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le tonique de l'injustice

Je relis avec plaisir le célèbre recueil de pensées philosophiques de Cioran intitulé de l'inconvénient d'être né et qu'une roumaine installée en Normandie dans le célèbre petit bourg de Villiers-Fossard m'avait fait découvrir. Elle habitait un appartement dont la grande bibliothèque mal rangée me fascinait, elle peignait des tableaux et elle avait un accent chantant.

Elle m'avait conseillé ce livre. Il s'agit d'une succession de pensées de quelques lignes, en général plutôt pessimistes sur l'absurdité du monde et la condition de l'être humain. Extraits :

Aucun autocrate n'a disposé d'un pouvoir comparable à celui dont jouit un pauvre bougre qui envisage de se tuer.

Depuis des âges et des âges que l'on meurt, le vivant a dû attraper le pli de mourir ; sans quoi on ne s'expliquerait pas pourquoi un insecte ou un rongeur, et l'homme même, parviennent, après quelques simagrées, à crever si dignement. 

Et cette dernière que je fais mienne :

Je n'aimerais pas qu'on fût équitable à mon endroit, je pourrais me passer de tout sauf du tonique de l'injustice.

Cette injustice inhérente à notre condition d'homme vivant en société n'est-elle pas en fin compte son moteur, ce qui l'a fait avancer ? Je pense qu'il manquerait cette flamme dans un monde trop juste. 

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