Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

gratot

  • CR284 : les lions diffamés - Pierre Naudin

    51NHTQE77AL._SX298_BO1,204,203,200_.jpgAprès avoir été envoûté par la visite du château de Gratot lors de mes vacances dans l’ouest du Cotentin, il m’a prit l’idée de chercher s’il existait une littérature à son sujet, qu’il s’agisse de récits écrits par des gens de l’époque ou des romans. Je suis très vite tombé sur la série de Pierre Naudin (décédé en 2011) , le cycle d’Ogier d’Argouges composé de 7 épais volumes relatant les aventures de la famille d’Argouges, celle-là même qui est à l’origine de la construction du château. Ceci dit, il s’agit bien d’une oeuvre romanesque, Ogier le héros n’ayant jamais existé mais même s’il s’agit d’un roman, les conflits décrits (l’action se déroule au XIVe siècle) font vraiment partie de l’histoire de France (la bataille de l’Ecluse par exemple par laquelle débute le roman). Pour le reste, l’auteur invente tout des d’Argouges, dont Godefroy, seigneur du château de Gratot est la figure de proue. Mais dans ce premier tome, ce sont les pérégrinations de son fils Ogier que l’on suit. Après la défaite de l’Ecluse contre les Anglais, son père est destitué (à tort) de son statut de chevalier et il est convenu que le jeune Ogier sera formé pendant cinq ans par son oncle Guillaume vivant dans le château de Rechignac dans le Périgord. On suit alors le quotidien d’Ogier, la vie quotidienne dans le château, les amours, les faits d’arme, les rivalités et puis plus on avance dans le roman et alors qu’Ogier après cinq ans de formation s’apprête à rejoindre Gratot, les anglais (règne de Edouard III) s’emparent d’une bonne partie du sud ouest du royaume de France et s’approchent de Rechignac. Le roman se termine alors que les anglais (appelés les goddons), sous le commandement de Robert Knolles encerclent le château, ils sont en supériorité numérique et sur armés. A l’intérieur du château, où l'on a rassemblé la populace (les vilains quoi) et fortifié les fondations, peu sont optimistes.

    J’avoue avoir pris beaucoup de plaisir à lire ce roman chevaleresque, qui m’a fait penser à ‘au nom de la rose’ en moins prétentieux, au cycle du Graal en plus moderne. D’une indéniable valeur documentaire, ce qui fait surtout l’intérêt de ce roman, c’est le style utilisé. Facile à lire, il est cependant parsemé, de termes désuets et de descriptions plus vraies que nature. En plus d’une connaissance parfaite des us et coutumes de cette époque, Il y a chez cet auteur une parfaite maîtrise de la langue du moyen-âge , et excusez la comparaison un peu facile, cela m’a souvent fait penser aux dialogues entre Godefroy de Montmirail et Jacqouille la Fripouille dans les visiteurs.

    On ne s’ennuie pas un seul instant. Ogier d’Argouges est un personnage attachant et sentimental, qui découvre l’horreur de la guerre avec flegme et qui fait preuve de bravoure (comme on dit). La seule déception est que le château de Gratot souvent cité n’apparaît qu’en toile de fond. Il doit apparaître dans les tomes suivants que je lirai sans doute peut-être.

     

    Extraits : Alors qu'après la défaite de l'Ecluse, Guillaume et les siens descendent dans le Périgord :

     

    Chaque soir dans l'auberge élue pour le gîte et le couvert, Guillaume s'informait : que savait-on, céans, des événements de Flandre ? Que se passait-il à Paris ? Philippe avait-il envie de se revancher ? Les hôteliers, les manants et les bourgeois attablés devant un godet de vin ou de cervoise avaient à peu près tous la même grimace et le même geste d'ignorance.

     

    A propos de voyageurs s'étant arrêtés devant le pont-levis du château de Rechignac :

     

    Les voyageurs repoussèrent l'aumusse qui protégeait leur tête, dégageant ainsi une courte chevelure. Deux d'entre eux portaient bouc et moustache - le chef - avait le visage nu. Leur peau était hâlée par le sang, non par l'air. Ils étaient vêtus d'une hoqueton de lin gris, tacheté par leur sueur et la poudre des chemins. Près de la boucle de leur ceinture; émergeant d'une étui de cuir vermeil, luisait la prise d'une anelace. Des chausses rouges moulaient leurs jambes ; leurs heuses de daim, pelucheuses de poussière, avaient des talons serrés armés d'épérons, sans molette.

     

    Avant l'acte d'amour :

     

    Elle s'allongea telle quelle sur la couche tandis qu'il enlevait en hâte son pourpoint, ses heuses, ses chausses, et ne conservait pour tout vêtement que ses braies.

     

    Ah bon : il garde ses braies !!!

     

    Cycle d'Ogier d'Argouges 1 - 1978 (sept volumes),  lecture sur kindle, 506 pages,  en septembre 2015. note : 4.5/5

     

    Esprit d'Ogier, fantôme de Godefroy, vous cachez-vous dans les ruines du château tel qu'il se présente ce jour d'hui ?  

     

    chateau-de-gratot-50_b.JPG

    Loïc LT, 12.09.2015, matines

  • recensement des cabines # 20 Gratot (Manche)

     

    GRATOT250715 (7).JPG

    Cette 20ème édition des recensements des édicules à fin téléphonique ne sera pas la moins intéressante en particulier pour les amateurs de légendes et d’histoire médiévale. Alors, pour une fois, s’il vous plait, lisez jusqu’au bout ; je ne vous demande pas de laisser un commentaire, c’est accessoire mais au moins de lire, ça ne peut pas vous faire de mal de connaître un peu mieux la France profonde sous un autre angle que celle que TF1 vous inflige tous les jours à 13:00. 

    Il se trouve que j’étais deux jours en villégiature à Blainville-sur-Mer dans l'ouest du Cotentin (avant de rejoindre Hauteville une autre station balnéaire). Blainville est une modeste bourgade située à quelques kilomètres au nord de Agon-Coutainville (que j’évoquais dans le précédent compte rendu) qui aura le droit également à son inventaire mais aujourd’hui (texte écrit le 25/07/15) c’est de Gratot (où tout est payant) dont il est question . J’ai toujours plaisir à passer quelques jours en bord de mer mais à chaque fois, une force gravitationnelle me pousse vers l’intérieur des terres. Je me suis donc éclipsé tout seul loin des mobiles homes et des touristes en culotte courte  pour aller vers Gratot qui se situe à 7 kms à l’ouest de Blainville.

    blainvillegratotgoogle.jpg

    Gratot est un village tranquille niché dans le bocage normand. La cabine téléphonique se situe près d’un parking et répond au doux numéro de 02 33 07 69 35. Elle est mise en valeur par une vieille machine agricole dont je ne sais plus l’usage et surveillée depuis un fourgon blanc 24h/24 par deux employés communaux qui se relaient afin d’aider les appelants qui auraient du mal à comprendre le système de carte récemment mis en place par les ptt, modernité oblige.

    GRATOT250715 (8).JPG

    Si le bourg n’a rien d’original par ses rues et son architecture et ressemble à tous les bourgs du coin, il est quand même coquet et bien fleuri et possède la particularité de ne posséder ni mairie ni église ‘en son centre’.

    GRATOT250715 (13).JPG

    GRATOT250715 (12).JPG

    Et pour cause, la mairie qui ressemble à une ancienne école se situe à un km en pleine cambrousse et l’église se dresse un peu après la sortie du bourg (en direction de la mairie, vers l’ouest, direction Blainville) près du fameux château de Gratot.

    GRATOT250715 (1).JPG

    Le château de Gratot se voit de loin depuis la D244 et impressionne tout de suite le chauffard par ses tours et ses ruines imposantes.

    GRATOT250715 (3).JPG 

    Il est donc situé près de l’église (Notre dame je crois) qui est entouré d’un cimetière. Un peu d’histoire ne nuit pas : Le château qui date du 12ème fut d’abord la résidence de la seigneurie de Gratot, d’où son nom mais suite à un mariage pour tous, il est passé sous la coupe de la famille d’Argouges  du 13eme au 18eme mais le dernier des d’Argouges a tout dilapidé et ruiné la famille. Ensuite, le château a changé plusieurs fois de mains et je note parmi le nom des propriétaires le nom d’Alphonse Lemerre, qui l’acheta en 1910 et tout rimbaldien qui se respecte connaît ‘le bon éditeur’ Alphonse Lemerre évoqué par Rimbaud dans sa lettre à Théodore de Banville en date du 24/05/1970. Hélas, l’homme aux semelles de vent n’a jamais mis les pieds dans cette demeure puisqu’il était mort depuis 20 ans et que quand bien même il aurait été vivant en 1910, je ne sais pas ce qu’il aurait fait mais en tout cas il ne serait pas aller rendre visite à cet éditeur dont il ne se serait plus souvenu de l'existence. En tout cas, excusez la prétention mais je ne pense pas que beaucoup de gens aient fait le lien entre la lettre d'Arthur et l'acheteur de 1910....ouille mes chevilles..

    Après ces différents acquéreurs, ce fut le début de la fin et le château abandonné, tapissé de lierre se démantibulait tel un château de cartes. Heureusement, il fut racheté pour une bouchée de pain de seigle en 1925 par un modeste paysan, Jean Tiphaigne ( à qui appartenait peut-être la machine près de ladite cabine) qui en fit un corps de ferme et ce faisant évita la disparition pure et simple du monument. Jean T qui n’avait sans doute que peu d’intérêt pour la valeur du château  a permis quand même de le sauver puisque dans les années 1970, c’est sous l’impulsion de son petit-fils et de bénévoles que le château a été rénové au terme des 12 travaux d’Hercule.

    Aujourd’hui, l’ex-maison seigneuriale est principalement en  ruine certes mais entretenue. Au rez-de chaussée, le pavillon dispose d'une grande salle qui  accueille des expositions temporaires (en ce moment Philippe Olive (sculpteur plasticien) et Olivier Lecourtois (peintre).

     

    GRATOT250715 (96).JPG

    GRATOT250715 (109).JPG

    GRATOT250715 (97).JPG

    Les bâtiments (dits les communs) autour de l’entrée (dite la Poterne) sont en meilleur état et servent d’accueil au public. le tout est entouré de douves dans laquelle pataugent 10 espèces de canards coin-coin nous informe un écriteau (mais je n’en ai pas vu un seul) et au bord de laquelle des hortensias et des Gunnera impressionnants sont heureux comme un seigneur en son donjon qui voit s'éloigner les ennemis.

    GRATOT250715 (65).JPG

    GRATOT250715 (70).JPG

    La Poterne (entrée) :

    GRATOT250715 (41).JPG

    douves et jardin :

    GRATOT250715 (59).JPG

    Si vous passez dans les environs, vous pouvez vous passer de visiter la cabine, par contre, la visite du château (3 balles) s’impose. Personnellement,  j'y retournerai, la commune compte d'autres édifices (comme l'ermitage Saint-Gerbold qui a appartenu également aux d'Argouges et dans lequel aujourd'hui vit en ermite quelqu'un de connu mais je n'ai pas le droit de dire qui. 

    reportage réalisé le 25/07/15. Gratot (Manche, 50200). Météo : beau mais frais. habitants de Gratot : les gratolbiviennanaisins. 656 mortels. maire : Jean d'Argouges. état de la cabine : parfait. 

    toutes photos prises par moi-même, libres de droit.

    Loïc LT

     

    GRATOT250715 (42).JPG