Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

essai

  • CR198 : éloge des frontières - Régis Debray

    9782070131587_1_75.jpgprésentation de l’auteur : En France, tout ce qui pèse et qui compte se veut et se dit « sans frontières ». Et si le sans-frontiérisme était un leurre, une fuite, une lâcheté ?

    Partout sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d’anciennes frontières. Telle est la réalité.

    En bon Européen, je choisis de célébrer ce que d’autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l’épidémie des murs, remède à l’indifférence et sauvegarde du vivant.

    D’où ce Manifeste à rebrousse-poil, qui étonne et détone, mais qui, déchiffrant notre passé, ose faire face à l’avenir.
     
    mon avis :  j’ai lu ce petit exposé avec beaucoup de plaisir bien que n’étant pas vraiment d’accord avec le propos. Mais Regis Debray a de la suite dans les idées, un sens de la métaphore et puis surtout, son écriture est raffinée, ce qui fait presque de ce court exposé un objet littéraire.
    Sur le thème même des frontières, je dirais deux choses :
    . que quoi qu'en pense l’auteur, le sans-frontièrisme ne me semble pas majoritaire dans l’opinion (française tout du moins mais ailleurs, cela doit être pareil). Les français n’ont que faire de l’union européenne et le mot de mondialisation a une connotation péjorative. A la limite, ce sont les élites qui sont majoritairement sans-frontiéristes.
    . à titre personnel, je pense que la suppression des frontières va dans le sens de l’histoire et que malgré toutes les résistances, nous allons vers un état mondial et démocratique..à quelle échéance, je ne sais pas..mais en tout cas sans doute avant que nous ne parvenions à voyager en dehors du système solaire.
    Je ne suis pas patriote, je n’aime pas le mot nation. Mais il y a une frontière à laquelle je suis attaché : celle qui protège ma petite famille d’éventuelles agressions extérieures. Pour ce, j’ai clôturé ma propriété, acheté 2 pitbulls et installé un système de vidéosurveillance. Chacun chez soi, zut quoi.

    roman, paru en 2010

    Gallimard, 96 pages

    lecture du 03/02 au 06/02/ 2011

  • Eric Chauvier : l'anthopologue qui achève la crise

    La%20Crise2.jpgDepuis que je suis en âge de raisonner, j'ai toujours plus ou moins entendu parler de la crise (dans tous les domaines possibles) et puis depuis deux ou trois ans, alors que le concept commençait juste à décliner, hop, on a rajouté une couche. Une crise, une vraie (la pire depuis l'après-guerre ) s'est greffée sur l'autre crise, ma crise, celle née dans les années 70 et qui semble éternelle.
    La crise fait partie de ma vie, de nos vies. Au quatre éléments que sont l'eau, le feu, l'air et la Terre, il faut rajouter le crise. Crise et civilisation humaine sont intimement liées.

    Il va de soi qu'au bout d'un moment, on se pose des questions. Allongé sur la chaise longue et sirotant une bière tout en terminant le dernier roman de Philippe Djian, je m'interroge : qu'est la crise dans mon quotidien ? En quoi n'ai-je pas le moral à cause de la crise ? Quelles sont les manifestations de la crise visibles dans mon quotidien ?
    Le matin, le réveil me réveille, je me lève, allume la machine à café préparée la veille, vais lever les enfants, les emmène à l'école, file au boulot, bosse, rigole avec mes collègues, vais déjeuner, retourne au taf, rentre à la maison, me promène, rêve, me cultive, aime et m'endort. Où la crise là-dedans ? Sachant que d'un point de vue social, je ne me situe pas dans les catégories les plus aisées (au contraire même, c'est galère très souvent), qu'en est-il de mes congénères, qu'en est-il de toi, chez lecteur qui me lit te demandant quelle mouche m'a piquée ? Notre moral ne dépend-il que de nos finances ou que de l'assouvissement de nos désirs matériels ? Que m'importe si mon pouvoir d'achat n'augmente cette année que de 0.03% ?

    C'est en faisant tous ces constats que je suis tombé en errant dans une grande librairie de Saint-Lô, sur un tout petit bouquin écrit par un certain Eric Chauvier, anthropologue de son état, intitulé "la crise commence où finit le langage". Le titre m'a interpellé, allant directement dans la direction de mes réflexions, à savoir que la crise existe avant toute chose parce qu'on en parle. Elle n'a d'existence que par le langage.
    Cela commence de la sorte :
    les médias assènent que l'espèce humaine creuse sa tombe chaque jour et vraisemblablement depuis toujours. S'en sortir relèverait d'un presque impossible défi. Évoquant les grosses ficelles du film catastrophe, cette dramaturgie est très hollywoodienne....

    Plus d'infos sur cet essai (paru aux éditions Allia) : ici

    Bienvenue dans le club des incorrigibles optimistes.

  • Bruce Bégout dans le texte : microscopie du caddie

    caddie.jpg"S'il est, entre autres enseignements, une vérité que la sociologie urbaine nous a transmise, c'est que la ville ne se résume pas à ses limites géographiques. Où que nous allions, nous transportons dans nos bagages ses manières de vivre, de percevoir et de penser. Sans même sortir de son périmètre, la ville est devenue ubiquitaire.
    Le maniement d'une chariot de supermarché ne fait pas exception à cette règle. Là, se trouve concentrée toute notre expérience de la circulation urbaine. A bien considérer les choses, le Caddie constitue en effet l'exemple type de la construction automobile de la réalité, non pas seulement parce qu'il possède quatre roues et exige un certain sens de la conduite, mais surtout parce qu'il réalise la séparation du coffre de la voiture qui devient, par ce biais, ambulant. Comme l'automobile ne peut en toute logique pénétrer dans le bâtiment - tout du moins pour l'instant, puisque les supermarchés drive-in n'ont pas encore vu le jour -, elle se sépare d'elle-même puis se minituarise , car rien, jusqu'à l'intériorité, ne doit résister à sa puissance d'infiltration. A la sortie de l'hypermarché, le coffre avalera sans reste les diverses marchandises que le chariot avait précédemment englouties, confirmant sa paternité."

    Bruce Bégout (p67,68, l'éblouissement des bords de route)