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CR312 : Balazuc, mémoires de pierres - John Merriman

5151HPWVFQL._SX328_BO1,204,203,200_.jpgJ’ai dit que ce blog était fermé, je n’ai pas dit que je n’allais plus l’alimenter. C’est comme quelqu’un qui tient un bar. Il peut le fermer mais continuer à y errer et se boire des bières. Bon, comme c’est fermé, je peux me lâcher.

Cette première quinzaine de juillet, nous sommes allés en famille dans un gîte niché au cœur du petit village de Balazuc, creusé à flanc de falaise au bord de l’Ardèche. A notre arrivée, les propriétaires nous ont gentiment accueilli et à tout hasard, je leur ai demandé s’ils possédaient de la documentation sur le village. Quelques jours plus tard, Franck est revenu mais je n’étais pas là, il a transmis un livre à ma fille en lui disant que ce n’était pas le livre qu’il voulait me prêter mais que celui-là ferait l’affaire.

Et pour cause ! Je ne sais pas quel autre livre il avait en tête mais après la lecture et après des recherches, je n’ai pas repéré d’autres bouquins sur Balazuc. Il s’agit d’un essai un peu autobiographique écrit par John Merriman, un écrivain américain, amoureux de la France (de son histoire surtout) et qui est tombé sous le charme de ce village improbable au point d’y acheter une maison dans les années 80.

J’ai littéralement dévoré ce récit très documenté dans lequel en racontant l’histoire de ce petit bourg, de la révolution à la fin du XXème siècle, l’écrivain en profite pour nous rappeler l’histoire de la France des campagnes, de ses petits villages loin de Paris, tirant parfois bénéfices, parfois pas de la Grande Histoire via l’industrialisation,  les deux grandes guerres et un point sur lequel l’auteur s’arrête beaucoup : les écoles de Balazuc tiraillées entre les fervents d’une école catholique et tenants d’une école républicaine. Les anecdotes sont nombreuses, les différents entre le curé et le maire (quand ce dernier était républicain) faisant inexorablement penser à Don Camillo ! On frise parfois le roman.

Mais en dehors d’être devenu l'un des "100 plus beaux villages de France” et donc une attraction touristique,  Balazuc  a subi le même sort que bien d'autres villages reculés que ce soit Persquen ou Triqueville: l’exode rural a vu sa population fondre. Aujourd’hui, il reste quelques commerces ouverts qu’en été (sauf un)  mais la plupart des volets restent fermés. Quelques vrais Balazuciens y vivent encore mais l’essentiel des maisons sont des résidences secondaires.

Je pourrais vous parler de l’élevage du ver à soie dont Balazuc a pleinement profité car les mûriers sont peu exigeants et les terres autour du village sont aussi rocheuses que les allées du bourg, de ses vignes, de sa garrigue environnante, ses arbres desséchés et le chant assourdissant des cigales, de la construction du pont enjambant l’Ardèche voulu par un député de la IIIème république afin de bien faire comprendre à ces irrésistibles Ardéchois les profits qu’ils pourraient tirer de la république au détriment de la monarchie et de l’obscurantisme catholique. Je pourrais vous dire beaucoup de choses sur Balazuc pour y avoir vécu quelques jours et pour avoir lu ce récit. Dommage que ce blog soit fermé -)

Et cerise sur la gâteau, j’ai eu la chance de rencontrer l’écrivain qui m’a accueilli à bras ouverts et m’a invité à revenir deux jours plus tard avec ma famille. J’ai pris l’apéro le plus copieux de ma vie. Il parle très bien le Français mais comment en serait-il autrement quand on a donné des cours dans les universités françaises ?  C’était une chouette rencontre. John Merriman possède l’accent américain, fait un peu dans la démesure mais il est imprégné de culture française, ce qui en fait un personnage attachant.

Si tous les américains étaient aussi curieux qui lui, ils n’auraient pas voté pour un charlot (que John Merriman honnit, va sans dire).

lecture : juillet 2017,  édition Tallandier : 368 pages, parution : 2002 et en Français en 2005, note 4.5/5

Loïc LT

Commentaires

  • Hier soir, désœuvrée, je faisais un tour par là ; je savais la boutique fermée, mais je me disais que peut-être le propriétaire des lieux y vaquait en ces chaudes journées, quand l'on ne sait plus trop où trouver refuge pour avoir du frais... Et je t'ai bien trouvé là postant un nouvel article.

    Ah, ces petits villages, arriverons-nous à les faire revivre ?

  • Oui mais Balazuc n'est pas n'importe quel bourg. Au niveau touristique, il a sa carte à jouer...quitte à en perdre son âme (déjà perdue sans doute). Contrairement à des milliers de bourgs sans intérêt (en Bretagne intérieure par exemple pour parler d'un coin que je connais) qui se meurent platement.

  • Ce blog étant fermé, ceci n'est pas un commentaire ;-) Dis-moi, pourquoi Balazuc ? Et avez-vous rayonné un peu dans la région alentour ?

  • Carla, je te réponds (même si t'es rentrée par effraction -). Ma femme a trouvé un gîte à Balazuc tout à fait par hasard sur le boncoin. Elle m'a montré quelques photos de l'annonce, le texte de présentation (important pour estimer le sérieux des propriétaires) et je lui ai dit "réserve tout de suite !". C'est ensuite qu'on a appris que c'était l'un des "plus beaux villages de France".
    Ensuite, contrairement à nos autres vacances, on n'a pas beaucoup bougé. Une semaine ne suffit pas pour découvrir tous les secrets de ce village, ses petites rues etc...et les commerçants (bars, restaurants, petite épicerie) nous ont si vite adoptés (ils ont plus l'habitude de voir des gens passer une journée alors que nous sommes restés 15 jours) que nous nous sommes vite sentis chez nous. En plus, les filles avaient la plage (surveillée) en bas, il faisait très chaud (sauf dans la maison avec ses 3 mètres de pierre comme isolation) donc on n'a pas bcp bougé. On s'est baladé maintes fois dans le village et donc, c'est vrai, on n'a pas bcp visité l'Ardèche (sauf Vallon Pont d'Arc et quelques autres petits bourgs) mais on ne regrette pas. J'ai pu faire du sport, lire des romans, des recueils de poèmes et rien faire, tout ce que j'adore !
    Donc, pour une visite plus approfondie de l'Ardèche, ce sera une prochaine fois. Mais avant, j'aimerais faire la Haute-Marne. Mais c'est pas gagné.

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