiens..pour un film..mais vu dans ces conditions, je dis pas non, au contraire même, j'aime bien.

    Mais quand tu vas dans une salle de cinéma, tu ne peux rien faire d'autre que de mater le putain de film. Si, tu peux faire autre chose, mais à la base, c'est pas fait pour. Quand tu vas au cinéma, tu t'assieds dans les fauteuils confortables et tu ne fais que regarder le film. Tu laisses de côté tes talents créatifs et tu attends que ça se passe. Le cinéma, c'est pas le septième art, c'est pas un art...et pour les rares réalisateurs qui ressemblent à des artistes, toute leur énergie est mise dans les prouesses techniques, la recherche de lieux de tournages potables ou la construction de décors crédibles. Mais ça vous tue un artiste tout ça !!! Les choses de la vie de Claude Sautet aurait plus gagné en profondeur si l'équipe de tournage ne s'était pas emmerdé des jours et des jours à filmer un accident de bagnole, qui en plus, aujourd'hui s'avère mal fait.  De toute façon, y'avait pas besoin de nous montrer cet accident. Juste le mec au volant de sa caisse, un crissement de pneus (allez, si on veut quand même, pour faire la transition) et puis le mec à l'hôpital. Sans la scène de l'accident, on aurait gagné 10 minutes, 10 minutes qui auraient bien servis pour autre chose, genre approfondir les derniers instants de Paul avec sa femme. Mais non, même Claude Sautet, le plus psychologue de tous s'est senti obligé de tourner cette scène inutile..alors, je vous raconte pas les autres.

    Un bon film, ça peut se regarder..mais distraitement, comme on écoute la radio sur un chantier.

    'alors, t'es allé voir quoi comme film dernièrement' ?

    signé Loïc.

  • parlons de Pierrot (2)

    medium_ERNEST4.jpgDans les 3 mois qui ont suivis mon service militaire, j'ai été pris d'une soif de culture qui m'étonne encore aujourd'hui !!livres, musiques et surtout cinéma. C'est à cette époque (fin 97) que j'ai dévouvert le cinéma de Godard et notamment ses 3 chefs d'oeuvre (le mépris, à bout de souffle, Pierrot Le fou). Pierrot le fou reste pour moi une révélation et une révolution dans ma façon d'aborder le monde, la poétique des choses, le rapport à l'image et dans l'idée que les choses les plus inutiles et les plus anodines sont souvent les plus essentielles. Pierrot le fou est en ce sens un peu la transcription au cinéma de l'oeuvre de Rimbaud, pas littéralement bien sûr (encore que, quelques citations dans le film) mais pour beaucoup de choses autrement. Le dessinateur Pignon-Ernest (photo) ne s'y est pas trompé.

    La musique du film est envoutante bien que beaucoup moins célèbre que celle tout aussi géniale du mépris. J'actualise ici la radioblog avec un morceau de la bande son.

    J'ai horreur de tous les métiers. Maîtres et ouvriers, tous paysans, ignobles. La main à plume vaut la main à charrue. - Quel siècle à mains ! - Je n'aurai jamais ma main. Après, la domesticité mène trop loin. L'honnêteté de la mendicité me navre. Les criminels dégoûtent comme des châtrés : moi, je suis intact, et ça m'est égal. AR
  • parlons de Pierrot

    medium_209475-0.jpgJ'avais  connu au milieu des années 90 sur les bancs de la fac à Rennes un drôle de type qui s'appelait Ferdinand. Il m'impressionnait par son flegme, son aisance et sa décontraction. Il portait très souvent une chemise rouge avec une veste grise plutôt épaisse. On s'est vite lié d'amitié et je ne sais pas pourquoi puisqu'il n'y avait rien de très commun entre lui, rennais d'une trentaine d'année qui avait parralèlement un emploi dans la télévision et moi, tout jeune étudiant sorti des tréfonds de la campagne bretonne. Il me parlait peu de son boulot mais il en tirait de très bon salaires. On parlait surtout de poésie et de choses futiles en général. Un jour que j'arrivai chez lui à l'improviste, je le trouvai dans sa baignoire en train de lire un livre qui s'avérait être 'l'histoire de l'art' de Elie Faure. C'est à partir de ce jour que je devins fan de la prose d'Elie Faure.

    Ferdinand était vraiment un type qui m'épatait et j'enviais sa vie romanesque et de bohème. Surtout que la deuxième année, il m'apprit coup sur coup qu'il avait perdu son emploi à la télé mais que de toute façon il n'avait plus besoin de bosser car il était tombé amoureux d'une italienne richissime installée à Rennes. Et lorsque nous discutions de choses et d'autres, il avouait sans états d'âme qu'il n'avait plus besoin d'étudier ni de travailler car sa compagne (que je n'ai jamais rencontré à était riche). Quelques mois plus tard, alors que nous nous étions donné rendez-vous dans un club, il ne vint pas. Le lendemain, soucieux de savoir pourquoi mon ami n'était pas venu, je me risquai à téléphoner chez lui et une femme à l'accent italien me répondit en pleurant qu'il était parti avec la baby-sitter de ses enfants (car elle avait des enfants). Je ne fus pas surpris par cette fuite en avant de Ferdinand car il fonctionnait beaucoup à l'instinct et aux sentiments. Il ne mettait aucune limite à son désir de liberté.

    Je n'eus plus de nouvelles de lui si ce n'est par les journaux car les deux tourtereaux en vadrouille dans le sud de la France ne semèrent derrière eux que cadavres et incompréhensions. Ils étaient traqués par la police et sans que je ne susse pourquoi, Ferdinand se fit appeler Pierrot par la presse alors que la 'baby sitter' s'appelait Marianne.

    Je ne vous raconte pas tout ça par hasard. Je viens d'apprendre qu'il s'est donné la mort dans l'île de Porquerolle. Et connaissant le personnage, je n'ai pas été surpris par la raison de cet acte ni par la méthode. Alors que les flics les encerclaient, il a tiré par erreur un coup de révolver sur Marianne qui fut tuée sur le coup. Ferdinand alias Pierrot, fou de désespoir se fit exploser le crâne par une vingtaine de batons de dynamites reliés entre eux.

    Pierrot a toujours été jusqu'au bout de ses idées.

  • les choses de la vie

    medium_cesar.jpgTout à l'heure en écoutant quelques mélodies de Philippe Sarde, compositeur attitré de Claude Sautet, je me suis dit bien des choses...mais je ne vous les dirais pas, c'est mon jardin secret et c'est mon droit aussi de dire que je n'ai rien envie de dire.

    Sautet ? j'ai découvert son cinéme fin 1997. Je quittais Saint-Cyr (????) et j'avais plus ou moins inconsciemment décidé de glander un peu. J'allais me ballader en bord de mer pour voir la tempête et j'allais souvent aussi à la médiathèque de Lorient où en 2 mois je dévalisai les lieux de tous les chefs d'oeuvre du cinéma français. Avec le recul, 3 réalisateurs comptent toujours pour moi, Jean-luc Godard (j'ai pris une claque en regardant Pierrot le Fou que je considère toujours comme le pendant au cinéma des illuminations de Rimbaud), Jacques Demy (féérique) et surtout finalement Claude Sautet....que de dire de Sautet. En a t-on trop dit ou au contraire en-a-t-on rien dit. Longtemps, on s'est moqué de son cinéma pour petits bourgeois quadragénaires en quête de sens, d'amour et surtout d'amitié. Sautet ne serait que le documentaliste des années Giscard...il y a de ça mais pas que, et en tout cas, ce n'est pas ce que je retiens. Les films de Sautet sont avant tout des films d'ambiance, des films à 'climat' avant d'être des histoires (bien que les scnérarios étaient hyper bien préparés). 3 personnes discutent dans une brasserie parisienne, il pleut des cordes dehors, les garçons de café s'agitent et la salle est enfumée (quasiment tout le monde fume dans un film de Sautet). On discute sans en dire trop, tout est dans le regard, le geste et dans une courte formule. On se donne des conseils, on se rassure, on s'entraide puis on se quitte pour retrouver sa petite vie pas si bien rangée.

    Sautet s'est entouré des plus grands (Michel Piccoli*, Romy, Serge Reggiani, Lino Ventura, Michel Serrault... ) et leur laissait en général une liberté de ton assez grande et c'est d'ailleurs ce qui fit le succès de ses films : l'impression que tout est naturel, que tout coule comme un fleuve limpide. et l'excellente musique (pourtant discrète...mais si mélodieuse ) de Sarde arrive au bon moment pour confirmer une impression et donner une unité de ton.

    J'adore définitivement le cinéma de Sautet. Il me parle et je crois même qu'inconsciemment il a influencé ma façon d'être, de me comporter par rapport aux autres. Il m'arrive d'ailleurs de revisionner un court passage précis pour étudier de près une attitude, une façon de faire son chignon, un ton de voix etc. Mes deux péférés sont Vincent, François, Paul et les autres et Nelly et Monsieur Arnaud mais je les aime tous (avec une mention spéciale pour le tout premier film 'classe tous risques' qui fut un échec mais que j'adore pour son côté mi-ascenseur pour l'échafaud mi-Pierrot le fou.)

    * Piccoli a quand même joué pour les 3 grands réalisateurs sus-nommés à savoir Godard, Demy et Sautet....la classe.