Les derniers albums d'Aznavour m'avait déçu, je pensais qu'il avait définitivement perdu l'inspiration, ce qui est normal quand on a écrit des centaines de chansons, qu'on perd des forces, qu'on perd sa voix, l'ouïe. la vieillesse quoi...Mais il ne faut pas enterrer les poètes trop vite. A 91 ans, Charles sort un nouvel album intitulé encores (j'aime beaucoup ce s accolé à cet adverbe invariable comme pour dire qu'il y'a eu tant d'encore...) et cet album commence par un titre qui s'intitule avec un brin de nostalgie, un texte émouvant écrit par un vieil homme qui fait le point sur sa vie. La dernière strophe est déchirante de lucidité...
Et ce que j'aime chez Aznavour, c'est quand il chante dans un souffle comme le succès hier encore...On devine en écoutant ce brin de nostalgie qu'il l'a écrit d'un trait de plume, sans préméditation, au bout de la nuit ou au petit matin sur une page blanche sur laquelle la veille il ne parvint pas à placer un mot. Par ailleurs, la mélodie est très belle. C'est le type de chanson qu'on voudrait tous écrire quand l'essentiel de la vie est dernière nous. Je ne vais pas casser l'ambiance en disant que c'est la chanson idéale à passer au crématorium mais bon, je ne vois pas ce qu'un homme peut dire de plus que ce que Charles dit dans cette chanson (si ce ne sont les quelques vieilleries qu'on peut aisément adapter).
Et puis, j'ai appris un mot : le pickup en question n'est pas le véhicule que l'on sait, c'est un appareil pour écouter de la musique. A toi, Charles !
Avec un brin de nostalgie
Je nourris mon ancien pickup
De vinyles que j'avais acquis
Dans mes folles années Be Bop
Je me verse un fond de whisky
Et laisse courir mes pensées
Embuées de mélancolie
Pour voyager dans mon passé
Passé jalonné d'interdits
D'amour secrètes et d'amour fou
Qui viennent perturber mes nuits
De solitude mais surtout
Joue sur mes remords mes regrets
Tandis que mon écran s'emplit
D'images animées désormais
Avec un brin de nostalgie
Avec un brin de nostalgie
Ma mémoire me joue des tours
Était-ce Lorraine ou Sophie
Qui m'a laissé tomber un jour ?
J'avais quoi 16 ans et demi
Jouant crânement les tombeurs
Et je me retrouvais groggy
Avec des larmes plein le cœur
Mais à cet âge, on oublie
On vit de rêves et d'illusions
Les filles vont et se marient
Quand draguent encore les garçons
J'ai connu bien d'autres échecs
Qui pourtant ne m'ont rien appris
Depuis je fume et je bois sec
Avec un brin de nostalgie
Avec un brin de nostalgie
De dispute en séparation
Seul sans amour et peu d'amis
Dans mon champs de désolations
Je passe mes jours et mes nuits
A ruminer mes déceptions
Le cœur à tout jamais meurtri
Sans état d’âme et sans passion
Avec un brin de nostalgie
Sur les ruines de ces amours
Que j'ai gâchées que j'ai détruit
Mon mal de vivre est sans secours
Mes espoirs sont à l'agonie
Mes années restent sans retour
Je n'attends plus rien de la vie
Et vis ma vie au jour le jour
Le cœur brûlé de mes amours
Et de nostalgie
Commentaires
"le coeur brûlé" des poètes! Alors qu'il a, le petit veinard, depuis plus de 50 ans une gentille femme qui le soutient!
Formidable!
J'ai comme dans l'idée que tu n'aimes pas le personnage et je t'avouerais que moi non plus. Mais il est indéniable qu'il a un vrai talent pour l'écriture de chansons...bon, sans doute pas assez engagées pour toi (sauf pour l'Arménie mais c'était personnel)..Quant à cette chanson, je pense vraiment qu'elle est autobiographique. Sa femme, cette fameuse suédoise mystérieuse est toujours restée dans l'ombre, je crois ne l'avoir jamais vue et je pense qu'à la manière de Dutronc et Hardy, chacun mène sa petite vie à part. (C'est Paris-Match ici !) Je ne suis pas certain de ce que j'avance.
Et puis il y a tout ce côté bling-bling qu'il affectionne, les grosses berlines, les lunettes à 5000€...etc
N'empêche...
Je passe mes jours et mes nuits
A ruminer mes déceptions
Le cœur à tout jamais meurtri
Sans état d’âme et sans passion
J'aimerais pouvoir écrire de tels vers. Les mots sont simples, les rimes vont de soit....ça claque.
Voilà qu'il n'est même pas 8 heures et déjà Gambetti, fort de son verre de vin à 15°, est déjà pompette... Ah, celui-là, un incorrigible soiffard ! Que faire ? N'empêche, il mène à bien son rôle de cuisinier en chef, gérant cuisson de saucisses et brocolis de main de maître. Alors, comment lui en vouloir ?
Analysant la situation, je n'éprouve pas le besoin de ruminer mes déceptions, mon cœur à jamais rassuré... Il faut savoir...reconnaître de l'autre les qualités. C'est l'essentiel.
A 91 ans, que n'a-t-on pas oublié ? :-/ Belle chanson, tristounette certes, mais j'imagine qu'à cet âge là, c'est normal. Les mots sont simples et beaux, comme toujours chez Aznavour.
N'empêche, à 91 ans, j'aimerai bien être comme lui ! (je veux dire, en pleine forme)
Oui, Appoline, l'homme est fait de défauts et de qualités mais je te rassure, Gambetti n'est pas un alcoolique. Il ne traîne pas dans les bars et ne boit pas de whisky (il ne sait pas ce qu'il perd -).