Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Tentative d'écriture d'un poème surréaliste.

Canicule, 

Je viens juste de ne pas me réveiller. Du balcon mouvant, je vois des gens qui montent la rue à reculons éjectant des poussettes en papier. Les pierres des murs ne parlent pas, n’en déplaise à Guillevic, mais elles sont moites et ont si chaud qu’on pourrait les modeler pour en faire des poupées en bois.

Sur les toits qui s’effondrent avec panache, des armées de volatiles forment des bataillons avant de se lancer sur les bipèdes venus de Skagen et de Kungsbacka.

L’église romane dont on voit une excroissance défier les falaises se transforme en une espèce d’immense bidet magnifique ce qui ne provoque pas l’étonnement de tous ces idiots scandinaves qui marchent désormais en avant mais à quatre pattes.

A Balazuc, quand il fait chaud, c’est ainsi que ça se passe...ou pas.

 

Loïc, le 08.07.2017, Balazuc.

DSCN4015.JPG

Commentaires

  • Loïc,

    Le genre surréaliste (et donc ton poème) ne convient à mon esprit étriqué de petit scientifique, qui a besoin de rationalité, d'images certes, mais plus naturelles, comme Ponge ou Renard. Je ne comprends rien à Césaire que j'ai essayé de lire, je ne connais pas les autres poètes surréalistes. J'ai bien lu Nadja, mais sans y trouver l'intérêt révolutionnaire qu'il est censé véhiculer. Si, Rozenn me reprend, j'aime le délire enfantin de Prévert, mais fondamentalement ne m'émeut que ce que j'appréhende, maîtrise. Typique d'un tempérament obsessionnel...

  • Je ne pas suis si sûr que tu sois aussi cartésien que tu l'affirmes (encore que) mais je commence à te connaître et je devinais que ce "poème" te lasserait de marbre.
    Du coup, je ne sais pas du tout ce qu'il vaut. Est-ce que Breton, Soupault et autres poètes faisant dans le surréalisme furent des usurpateurs tant il est facile d'écrire quand on se permet d'écrire n'importe quoi ? Je pense aussi à Rimbaud et ses 'illuminations'. Je me demande si ce n'est pas une escroquerie (encore qu'il n'a jamais souhaité que ce soit publié).
    C'est si facile d'écrire n'importe quoi quand on a aucune contrainte prosodique, physique et sociale.

    J'attends l'une de tes anciennes ou futures productions pour alimenter ce blog agonisant. Je me ferais un plaisir d'en faire une critique en bonne et due forme -)

  • Bonjour Loïc,

    Pourquoi un texte personnel, égocentré comme La promesse de l'aube a-t-il connu un succès mondial? Et Vipère au poing? Et..... Je pense que son enfance se trouve un monde. Que l'on veut fouiller ou pas. Que l'on exprime ou pas. Voilà deux textes: sur le père, sur la mère. A toi de dire si l'intérêt dépasse le personnel.

    Gambetti

    Lorsque je passe sur le quai logistique, après quelques cafés, alors que les palettes de poissons surgelés passent, se chargent et se déchargent ; quand les contrôles s'enchaînent avec logique, quand les gestes trouvent naturellement leurs places, comme les pièces idoines d'un puzzle, une sorte d'emphase, un lyrisme me prend. Alors, c'est bien moi qui siffle « Summertime », mais c'est une réminiscence de mon père qui s'accompagnait ainsi au piano, sur la mezzanine du salon. Etait-ce alors l'été de sa vie ? Ou alors comme tout, c'était plus compliqué ; comme cet air triste finalement, avec des paroles optimistes.
    Des temps meilleurs sont arrivés, et je les siffle à ta manière, en ton honneur. Dans les entrepôts frigorifiques, hantés de fantômes capitonnés, j'entretiens ce dernier lien sonore, cet air simple, infiniment modulé de variations.
    Et je les siffle en orchestrant mes journées frénétiques. Comme toi qui avais besoin de construire. Tout le temps. Soir et week-end. Toi qui transformas en vingt cinq ans une bergerie en mas provençal avec dépendances. Toi qui entretenais un hectare de terrain. Toi qui me traitais de cossard, me disais que j'aurais pu faire polytechnique. J'ai finalement, vingt ans après, pris le même chemin productiviste que toi. Pour quoi ? Pour qui ? A qui ai-je à prouver ma valeur, sinon toi ? Et toi, à ton époque, était-ce la même impérieuse et muette obligation d'être à la hauteur des attentes du père? Et ces attentes étaient-elles atteignables ?
    Le père semble être celui qui a le pas suffisamment sûr. Celui qui a assez voyagé dans ses émotions pour supporter le tremblement des générations.

    /

    Notre propriété de Roquevaire se termine par un mur de pierres sèches, une restanque, comme on l'appelle couramment en provençal. Si l'on suit la déclivité du terrain, l'ouvrage prend de la hauteur, mais, soudain, il bute sur un banc de calcaire qui transperce terre et végétation et occupe tout le fond du vallon. Cette roche est fendue à sa base, et, de cette fente suinte un mince mais continu filet d'eau pure, transparente. Une eau qui étincelle parmi les herbes brûlées alentour et qui alimente un gourd, une vasque naturelle, immobile, ceinte de calcaire gris. Ce qui choque, c'est que la végétation avoisinante n'a pas connaissance de cette exception. Autour, tout est sec.
    Lorsqu'on plonge ses yeux dans cette épaisseur de pur, s'agite une multitude de gammares. Parfois, si l'on soulève une pierre, une sangsue se contorsionne, signe de ponctuation dérangé dans son repaire. Mais, ce qui finit par attirer l'attention, dans ces quelques vingt mètres carrés, dans ce lac miniature, ce sont ces traînées de fine poussière beige, qui, si on les suit du regard, nous amènent à détecter de petits fuseaux posés sur leurs nageoires. Des poissons ! De petits chevaines qui m'observent du plus loin que le cirque d'eau le permet. Ils sont la preuve que la vie existe, ici, en continu ! Et si l'on regarde attentivement plus bas, il y a bien ce même ru qui repart entre les pierres et dévale vers le village loin, en contrebas.
    Ce rêve est récurrent ces derniers temps. Pourtant, il n'y a jamais eu de source chez nous. Tout juste un flot de boue qui, lors des pluies méditerranéennes d'automne, emprunte le chemin de moindre pente trois ou quatre jours par an.
    Une nouvelle vérité sur ma mère se trouve dans cette vision onirique, je le sais. C'est comme si ce climat de relations arides, théâtre de brèves et violentes explications pluvieuses, avait jusque là interdit de remarquer une constance, une présence. Muette et pure.

Écrire un commentaire

Optionnel