Mathieu Delerue, un petit bourgeois trentenaire et prof de philo vaguement existentialiste engrosse par accident Marcelle, une femme qui reste allongée toutes ses journées (l’auteur n’explique pas pourquoi). Sans vraiment demander son avis à Marcelle, il décide qu’elle doit avorter et se met en quête de la somme nécessaire à ce genre d’opération. On le suit alors dans ses pérégrinations dans le Paris-bohème de l’époque (l’action se situe à la fin des années 30), dans les caves où l’on danse toute la journée et les bars de la rive-gauche. Mathieu a du mal à mettre en pratique ses idéaux et ses amis, avec qui il discute beaucoup politique et moralité, n’ont de cesse de lui reprocher son ambivalence. Comme de fait, ce Mathieu est énervant.
Si ce roman semble un peu daté dans ses préoccupations, le personnage de Mathieu préfigure quand même un peu l’arrivée d’une génération vivant dans l’opulence, mais désireuse de changer le monde, tout en mettant un point d’honneur à vouloir conserver son statut.
Dans ce roman, j’ai surtout apprécié le niveau des dialogues et cette façon un peu zolienne qu'a l'auteur de décrire des scènes dans lequelles évoluent plusieurs personnages (dans les bars par exemple).
Je ne dois pas vivre sur la même planète que celle sur laquelle vécut Jean-Paul Sartre et c’est peut-être pour cette raison que je suis attiré par ses romans. Il y a quelques années, la nausée m’avait profondément agacé et j’ai ressenti la même chose en lisant ce premier tome de la trilogie les chemins de la liberté. Mais comme j’aime bien me faire mal, je lirai le tome 2, au cours de cette année 2011, avant ou après la suite allemande saison 2, qui est en préparation (et je prépare également une suite islandaise..si vous avez des conseils de lecture de ce côté-là, n’hésitez-pas).
lecture du 03.03 au 31.03.2011
folio n°870, 370 pages
note : 2.5/5
à suivre : la disparition de Richard Taylor, Arnaud Cathrine.
Commentaires
J'ai trouvé un lien qui a l'air pas mal pour piocher des idées d'auteurs islandais : http://www.unicaen.fr/recherche/mrsh/erlis/traductionsISLANDAIS
J'entends des éloges unanimes au sujet de Rosa candida de Audur Ava Olafsdottir mais je ne suis pas allée voir.
Sinon, ton compte-rendu ne me donne pas très envie de reprendre Sartre, il m'avait agacée aussi ! Je m'en tiendrai à La nausée. Peut-être que je lirai Les mots... un jour.
merci Julie ! je note déjà "Rosa Candida".
Sartre est un laborieux, ça se sent dans ses romans. et plus un homme d'idées qu'un romancier.
D'accord avec toi concernant Sartre. On a souvent l'impression en le lisant que ses personnages sont des étapes de raisonnement sur pieds pour lui et que leur humanité ne l'intéresse pas vraiment. Ce qui ne devrait pas être le cas d'Arnaud Cathrine, tu nous diras ce qu'il en est.
Je découvre tranquillement. Apparemment, il y a un incontournable : Halldór Laxness, prix nobel de littérature en 1955.
Je ne suis pas fan de Sartre (quoiqu'il ait écrit des nouvelles et romans pas tous inintéressants), mais précisément, j'ai beaucoup apprécié et gardé un grand souvenir des trois tomes des "Chemins de la Liberté".
Quant à la littérature islandaise, j'ai laissé les sagas de côté, mais j'apprécie les polars d'Indridason et tout particulièrement "La femme en vert"
j'aterris sur ce blog en partant de ma lecture de l'âge de raison + le désir de prolonger la lecture en lisant les commentaires de personnes qui ont lu le livre + il se trouve que je me retrouve assez dans ce que je lis sur ce blog, alors commentaire forcément.
"Dans ce roman, j’ai surtout apprécié le niveau des dialogues et cette façon un peu zolienne qu'a l'auteur de décrire des scènes dans lequelles évoluent plusieurs personnages (dans les bars par exemple).
Je ne dois pas vivre sur la même planète que celle sur laquelle vécut Jean-Paul Sartre et c’est peut-être pour cette raison que je suis attiré par ses romans. Il y a quelques années, la nausée m’avait profondément agacé et j’ai ressenti la même chose en lisant ce premier tome de la trilogie les chemins de la liberté. Mais comme j’aime bien me faire mal, je lirai le tome 2"
le niveau des dialogues : oui, vraiment bien ces dialogues qui entremêlent ce que pensent les personnages et ce qu'ils disent, le fossé entre les deux, ce que les autres devinent de ce qui est caché, quand ils devinent et quand ils se trompent, les tergiversations,
j'ai trové que Sartre parlait bien de l'amour au travers de ses personnages : l'amour qui se défait (Mathieu et marcelle), l'amour qui surgit (Mathieu et Ivich), l'amour malheureux (idem), l'amour chaste (Mathieu et Odette, Daniel et Marcelle), etc (Daniel et Boris, Boris et Lola, Boris et Ivich, Daniel et Mathieu), l'amour sous toutes ses coutures, cela m'a laissé le sentiment d'une grande richesse et justesse
la façon zolienne des scènes dans les lieux publics, je ne l'avais pas vue, merci. en revanche, j'ai trouvé que ce roman sent le camembert = typiquement français comme roman : lieu Paris, personnage principal : un prof de philo, action : se retrouver dans des cafés pour boire et discuter, visiter les musées, sortir dans des cabarets
moi aussi je ne dois pas vivre sur la même planète que Sartre : la bourgeoisie parisienne des années 30, une société pré-mai 68 (pas de pillule, avortement illégal, pas de S.P.A.), le vocabulaire et d'expressions "démodés" (beaucoup de "flasque" et de "veule"), ça a son charme
et moi aussi j'aime ce décalage entre nous et la société de son temps : les hommes et les femmes cherchent toujours les mêmes choses, le cadre dans lequel ils vivent a changé, on fait un tour en imagination à l'écomusée de Paris il y a moins de 100 ans, d'une façon plus vivante qu'une peinture de l'époque, grâce aux dialogues principalement
moi aussi (pardon pour la répétition de ces deux mots, j'ai dit que j'avais trouvé des similitudes dans nos ressentis sur ce livre...)je n'ai pas aimé la nausée, que j'ai lâché assez vite, trop nombriliste à mon goût, "l'âge de raison" c'est différent avec cette galerie de personnages animés, c'est plus vivant.
je ne pense pas que je lirai le tome 2 car ce qui m'a intéressé dans le tome 1 ne s'y retrouve pas : la réflexion de Sartre au travers de ce roman sur les thèmes de la jeunesse, du passage à l'âge de raison (à l'âge adulte), de la liberté, de l'engagement et de l'amour, comment ces thèmes s'articulent entre eux
pour finir, juste dire que je ne suis pas d'accord avec les commentaires qui disent que Sartre a surtout voulu faire passer ses idées dans un roman et que cela donne quelque chose de bizarre. je ne trouve pas mais c'est peut-être parce que je ne suis pas trop au fait des idées de Sartre, je m'en tiens volontairement un peu à l'écart pour ne pas me retrouver face à un système de pensée abstrait, ce qui me rebute en général. j'ai lu aussi de Sartre récemment "le mur", recueil de nouvelles que je recommande +++
merci pour ton blog