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  • retour à Brocéliande

    J’ai découvert la forêt de Brocéliande lorsque j’étais étudiant à Rennes au début des années 90. A cette époque, il n’y avait pas encore de voie express au niveau de la forêt alors, il fallait la traverser dans quasiment toute sa longueur.
    Un vendredi soir, en rentrant de Rennes et pas fatigué d’une semaine où je n’avais sans doute encore rien foutu (comme tout le long de mes deux ans à Rennes), je me suis enfin arrêté pour voir. J’ai découvert ce soir-là le val sans retour et la chapelle de Tréhorenteuc qu’un type qui passait par là me fit visiter.
    Par la suite, je m’y suis souvent arrêté. J’ai lu quelques bouquins sur la question dont deux m’ont marqués et qu’il faut lire en priorité pour entrer dans la légende :
    - l’enchanteur, de Barjavel
    - Brocéliande et l’énigme de Graal, de Jean Markale. (il faut éviter par ailleurs la série le cycle du Graal, mal écrite et longuette).

    Mais je reviens sur la forêt que je traversais étudiant et même enfant (puisque nous avions de la famille en Ile et Vilaine). Un lieu en particulier me fascinait : le lieu-lit les forges avec son restaurant sorti de nulle-part, situé au bord de la route et en face d’un lac. Je m’étais fait un film sur ce restaurant (qui s’appelle les forges de Paimpont) et m’imaginais des choses tout à fait incroyables se passant à l’intérieur.
    Mais aujourd’hui, malgré ma connaissance approfondie de la forêt (au point que je servis un peu de guide lors d’un weekend mémorable avec des amis et 1992...93, je ne saurais dire), je n’y ai encore jamais mis les pieds...et ce restaurant existe toujours et n’a pas changé...il est sans doute juste un peu plus tranquille et isolé qu’avant depuis que la voie express permet le contournement de la forêt.
    Et bien, je vais diner ce soir dans ce restaurant mythique, lieu de tous mes fantasmes d'adolescent...Nous partons en effet tous les deux pour un court séjour à Brocéliande. Nous avons loué un hôtel à Beignon qui a l’air sympa comme tout et donc, on va en deux jours tenter de voir l’essentiel : le val sans retour, le chateau de Comper, son musée et son lac, l’abbaye de Paimpont...et plus si on peut... ce séjour spirituel se finira par une visite à l’ikea de Rennes -))
    Je vais essayer de prendre un maximum de photos avec mon pentax X90 qui ne me quitte plus.
    A plus tard !

     

    forges-de-paimpont-01-2.jpg


  • la figure de Beauchamp (vestiaire de l'enfance, Patrick Modiano).

    Beauchamp entre en scène à la page 99 d’un roman qui en compte 144. Et encore, il ne rentre pas vraiment en scène puisqu’il s’agit d’un type évoluant lors de la période parisienne du narrateur, c’est à dire vingt ans avant l’action du roman. Le narrateur, Jean, essaie de se rapprocher de Rose-Marie, une actrice de théâtre de second plan et pour y parvenir,il s’occupe de la fille de Rose-Marie, la petite. Il s’occupe d’elle notamment le soir lorsque sa mère joue au Gavarni. Mais un soir, elle lui fait comprendre qu’un type appelé Beauchamp vient régulièrement la voir. Beauchamp offre à Rose-Marie des bouquets de fleurs ainsi que des bijoux très chers dont elle n’a que faire. On ne connait pas vraiment la nature de la relation entre Beauchamp et Rose-Marie. Lui, semble attiré par elle mais ce n’est pas réciproque. Rose-Marie est un peu déjantée alors que Beauchamp est du genre un peu guindé.
    p101 : J’imaginais mal Beauchamp montant l’escalier raide, dans ses costumes gris à la coupe impeccable, et se retrouvant au milieu du désordre de la chambre (de Rose-Marie qui loue une chambre non loin du théâtre où elle travaille ndlr).
    Beauchamp disparait du tableau p136. Le narrateur voir pour la dernière fois Rose-Marie et la petite.  Beauchamp est de la partie. On se balade et cela finit dans un obscur café situé dans le bois de Vincennes. Rose-Marie n’est plus là. Beauchamp prend une fine, le narrateur un jus d’orange et la petite, une grenadine.  Et puis, c’est fini, Beauchamp disparait
    p136 : Et il disparait pour toujours. J’aurais envie de m’attarder encore sur lui. Il avait gardé du charme, malgré sa déchéance. Il avait connu une période plus brillante d’après le peu que je savais de lui. Il me faisait penser à mon père et aux amis de mon père : mêmes gestes, même voix, mêmes cheveux noir aile-de-corbeau plaqués en arrière, même désinvolture, même expédients, même vie incertaine...

    On n’en sera pas plus. Beauchamp est l’archétype du personnage modianesque, une ombre évoluant dans un passé lointain et incertain, un type banal venant d’on ne sait où et cherchant on ne sait trop quoi (vie incertaine) mais qui compte quand même pour le narrateur pour avoir eu le même  intérêt pour une même femme..sans d’ailleurs que celà soit de l'amour..(chez Modiano, il y a plus de fascination que d'amour entre les êtres)

    Beauchamp est une ombre...et d’ailleurs quand on tape Beauchamp vestiaire de l’enfance sur google, il n’y a comme seule réponse que ce blog. Je suis le seul humain qui s’intéresse à cet obscure personnage de fiction portant le nom de Beauchamp. Il y a de fortes chances que Patrick Modiano lui même l’ait oublié.
    Même cette étude (très intéressante d’ailleurs n’en fait pas mention).
    Beauchamp...Beauchamp, Beauchamp.

  • CR209 : vestiaire de l'enfance - Patrick Modiano

    VestiaireEnfance.jpgRestant sur une déception (le grand sommeil de Raymond Chandler que je n’ai pas réussi à finir), il me fallait une valeur sûre, un auteur dont je savais qu’il ne pourrait me décevoir et Patrick Modiano s’est imposé à moi.
    Vestiaire de l’enfance, paru en 1989 est un roman dans la plus pure tradition de ce que sait faire Modiano..la différence ici est que l’action se situe à Tanger au Maroc au lieu de Paris...mais Paris est quand même présent à travers le souvenir du narrateur, un artiste expatrié qui écrit des feuilletons pour une radio qui s’appelle radio-mundial, radio qui émet dans toutes les langues. Dans ce Tanger triste (et jamais nommé) et désert où tout respire le vide et le désoeuvrement, le narrateur (qui se fait appeler Jimmy Sarano), fait la connaissance de Marie, une expatriée également, qui cherche du boulot après avoir été remercié de son précédent emploi où elle faisait de la dactylographie (mais un peu trop lentement selon la patronne). Cette Marie fait remonter des souvenirs au narrateur du temps où il habitait Paris et qu’il s’était lié d’amitié avec la fille d’une certaine Rose-Marie, une actrice de théâtre. Il se demande implicitement si Marie n’est pas cette “petite”.
    Beaucoup de personnages de second plan gravitent autour de cette histoire, des gens un peu bizarres, voire intrigants...comme ce type qui suit partout le narrateur et qui conscrit dans un carnet ses moindres faits et gestes, et ce avec son assentiment. Il y aussi ses collègues de boulot, tous des expatriés n’évoquant jamais leur passé. Il y aussi des gens qui côtoyaient Rose-Marie vingt ans plus tôt à Paris comme par exemple Beauchamp et Dé Magdebourg mais je ne vais pas trop insisté là-dessus, sauf si l'un de mes trois  lecteurs me le réclament mais ça m’étonnerait.
    Vestiaire de l’enfance est un bon Modiano, sec, vide  et ensoleillé comme les rues de Tanger pendant les chaudes heures de la journée.

    lecture du 29.06 au 03.07.2011
    le grand livre du mois, 144 pages
    note : 4/5