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  • CR258 : en finir avec Eddy Bellegueule - Edouard Louis

    61iqPu8uT-L._SL1464_.jpgCeci est une histoire vraie. Le type s’appelle Eddy Bellegueule, ça commence déjà mal pour lui. Il voit le jour dans le nord de la France (je ne dis pas  'décidément') et habite dans une maison en briques rouges. Son père est un ouvrier alcoolique qui mate des films pornos même pas en cachette et sa mère est une femme au foyer qui s’occupe de ses nombreux enfants. Tout le monde se connaît dans le village et l’on n’ aime pas trop la différence. Le soir dans les maisons, TF1 règne, les hommes boivent et battent souvent leur femme pendant que les ados font de la mobylette et se retrouvent dans des hangars ou des abris bus pour boire de la bière. Tout le monde peste contre les arabes et les noirs (absents du village pourtant). Eddy grandit dans cet univers populaire et crasse. Très vite il se sent différent. Au grand désespoir de ses parents, il préfère faire du théâtre que de jouer au foot. Ses manières efféminées font jaser, on se moque de lui. Tête de turc au collège, Eddy se refuse à admettre son homosexualité alors il se force avec les filles mais ça ne marche pas. Son corps qu’il haït et tente d’amadouer ne désire décidément pas le sexe opposé. L’enfance et l’adolescence d’Eddy sont un vrai chemin de croix, une lutte contre lui-même et contre les préjugés.

    Voici un livre qui n’arrange rien aux clichés qu’on a sur la partie la plus septentrionale de notre pays. Mais c’est une charge aussi contre la bêtise, l’ignorance et l’intolérance qui existent dans une certaine classe sociale. Mais Eddy Bellegueule (qui a changé de patronyme entre temps) ne juge pas ni ne fait  dans l’analyse sociologique ou structuraliste. C’est un constat lucide et froid qui peut agacer car on se dit qu’il en fait trop et que désormais étudiant à l’Ecole Normale, il porte peut-être un regard condescendant et parisianiste sur ce que fut son enfance. Ceci dit, je ne doute nullement de sa sincérité. Servi par une écriture simple retranscrivant souvent la façon de parler et de patoyer du nord, en finir avec Eddy Bellegueule est un témoignage très fort, sans doute une nécessité pour son auteur. 

    Je n’ose imaginer la réaction de sa famille et de ses anciens voisins à la lecture de cette lourde charge. D’autres ont déjà donné (Pierre Jourde avec pays perdu). On comprendrait l’énervement. 

    lecture : février 2014, kindle, 4/5

  • le bambou bleu

    Bambou___Fargesi_4f4a116277cdd.jpgIl y a le bambou noir (phyllostachys nigra) dont j'ai souvent parlé ici et qui m'émerveille chaque année un peu plus mais il existe aussi un bambou bleu : le borinda papyrifera. C'est un bambou cespiteux ( c'est à dire très sage) que je connais depuis longtemps et sur lequel je fais une fixation depuis quelques jours (car je me suis mis en mode pré-printannier). J'ai un projet de construire une grande jardinière en parpaings dans l'angle droit de notre terrasse (qui se situe sous le niveau de la terre) afin de retenir la terre et aussi d'agrémenter cet endroit. Je n'y connais rien en montage d'un mur en parpaings mais je me renseigne beaucoup et bien que n'étant pas manuel, quand je désire quelque chose, et bien j'essaie de le faire soigneusement. Dans le cas de notre mur, ça ne devrait pas être sorcier, il n'y aura que trois niveaux de parpaings. Et donc, la jardinière sera en L. On habillera ensuite les parpaings. Mais revenons au sujet. Dans cette jardinière, je souhaite planter un borinda pypyrifera (entre autres). Le problème est que c'est un bambou très rare. Je le trouve en vente sur la toile que sous la forme de graines mais je n'achète jamais de graines. C'est trop aléatoire. 

    Ce bambou ne résiste pas aux grands froids et donc convient parfaitement à la Bretagne où les températures ne descendent jamais très bas.

    Le borinda papyrifera est un bambou très rare donc onéreux. Il est au catalogue du chatel des vivaces (mais épuisé) pour 68€ le pot de 10L. 

    Je vais tout faire pour l'acquérir et tiendrai informé les 2 lecteurs de ce blog. 

    Loïc LT

    * j'ai piqué la photo chez esprit bambou.

  • bambous vs Ulla

    Ce petit film que j'ai pris vendredi soir alors qu'une nouvelle tempête se levait montre à quel point les bambous assurent face au vent. Pour un peu, par moments, leurs cimes touchaient presque le sol. Ce bosquet est constitué de phillostachys nigra, de phyllostachys henonis et de phyllostachys vivax huangwenzhu (mais impossible évidemment de les distinguer ici) et est appelé à s'agrandir. 


     

  • CR : le bleu est une couleur chaude - Julie Maroh

    le bleu est une couleur chaude.jpgJ’ai remarqué que depuis que je ne lis que sur kindle, je suis, lorsque je me rends en librairie, de plus en plus attiré par les bandes dessinées, un genre dont jusque là je ne connaissais que les grands succès genre Tintin et Astérix. Je pense que par l’effet des vases communicants, le fait de ne plus acheter et tenir entre mes mains des livres en papier me procure un manque que je cherche à combler en me tournant vers ce qui est plus difficilement adaptable en numérique (en tout cas, pas sur ma liseuse qui dispose d’un trop petit écran, noir et blanc, qui plus est).

    C’est ainsi que samedi dernier, errant à la Fédération Nationale des AChats de Lorient, le rayon où je me suis le plus attardé était celui des bd, un rayon où comme d’habitude, deux ou trois jeunes étaient en train de lire affalés par terre. Ça ne me dérange pas du tout bien au contraire mais je n’ai jamais compris que les magasins laissent faire sachant qu’une bande dessinée se dévorant en moins d’une heure, ces jeunes (et moins jeunes) les lisent du début à la fin, les remettent en rayon et basta.

    Je ne connais aucun auteur de bande dessinée (on dit aujourd’hui plutôt ‘roman graphique’ pour les bd pour adultes) contemporain, je pars de zéro, un univers tout entier s’ouvre à moi. Je sais par contre ce que je cherche : une histoire et un environnement contemporains, des dessins figuratifs (avec accepation qu'on force un peu le trait). Ceci dit, je ne suis pas un grand fan de la ligne claire, je ne sais pas trop en fait. Tout comme les adjectifs permettant de qualifier un vin rouge, le monde de la bande dessinée dispose de ses propres codes, de son vocabulaire dont je ne connais rien.

    le bleu est une couleur chaude2.jpgLa maman d’une copine d’une de ma fille m’a prêté le bleu est une couleur chaude alors que je venais de lui dire que je regrettais de ne pas avoir pu voir le film la vie d’Adèle (adaptation de la bd de Julie Maroh). L’histoire est on ne peut plus simple. Une adolescente (Clem) ne parvient pas à assumer son homosexualité et découvre l’amour dans les bras d’Emma, une fille plus âgée qu’elle. Ses parents s’opposent à cette relation. Clem vit mal cette situation mais parvient à s’affranchir des préjugés et à vivre son amour au grand jour. Les années passent, les deux femmes s'aiment et puis survient l'adultère. Je dirais pas que l’histoire est banale parce que hélas, l’homosexualité n’est pas vraiment banalisée dans ce pays (encore moins en campagne, encore que cela s’améliore) mais j’avais quand même un sentiment de déjà vu ou lu. Les dessins sont plutôt réussis bien qu'un peu sombres. Des planches entières sont dénuées de dialogues mais ces derniers sont un peu légers sur le fond comme sur la forme, un peu trop fleurs bleus à mon goût. Pas de quoi fouetter un chat que tout cela, juste un rappel de la difficulté de vivre son homosexualité même au cœur des grandes villes. Coïncidemment, le roman que j'ai lu par la suite traite du même sujet mais en milieu rural. 

    éditions Glénat/ 156 pages/ mars 2010

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  • CR257 : le chardonneret - Donna Tartt

    compte rendu de lecture, littérature, littérature américaine, donna tarttJe vous présente la cause de ma longue absence de ce blog : elle s'intitule le chardonneret qui avant d'être un roman est un tableau et avant d'être un tableau un oiseau (dont j'ignorais l'existence). Passons sur l'oiseau, arrêtons-nous sur le tableau. Exposé dans un musée de New-York, il représente comme son nom l'indique un chardonneret qui se tient sur un perchoir auquel il est relié par une chaîne. Il fait 33*22cm. Assez petit donc et une des raisons pour laquelle la romancière Donna tartt (dont j'avais lu il y a 20 ans le fameux maître des illusions) l'a choisi comme fil rouge de son dernier roman dont je suis venu ici vous dire ma première et dernière impression.

    Soit donc, un ado qui s'appelle Théodore et qui erre dans un musée de New-York (le Met) avec sa mère (dans les années 90?). Soit une bombe qui explose et la mère qui décède. Théo est allongé et choqué . Près de lui, un vieux monsieur mal en point se meurt mais a le temps de lui donner sa bague et de lui demander de chiper le tableau qu'il lui montre du doigt. Théo parvient à s'extirper du musée sans que personne ne le voit (totalement improbable mais bon). Théo se retrouve chez lui, est inconsolable et en possession d'un tableau de grande valeur. Il est très vite pris en charge par les services sociaux. Commence alors une drôle de vie lors de laquelle il va vivre dans une maison bourgeoise de Manhattan, à Las Vegas avec son père alcoolique puis de retour à New-York chez un antiquaire (associé du vieux monsieur qui lui confia la bague) chez qui il finit par travailler.  Parallèlement, Théo devient accro à toutes sortes de drogues, faussaire, et point essentiel fait la connaissance de Boris, un américain d'origine ukrainienne avec qui il fait les pires conneries. Pendant ce temps, Théo conserve méticuleusement son tableau (caché dans une taie d'oreiller) sauf vers la fin où le roman jusque-là plutôt lent dans le déroulé s'accélère et se transforme en polar avec une effroyable scène de crime sur un parking d'Amsterdam.

    Les critiques sont unanimes, le dernier Donna n'est pas de la Tartt. Comme vous pouvez l'imaginer, je suis plus circonspect. Passons sur les invraisemblances, on a vu pire, mais que de longueurs inutiles (Donna s'est donné le temps, elle a commencé son écriture à la fin du XXème siècle). 800 pages, j'en connais quelques-uns que ça va rebuter (une personne à qui je l'ai offert entre autres). Sur le fond (et là, ce n'est pas une critique) je n'ai pas compris les motivations de Théo. Pourquoi garde-t-il ce tableau qu'il ne peut vendre et qu'il ne regarde qu'à peine ? Mais c'est son comportement général qui m'a agacé. Altruiste et déphasé, Théo avance et agit sans se soucier des lendemains. Vers la fin, il tente de donner un sens métaphysique à sa vie rocambolesque mais c'est peu pertinent et surtout un peu trop gros sabots. Encore une chose, je tenais à avertir ceux qui vont s'y atteler : toute la partie polar (depuis le moment où Théo retrouve Boris à NY jusque Amsterdam est incompréhensible ; un conseil : lire cette partie sans chercher à la comprendre).

    Pour le reste, bien sûr tout n'est pas à jeter dans ce roman : la description de l'intérieur du NY des années 2000, le milieu des antiquaires (ce qu'on se sent bien dans la boutique de Hobbie où travaille Théo), la description du désert aux portes de Las Vegas et puis évidemment le miracle de la drogue (car Théo est un vrai junkie), le bonheur qu'elle procure et le manque qu'elle cause.

    En fin de compte, des images restent mais honte à moi, au moment où j'écris cette note, je ne sais même plus ce qu'il advint de la toile. Le chardonneret s'est-il défait de sa chaîne et du tableau pour s'envoler par delà le soleil, par delà les éthers, par delà les confins des sphères étoilées ?

     

    Lecture : janvier/février 2014, kindle, 3/5.