Il me semble que que j'ai appris l'existence de ce livre grâce à Philippe Vasset dans 'un livre blanc'. Il le cite plus ou moins. Et comme de fait, après lecture, il s'avère que Jean Rolin a écrit "zones' dans le même état d'esprit que Phillippe Vasset. Même état d'esprit mais procédé différent. Encore que. Le narrateur de 'zones' est plutôt un promeneur, un voyageur alors que Vasset serait plutôt géographe où cartographe. Mais les deux sont fascinés par tous ces lieux oubliés, les périphéries, lieux de passage où tout est éphémère..(mais où l'essentiel de nos vie se joue..c'est d'ailleurs ça la moralité de cette histoire).
Chaque chapître de 'zones' correspond à une date. Cela se présente donc comme un carnet de voyage (qui commence le 4 juin pour se terminer le 8 décembre). Le narrateur dort d'hôtels en hôtels et passe ses journées à marcher et à contempler le paysage urbain. Le tout est agrémenté de petites scénes de vie (discussions dans les bars, altercations dans les transports, agressions verbales) d'une banalité sans fin mais souvent très amusantes. A la manière de Modiano, Jean Rolin éprouve le besoin de nommer toutes les rues et les moindres impasses où il passe..Si on ne connait pas bien Paris et sa banlieue, c'est embêtant..mais bon pas tant que ça.
Et enfin de compte, on ne sait pas bien les intentions de Rolin puisque nulle part il ne fait part de son projet et commence dès le premier chapître son carnet sans expliquer qui-que-quoi-donc-où. Est-il lui même un habitant de cette proche banlieue parisienne qui semble le fasciner ? On ne sait pas. Par deux fois seulement, il fait part de règles qu'il s'est assigné : 1-ne jamais se déplacer en automobile, 2- ne jamais aborder les gens. Les gens peuvent l'aborder mais lui ne doit pas faire le premier pas. A part ça, on ne sait rien.
Mais au bout du compte, j'ai beaucoup aimé. J'ai trouvé ça grisant et poétique. Jean Rolin ne juge pas, il voit, constate et décrit (le délitement social et l'insécurité en banlieue par exemple). Mais comme on peut l'imaginer, ce n'est pas tant l'aspect sociologique qui m'a plu (on nous bassine assez avec la banlieue et l'insécurité -euh pardon, les insécurités dirait SR qui a pris l'habitude de mettre au pluriel des mots, des mots comment déjà ?..mais bon sang, comment appelle-t-on ces mots qu'on ne peut pas mettre au pluriel ?) que les descriptions d'endroits laids ou sans intérêts.
extrait : sous l'échangeur de la porte de la Chapelle, niché dans une étroite ouverture triangulaire entre les piliers du périphérique et ceux d'autres voies aériennes se trouve un square, peut-être le plus saugrenu, le plus bruyant, le plus inaccessible et donc le moins fréquenté de tout Paris. Six arbres relativement vigoureux, gorgés de gaz carbonique, un bout de pelouse et trois bancs composent le décor de ce square. [..] Sur l'autre versant du périphérique, du côté de La Plaine, l'impasse Marteau, dont il est difficile de déterminer si elle se situe encore à Paris ou déjà à Saint-Denis - peut-être nulle part -, marque l'ultime degré, au même titre que la cité du chemin des Burons à Gennevilliers, dans l'expérimentation des limites de la résistance humaine en matière de logement. Faufilée entre le soubassement du périphérique et le cimetière de La Chapelle, elle donne d'un côté sur des tombes et de l'autre sur des embouteillages.
note : 4/5. du coup achat de 'terminal frigo' du même auteur effectué ce jour.
Commentaires
Nature morte très réussie. Mais j'avoue avoir un faible pour celles décalées avec les Playmobiles. Sinon, toi le cinéphile averti, saurais-tu me dire de quelle oeuvre de Tolstoï il est question dans "Into the wild"?
Je devine l'ironie quand tu parles de cinéphile averti.
Concernant 'into the wild', je n'irai pas pas quatre chemins. J'ai vu la bande annonce et j'ai trouvé ça tellement caricatural, convenu, plein de bons sentiments -enfin bref, tout ce que le cinéma américain sait faire quand il est mauvais - que je me demande comment le film dans son entier pourrait me surprendre..Car une bande annonce est sensée quand même nous idée du tout.
Du coup, pour l'oeuvre de Tolstoï, je sais pas. Mais je peux trouver et te donner la réponse à toi, Rozenn, dernière et quasiment unique commentatrice de ce blog.
J'ai lu la moitié de Djian et je m'ennuie fermement. Même si c'est du second degré, je ne vois aucune différence avec les débilitants Arlequin. Depuis quelques semaines, en plus, j'ai perdu la boulimie de lire que j'avais ces derniers mois. Ca m'agace un peu car, du coup, il me manque une oxygénation. Par contre, je suis très assidue dans la tenue de mon journal culturel et émotionnel depuis le premier janvier. C'est une grande satisfaction. Il est illustré par des coupures de Télérama. Ca grouille de vie à l'image de ma curiosité pour les choses de la vie.