le mot de l'éditeur : Ayant largement passé le cap de la cinquantaine, un homme qui aurait pu devenir capitaine au long cours, jadis, s'il avait été moins paresseux, entreprend un voyage de plusieurs mois sur le littoral français. Apparemment guidé par sa fantaisie, il séjourne dans la plupart des villes présentant une activité industrielle et portuaire conséquente.
À Saint-Nazaire, c'est l'époque où s'achève la construction du Queen Mary 2, à laquelle ont contribué des hommes venus des quatre coins de la planète.
À Calais, les immigrants vivent clandestinement dans l'attente d'un hypothétique passage vers l'Angleterre.
À Dunkerque, alors que l'on s'apprête à détruire un bâtiment hautement symbolique de son passé, la communauté des dockers ne parvient pas à surmonter les déchirements entraînés dix ans auparavant par la réorganisation de la profession.
Au Havre, la population d'un quartier enclavé dans la zone portuaire se voit peu à peu cernée et menacée d'étouffement par les conteneurs.
Près de Marseille, sous le vent des usines pétrochimiques de Lavera, un hôtel condamné par les règlements de sécurité vit ses derniers jours, tandis que tout autour prolifèrent les chats errants. Et ainsi de suite.
Chemin faisant, il apparaît que des souvenirs plus ou moins obscurs lient le narrateur à certains des lieux qu'il visite, et ainsi se dessine progressivement, en filigrane, une sorte d'autobiographie subliminale.
mon avis : En lisant Terminal Frigo, j'ai eu l'impression de relire zones du même auteur et je lui ai trouvé les mêmes charmes et la même petite musique. Mais ici les zones parcourues sont exclusivement portuaires (chantiers navals, ports de commerce) et le narrateur "apparemment guidé par sa fantaisie" trimballe le lecteur de Saint-Nazaire à Dunkerque, en passant par Calais ou Le Havre. Les récits sont passionnants et dépendent de l'actualité ou de l'histoire du port où se trouve le narrateur (drame du Queen-Mary 2 à Saint-Nazaire, grève des dockers à Dunkerque -et présentation des frères Gouvart, figures locales et meneurs de luttes, les clandestins à Calais...). Passant d'un port à un autre, il reprend le fil d'un récit abandonné et tout cela coule comme de l'eau de source. Ce faisant (je mets entre italiques tant j'ai pu remarquer combien les 4èmes de couverture en étaient truffés), c'est un peu une description de la France contemporaine que nous décrit Jean Rolin, un peu comme si les ports étaient la représentation en miniature de l'état d'un pays.
Et figurez-vous un livre avec des descriptions de ce genre (p137)
Une fois sur la route de Gravelines, on peut rejoindre le littoral en empruntant le chemin des Dunes dans la direction du centre aéré Jules-Ferry. Passé celui-ci, la route, qui bientôt se transforme en piste, longe sur la gauche un cordon dunaire, au-delà duquel s'étend une baie qui découvre sur plusieurs kilomètres à marée basse. Les Allemands ayant attendu là le débarquement, ils ont truffé les dunes d'ouvrages fortifiés parfois considérables, aujourd'hui plus ou moins ruinés et conchiés, plus ou moins envahis par la végétation, leurs ouvertures béant sur des étangs où des chasseurs particulièrement taciturnes, certains paraissant même à demi idiots, ont disposé par dizaines des canards en plastique et parfois des appelants vivants. C'est un décor qui fait froid dans le dos, et peut-être d'autant plus que la visibilité est meilleure et permet d'embrasser des étendues plus vastes.
Exquis. Jean Rolin est redemandé par l'espèce de blogueur (l'occasion peut-être de franchir la clôture).
Le tiers livre en parle ici
Et le Pitou aussi.
roman, paru en 02/2005
217 pages
lecture du 14.06 au 17.06.09
note : 4.5/5
à suivre, dans la solitudes des champs de coton, Bernard-Marie Koltès
Commentaires
pas mal.....je vais le chercher, merci pour les info
said et paron etfatige_