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Un moment, elle a attaché ses cheveux....

Il est 03:56 matin,  mais

Certainement subsiste une présence de Minuit. L’heure n’a pas disparu par un miroir, ne s’est pas enfouie en tentures, évoquant un ameublement par sa vacante sonorité. Je me rappelle que son or allait feindre en l’absence un joyau nul de rêverie, riche et inutile survivance, sinon que sur la complexité marine et stellaire d’une orfèvrerie se lisait le hasard infini des conjonctions.

Mallarmé a raison, minuit comme les autres heures ne disparaissent pas. Nulle seconde ne disparaît. Le temps ne s'égrène pas, il s'entasse. Tout ce qu'on a vécu existe encore. Comme ce couple qui a déjeuné dans un restaurant un dimanche soir. Avant de partir elle a attaché ses cheveux. Cela est toujours concret. Les heures qui passent s'archivent, on ne sait pas où, c'est invisible pour l'homme mais le monde n'est qu'un empilement de scènes plus ou moins plaisantes. Le présent poursuit cet éternel travail d'empilement.

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Comme cet homme que j'ai pris en photo dans la médiathèque d'une ville quelque part. On dirait qu'il est un peu dehors. Il est beau. Tout est bien pensé comme s'il avait créé cette scène (plaisante)  avant que j'arrive avec mon appareil photo. Je ne veux pas croire que ce n'est que du passé. Certainement subsiste une présence de ce dix-sept heure six. 

Parfois je me demande à quoi sert ce blog. Je trouve que c'est un outil de communication égoïste et prétentieux. Je discute avec plein de gens qui ont des choses plus intéressantes que moi à dire et qui n'ont pas de blog.

Mais si un jour, tu vois qu'une pierre te sourit, iras-tu le dire ? (Guillevic)

Non, tu n'iras pas le dire parce qu'on ne te croira pas. Les gens qui ont plein de choses intéressantes à dire pensent également que leur savoir est inutile aux autres, que ça ne les intéressera pas.

Au moins, le blog permet de redonner vie à des poètes. 

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Ce poème par exemple. Tapez ces premières lignes sur Google et vous n'aurez aucune réponse (sauf dans trois jours). Il n'est présent sur aucune des milliards de pages que contient la toile. C'est injuste, il est tellement beau. Mais si je ne l'écris pas moi-même, personne ne le retrouvera parce qu'aussi doué soit-il, Google ne référence pas les textes sur une photo. Et l'écrire avec ton beau stylo plume qu'on t'a offert à Noël ne sert à rien non plus. Le moteur de recherches ne reconnait que ce qu'on écrit sur un clavier. Tout le reste n'existe pas pour lui. Il ne référence que ce qui est virtuel, c'est à dire, ce qui n'existe pas. 

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Le soleil était heureux.

On savait les noms des vagues, l’itinéraire des îles en partance, les secrets de la forêt, des landes et des bruyères.

On pouvait escalader les montagnes neigeuses du ciel, saisir à pleines brassées de joie le vent bleu, rose ou vert.

Tout était simple, facile. Le pain était sur la table. Les gens avaient les mains chaudes. Et quand le maître en classe élevait la voix et faisait trembler les vitres, on avait le choix pour disparaître entre un petit trou dans le plancher et la Cordillère des Andes.

 

Je ne vous donnerai pas le nom de son auteur. ( Je l'emporte avec moi vous l'oublierez moi non, je l'aime). C'est triste que le plus beau vers de l'année ait été inventé et scandé sur TF1 ( Je vous emporte avec moivous m'oublierez, moi non, je vous aime...). Un jour peut-être, demain, dans deux ans, dans dix ans, une étudiante en lettres, un thésard, quelqu'un de sa famille... viendra ici divulguer son nom. Je t'attends, cher ami

Ce poème en prose est empreint d'une nostalgie désuète mais il me touche. Sur la page d'avant, il y a cette citation qui donne un peu le ton. Il me touche exactement pour cette raison :

Ma patrie, c'est l'enfance

(Marthe Bibesco)

Un moment, elle a attaché ses cheveux. Pris de surprise, fasciné,  l'homme en face d'elle a eu du mal à finir sa gorgée. Elle ne s'est pas aperçue du trouble. Ce n'est que plus tard qu'il lui a dit. Il était inconcevable qu'il lui dise de suite "j'ai aimé cette façon naturelle et gracieuse avec laquelle tu as attaché tes cheveux". Peut-être qu'il aurait dû lui dire tout de suite, ainsi, elle ne lui aurait sans doute pas dit quelques heures plus tard ou le lendemain, je ne sais pas ce que dit le roman qu'elle ne l'avait pas trouvé très à l'aise. 

Loïc LT (04:37)  

Commentaires

  • Très beau texte, et magnifique le poème.
    Catherine Laborde, la présentatrice météo ? (Oui je lis les tags aussi)
    Je vois que Rimbaud n'est jamais loin... ;-) J'ai relu Baudelaire il y a quelques jours, Anywhere out of the world, pas lu depuis mes dix-sept ans. Il faudrait écrire un article, quelqu'un, un jour (toi ?), sur ce que ça fait de relire. Sur les traces de soi qu'on retrouve entre les lignes, son soi de l'époque, qu'on trouve bien incomplet par rapport à celui d'aujourd'hui (et on se redira la même chose dans cinq, dix, vingt ans) tout en découvrant un nouveau texte que celui dont on avait le souvenir...
    Et voilà, ton texte m'a amenée à divaguer... Je m'arrête.

  • "Les heures qui passent s'archivent, on ne sait pas où, c'est invisible pour l'homme mais le monde n'est qu'un empilement de scènes plus ou moins plaisantes. Le présent poursuit cet éternel travail d'empilement."
    Respect.
    La littérature ne saurait se réduire au format habituel du livre, imprimé ou numérique. Tu es un grand écrivain Loïc, et avec presque un demi-siècle de lecture derrière moi, je le dis sérieusement.

  • J'aime ce texte aussi et tant pis si c'est prétentieux.
    Je l'ai écrit dans des conditions particulières.
    Sincèrement, vos compliments me touchent.
    Moi ça ne me donne pas le nom du poète !

  • A quoi ca sert? Ca sert a partager ses pensees, ce n'est pas pretentieux a mon avis, ni egoiste. C'est plutot genereux. Ca me touche toujours, ce rendez-vous avec ce que tu as a offrir!

  • bon article, il est impossible bien dire/lire stephane avec souci du sac

    https://youtu.be/wIDZS3EWcAo

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