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littérature française - Page 11

  • CR3 - bonjour tristesse - Françoise Sagan

    3ebc43d723cfeb03caf6a4ea0d37a3d0.jpgJ'ai lu ce petit livre en deux heures chrono, d'un souffle, sans boire un café, sans même lever la tête. Et pourtant il n'y a là-dedans aucune considération métaphysique, aucune pensée sybilline..non il y a juste le récit d'une adolescente bourgeoise en vacances avec son père dans une villa au bord de la Mediterranée, une fille qui aspire à tout ce que les filles de son âge aspirent, l'amour tout court, l'amour physique, la complicité avec le père, les bains de mer, la paresse etc. Mais elle se trouve empêchée de vivre ses idéaux par la nouvelle maîtresse (Anne) de son père, qui, sous prétexte qu'ils envisagent le mariage se croit déjà obligée de parfaire l'éducation de sa future belle-fille. Cécile (tel est son nom) reconnait à Anne des qualités intelellectuelles et morales mais regrette déjà le temps de l'insouciance et de la nonchalance qu'elle vivait avec son père depuis sa sortie de pension deux ans auparavant. Anne est le genre de personne, qui pousse les autres à s'expliquer, à expliquer les comportements alors que justement Cécile et son père (un don juan) vivaient pleinement leurs vies sans jamais avoir à se justifier. L'intrigue : Cécile va profiter des faiblesses de son père pour échafauder un plan visant à rendre Anne jalouse. Et cela va plus ou moins réussir. Ce roman se lit d'un trait. Les propos sont simples mais finalement l'ensemble est très subtil; On est bercé par une certaine atmosphère propre aux villas des bords de mer (canicule, terrasses, chaises longues, petites criques, voiliers, paresse...) Le style est vif et les phrases dépouillées de descriptions inutiles. Sagan va à l'essentiel tout en poussant loin l'introspection. J'ai d'autant plus aimé aimé ce livre qu'il s'agissait d'un vieux bouquin (acheté sur ebay il y a quelques années) et qu'il s'y dégage une odeur propre aux livres ayant quelques trentaines d'années. Jusque-là, de Sagan, je ne connaissais que la rencontre avec Pierre Desproges (culte), je connais désormais son talent d'écrivain. Mieux vaut tard que jamais.

    un extrait (p126, édition Juliard) : Elle s'en voulut donc et me le fait sentir. Quelques jours après, au dîner et toujours au sujet de ces insupportables devoirs de vacances, une discussion s'éleva. Je fus un peu trop désinvolte, mon père lui-même s'en offusqua et finalement Anne m'enferma à clef dans ma chambre, tout cela sans avoir prononcé un mot plus haut que l'autre. Je ne savais pas que qu'elle avait fait et comme j'avais soif, je me dirigeai vers la porte et essayai de l'ouvrir; elle résista et je compris qu'elle était fermé. Je n'avais jamais été enfermé de ma vie : la panique me prit, uen véritable panique. Je courus à la fenêtre, il n'y avait aucun moyen de sortir par là. Je me retournais, véritablement affolée, je me jetai sur la porte et me fis très mal à l'épaule. J'essayai de fracturer la serrure, les dents serrées, je ne voulais pas crier qu'on vïnt m'ouvrir. J'y laissai ma pince à ongles. Alors je restai au milieu de la pièce, debout, les mains vides. C'était mon premier contact avec la cruauté : je la sentais se nouer en moi, se resserrer au fur et à mesure de mes idées. Je m'allongeai sur mon lit, je bâtis soigneusement un plan. Ma férocité était si peu proportionnée à son prétexte que je me levai doux ou trois fois dans l'après-midi pour sortir de la chambre et que je me heurtai à la porte avec étonnement.

     

    note (/5) : 4

     

  • CR2 comment je suis devenu stupide - Martin PAGE

    0bca0d463527a5e3a5eb5c2c32be3496.jpgC'est l'histoire d'un type, Antoine, qui est malheureux car il se trouve trop intelligent et donc ne cesse de se morfondre sur l'absurdite de nos vies, sur la misère etc. Comme il en a marre de toujours chercher à comprendre tout, il décide de changer brutalement sa vie et de devenir stupide. Il essaie l'alcool mais il ne le supporte pas. Il essaie le suicide mais ça ne lui convient pas non plus. Finalement, grâce au médicament l'heurozac, il parvient à vivre pleinement. Par l'entremise d'un vieil ami, il devient courtier en bourse. Gagnant plein d'argent suite à de gros coups de bourse, il mord à pleine dent dans la société de consommation. Mais ses anciens amis rebelles le ramènent à la réalité. Avant de quitter sa boite, il provoque volontairement une crise financière mondiale et reprend sa petite vie de bohème. A la fin, il rencontre une fille qui lui ressemble..

    mon commentaire : l'idée est bonne et certains passages sont hilarants. Mais quand je lis un roman, de deux choses lune, l'autre le soleil. Soit il est encré dans la réalié, soit il ne l'est pas et celui-là je ne sais pas où il est. Alors qu'il raconte des scènes de vies banales, l'auteur se met à sortir des propos proprement surréalistes et puis reprend le cours normal de l'écriture. Exemple : Antoine se rend à la bibliothèque de Montreuil pour emprunter des bouquins sur l'alcoolisme. Le bibliothécaire trouve ça bizarre et alors voici ce qu'il devint par la suite : 'le bibliothécaire passa les jours suivants à se demander si cela était une plaisanterie, puis il mourut, mystérieusement étouffé sous un groupe de touristes allemands près de la Tour Eiffel'. Même en cherchant bien, je ne vois pas le message qu'a voulu faire passer Martin Page...et plein de passages comme ça.

    Autrement, pas mal de caricatures dans ce livre sur les excès de notre société. On passe quelques bons moments mais je ne recommande pas.

    le livre, l'objet : emprunté à la bibliothèque de Camors (la bibliothécaire est décédée quelques jours plus tard après s'être étouffée en mangeant des livres de Christine Angot), le livre (éditions France Loisirs, collection piment) a juste une petite odeur si particulière qu'ont tous les livres ayant séjournés quelques mois en biblio. La couverture représente un type dont les yeux sont couverts par des billets de banque. la symbolique ? sans doute que si tu veux ne pas voir l'absurdité de ce monde, cache toi en jouant son jeu..

    Note (/5): 2.5