J’ai remarqué que depuis que je ne lis que sur kindle, je suis, lorsque je me rends en librairie, de plus en plus attiré par les bandes dessinées, un genre dont jusque là je ne connaissais que les grands succès genre Tintin et Astérix. Je pense que par l’effet des vases communicants, le fait de ne plus acheter et tenir entre mes mains des livres en papier me procure un manque que je cherche à combler en me tournant vers ce qui est plus difficilement adaptable en numérique (en tout cas, pas sur ma liseuse qui dispose d’un trop petit écran, noir et blanc, qui plus est).
C’est ainsi que samedi dernier, errant à la Fédération Nationale des AChats de Lorient, le rayon où je me suis le plus attardé était celui des bd, un rayon où comme d’habitude, deux ou trois jeunes étaient en train de lire affalés par terre. Ça ne me dérange pas du tout bien au contraire mais je n’ai jamais compris que les magasins laissent faire sachant qu’une bande dessinée se dévorant en moins d’une heure, ces jeunes (et moins jeunes) les lisent du début à la fin, les remettent en rayon et basta.
Je ne connais aucun auteur de bande dessinée (on dit aujourd’hui plutôt ‘roman graphique’ pour les bd pour adultes) contemporain, je pars de zéro, un univers tout entier s’ouvre à moi. Je sais par contre ce que je cherche : une histoire et un environnement contemporains, des dessins figuratifs (avec accepation qu'on force un peu le trait). Ceci dit, je ne suis pas un grand fan de la ligne claire, je ne sais pas trop en fait. Tout comme les adjectifs permettant de qualifier un vin rouge, le monde de la bande dessinée dispose de ses propres codes, de son vocabulaire dont je ne connais rien.
La maman d’une copine d’une de ma fille m’a prêté le bleu est une couleur chaude alors que je venais de lui dire que je regrettais de ne pas avoir pu voir le film la vie d’Adèle (adaptation de la bd de Julie Maroh). L’histoire est on ne peut plus simple. Une adolescente (Clem) ne parvient pas à assumer son homosexualité et découvre l’amour dans les bras d’Emma, une fille plus âgée qu’elle. Ses parents s’opposent à cette relation. Clem vit mal cette situation mais parvient à s’affranchir des préjugés et à vivre son amour au grand jour. Les années passent, les deux femmes s'aiment et puis survient l'adultère. Je dirais pas que l’histoire est banale parce que hélas, l’homosexualité n’est pas vraiment banalisée dans ce pays (encore moins en campagne, encore que cela s’améliore) mais j’avais quand même un sentiment de déjà vu ou lu. Les dessins sont plutôt réussis bien qu'un peu sombres. Des planches entières sont dénuées de dialogues mais ces derniers sont un peu légers sur le fond comme sur la forme, un peu trop fleurs bleus à mon goût. Pas de quoi fouetter un chat que tout cela, juste un rappel de la difficulté de vivre son homosexualité même au cœur des grandes villes. Coïncidemment, le roman que j'ai lu par la suite traite du même sujet mais en milieu rural.
éditions Glénat/ 156 pages/ mars 2010