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compte rendu de lecture - Page 28

  • CR4 - les mains de Jeanne-Marie - Gisèle Le Rouzic

    M'est-il permis de vous dire ce que j'ai pensé de ma dernière lecture, à savoir les mains de Jeanne-Marie de Gisèle Le Rouzic ? Je vous en avais déjà touché un mot dans une précédente note.
    L'histoire se déroule dans la petite bourgade de Lochrist dans le Morbihan, au début du XXième siècle, en 1906 précisément. Un jeune instituteur, Yvon Le Braz débarque à l'école publique et se trouve mêlé au monde ouvrier des forges d'Hennebont, un monde où la lutte des classes et l'affrontement est une réalité quotidienne.  Petit à petit, il tombe amoureux de la mère d'un de ses élèves qui est justement la leader de la contestation ouvrière.  Lui est épris de liberté, de république, de laïcité, de poésie, de buccolisme et tente d'analyser la marche du monde avec hauteur et surtout dans la nuance. Elle, n'aime pas les livres et ne considère son salut et celui des siens que dans l'affrontement, la lutte, la 'grève à outrance'. Il essaie de la modérer. En vain. Elle essaie d'en faire un révolté. En vain. . La grève de 1906 éclate, dure et échoue. Les maîtres des forges n'ont pas cédé.
    En clair, tout le monde campe sur ses positions...car n'oublions pas qu'on est en Bretagne et que les bretons sont têtus.

    Mon commentaire : lecture forte agréable et très instructive. Je me suis senti d'autant plus intéressé que le décor m'est familier (Hennebont, le Blavet, la campagne bretonne, les noms de famille..). Un siècle plus tard, on réalise que tout ce qui semblait insensé en 1906 (la journée de 8 heures réclamée par les 'rouges' était considérée comme étant de l'utopie) est devenue une réalité..ainsi que les congés payés..la sécurité sociale...1936, 1968, 1981 sont passés par là.
    L'écriture est très agréable, sans temps mort, sans phrase inutile. Le narrateur est l'instituteur et il y dans le troisième tiers du roman quelques pages féériques, en dehors du temps lorsqu'Yvon et ses élèves vont en promenade dans un ancien bourg ouvrier. Je n'ai pas tout compris d'ailleurs à cet endroit mais juste saisi une petite musique du bonheur.

    un passage : ce fut Colette qui me révèla que la différence des classes se marque jusque dans le teint. Ses camarades, pour la plupart mal nourris, avaient les privilèges qu'accorde la nature à ceux qui vivent par force hors de l'abri des maisons. Leurs joues larges et rouges, avivées par le vent, se couvraient de hâle et de taches de son dès les premiers jours de Pâques.  Colette, en toute saison, gardait le tient pâle, en partie parce que sa peau prenait mal le soleil, mais surtout parce qu'en dehors des heures d'école elle vivait douillettement dans la belle demeure que la direction des usines avait mise à disposition de sa famille, à Langroix, de l'autre côté de la rivière.

    A savoir : Gisèle Le Rouzic est la femme de l'ancien maire socialiste de Inzinzac-Lochrist.

    le livre-objet : collection France-loisirs. pas d'odeur particulière. 3 semaines pour lire ce livre de 360 pages..lecture longue faute de temps.

    note (/5) : 3.5

  • CR3 - bonjour tristesse - Françoise Sagan

    3ebc43d723cfeb03caf6a4ea0d37a3d0.jpgJ'ai lu ce petit livre en deux heures chrono, d'un souffle, sans boire un café, sans même lever la tête. Et pourtant il n'y a là-dedans aucune considération métaphysique, aucune pensée sybilline..non il y a juste le récit d'une adolescente bourgeoise en vacances avec son père dans une villa au bord de la Mediterranée, une fille qui aspire à tout ce que les filles de son âge aspirent, l'amour tout court, l'amour physique, la complicité avec le père, les bains de mer, la paresse etc. Mais elle se trouve empêchée de vivre ses idéaux par la nouvelle maîtresse (Anne) de son père, qui, sous prétexte qu'ils envisagent le mariage se croit déjà obligée de parfaire l'éducation de sa future belle-fille. Cécile (tel est son nom) reconnait à Anne des qualités intelellectuelles et morales mais regrette déjà le temps de l'insouciance et de la nonchalance qu'elle vivait avec son père depuis sa sortie de pension deux ans auparavant. Anne est le genre de personne, qui pousse les autres à s'expliquer, à expliquer les comportements alors que justement Cécile et son père (un don juan) vivaient pleinement leurs vies sans jamais avoir à se justifier. L'intrigue : Cécile va profiter des faiblesses de son père pour échafauder un plan visant à rendre Anne jalouse. Et cela va plus ou moins réussir. Ce roman se lit d'un trait. Les propos sont simples mais finalement l'ensemble est très subtil; On est bercé par une certaine atmosphère propre aux villas des bords de mer (canicule, terrasses, chaises longues, petites criques, voiliers, paresse...) Le style est vif et les phrases dépouillées de descriptions inutiles. Sagan va à l'essentiel tout en poussant loin l'introspection. J'ai d'autant plus aimé aimé ce livre qu'il s'agissait d'un vieux bouquin (acheté sur ebay il y a quelques années) et qu'il s'y dégage une odeur propre aux livres ayant quelques trentaines d'années. Jusque-là, de Sagan, je ne connaissais que la rencontre avec Pierre Desproges (culte), je connais désormais son talent d'écrivain. Mieux vaut tard que jamais.

    un extrait (p126, édition Juliard) : Elle s'en voulut donc et me le fait sentir. Quelques jours après, au dîner et toujours au sujet de ces insupportables devoirs de vacances, une discussion s'éleva. Je fus un peu trop désinvolte, mon père lui-même s'en offusqua et finalement Anne m'enferma à clef dans ma chambre, tout cela sans avoir prononcé un mot plus haut que l'autre. Je ne savais pas que qu'elle avait fait et comme j'avais soif, je me dirigeai vers la porte et essayai de l'ouvrir; elle résista et je compris qu'elle était fermé. Je n'avais jamais été enfermé de ma vie : la panique me prit, uen véritable panique. Je courus à la fenêtre, il n'y avait aucun moyen de sortir par là. Je me retournais, véritablement affolée, je me jetai sur la porte et me fis très mal à l'épaule. J'essayai de fracturer la serrure, les dents serrées, je ne voulais pas crier qu'on vïnt m'ouvrir. J'y laissai ma pince à ongles. Alors je restai au milieu de la pièce, debout, les mains vides. C'était mon premier contact avec la cruauté : je la sentais se nouer en moi, se resserrer au fur et à mesure de mes idées. Je m'allongeai sur mon lit, je bâtis soigneusement un plan. Ma férocité était si peu proportionnée à son prétexte que je me levai doux ou trois fois dans l'après-midi pour sortir de la chambre et que je me heurtai à la porte avec étonnement.

     

    note (/5) : 4

     

  • CR2 comment je suis devenu stupide - Martin PAGE

    0bca0d463527a5e3a5eb5c2c32be3496.jpgC'est l'histoire d'un type, Antoine, qui est malheureux car il se trouve trop intelligent et donc ne cesse de se morfondre sur l'absurdite de nos vies, sur la misère etc. Comme il en a marre de toujours chercher à comprendre tout, il décide de changer brutalement sa vie et de devenir stupide. Il essaie l'alcool mais il ne le supporte pas. Il essaie le suicide mais ça ne lui convient pas non plus. Finalement, grâce au médicament l'heurozac, il parvient à vivre pleinement. Par l'entremise d'un vieil ami, il devient courtier en bourse. Gagnant plein d'argent suite à de gros coups de bourse, il mord à pleine dent dans la société de consommation. Mais ses anciens amis rebelles le ramènent à la réalité. Avant de quitter sa boite, il provoque volontairement une crise financière mondiale et reprend sa petite vie de bohème. A la fin, il rencontre une fille qui lui ressemble..

    mon commentaire : l'idée est bonne et certains passages sont hilarants. Mais quand je lis un roman, de deux choses lune, l'autre le soleil. Soit il est encré dans la réalié, soit il ne l'est pas et celui-là je ne sais pas où il est. Alors qu'il raconte des scènes de vies banales, l'auteur se met à sortir des propos proprement surréalistes et puis reprend le cours normal de l'écriture. Exemple : Antoine se rend à la bibliothèque de Montreuil pour emprunter des bouquins sur l'alcoolisme. Le bibliothécaire trouve ça bizarre et alors voici ce qu'il devint par la suite : 'le bibliothécaire passa les jours suivants à se demander si cela était une plaisanterie, puis il mourut, mystérieusement étouffé sous un groupe de touristes allemands près de la Tour Eiffel'. Même en cherchant bien, je ne vois pas le message qu'a voulu faire passer Martin Page...et plein de passages comme ça.

    Autrement, pas mal de caricatures dans ce livre sur les excès de notre société. On passe quelques bons moments mais je ne recommande pas.

    le livre, l'objet : emprunté à la bibliothèque de Camors (la bibliothécaire est décédée quelques jours plus tard après s'être étouffée en mangeant des livres de Christine Angot), le livre (éditions France Loisirs, collection piment) a juste une petite odeur si particulière qu'ont tous les livres ayant séjournés quelques mois en biblio. La couverture représente un type dont les yeux sont couverts par des billets de banque. la symbolique ? sans doute que si tu veux ne pas voir l'absurdité de ce monde, cache toi en jouant son jeu..

    Note (/5): 2.5

     

  • CR1 - les années douces - KAWAKAMI Hiromi

    90b24540975ffa8ae34aed045e4a6b49.jpgFormat : poche

    collection : picquier poche (n°244)

    année de publication : 2001 (traduit du japonais en 2003 par Elisabeth Suetsugu)

    titre original : Sensei no kaban

    couverture : un coin de table avec une carafe aux motifs asiatiques, une baguette, une tasse, un peu d'un plateau...

    odeur du livre : colle industrielle sans beaucoup d'intérêt. rappelle peut-être l'odeur du bois dans une menuiserie

    prix : 7.50€

    lieu d'achat : Espace culturel dans la galerie Leclerc de Vannes.

    motif de l'achat : impulsif mais quand même, depuis quelques temps, l'envie de lire un roman asiatique.

    Présentation de l'éditeur : Tsukiko croise par hasard, dans le café où elle va boire un verre tous les soirs après son travail, son ancien professeur de japonais. Et c'est insensiblement, presque à leur cœur défendant, qu'au fil des rencontres les liens se resserrent entre eux. La cueillette des champignons. Les poussins achetés au marché. La fête des fleurs. Les vingt-deux étoiles d'une nuit d'automne... Ces histoires sont tellement simples qu'il est difficile de dire pourquoi on ne peut les quitter. Peut-être est-ce l'air du bonheur qu'on y respire, celui des choses non pas ordinaires, mais si ténues qu'elles se volatilisent quand on essaie de les toucher. Ce livre agit comme un charme, il capte en plein vol la douceur de la vie avant qu'elle ne s'enfuie.

    Mon commentaire : un petit livre comme je les aime fait des petites choses de la vie. Dommage que la fin soit aussi décevante (à savoir que Tsukiko et le maître décident de vivre une relation amoureuse). Sinon, on se trimballe dans un Japon 'moyen', où l'on boit du saké tous les soirs, où tout le monde a un emploi et trouve normal de se rendre au bureau le weekend etc etc. Ceci dit la narratrice parle très peu de son boulot. La lecture se fait au rythme de saisons et du temps qu'il fait.rien de révolutionnaire mais fort sympathique

    un extrait : Tant qu'à faire, je trouve plus agréables les journées d'hiver, si brèves qu'elles semblent vous chasser. Quand on se dit que de toute façon le jour va bientôt décliner, le coeur prêt à accueillir l'obscurité légère et élégante qui fait naïtre le regret. Maintenant que les jours ont rallongé suffisamment pour faire dire, tiens, il ne fait pas encore nuit, un peu plus et il fera nuit, on perd pied. Voilà, la nuit est tombée, et l'instant d'après, un sentiment de désolation s'empare de vous et vous enveloppe d'une solitude pesante et lancinante.

    Je trouve que cet extrait a de petits accents proustiens..non ?

    loïc