Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

richard ford

  • retour dans le Saskatchewan (suite lecture 'Canada', Richard Ford)

    Le Saskatchewan est une province du Canada dont j'ai découvert l'existence dans le roman Canada de Richard Ford. Le narrateur, Dell, 15 ans doit fuir précipitamment les Etats-Unis afin d'échapper aux services sociaux après que ses parents eussent commis le braquage d'une banque. Une amie de sa mère (désormais en prison) l'expédie donc au Canada, dans cette province donc, qui sera le sujet de cette note. Les descriptions de Richard Ford de cette région dépeuplée et composée de champs à perte de vue sont saisissantes. Cela m'a donné envie d'en savoir plus et d'aller voir sur place via Google Map. Allons donc sur les pas de Dell au cœur de ce Canada hostile et désespérément plat. 

    saskatchewan3.jpg

    L'axe 225 traverse la partie centrale de la région d'Est en Ouest. Elle ne rencontre aucun obstacle géologique nécessitant la construction de tunnels ou de ponts. C'est une route avec très peu de virages et une ligne électrique ou téléphonique l'accompagne dans son voyage monotone.

    saskatchewan1.jpg

    Le véhicule de Google a emprunté cette route en juin 2009 or je constate que tous les champs sont vides de culture. Pourtant, on devine clairement que ce sont des champs cultivés. J'en déduis donc qu'on vient d'y récolter du colza. Je précise par ailleurs que je n'ai pas vu un seul engin agricole lors de ce périple de plus de 100 kms. 

    saskatchewan13.jpg

    Âme qui vive ! Avec un quad à côté de lui. On ne le voit pas bien sur la photo (mais mieux sur Map) mais le type semble être surpris en voyant passer le véhicule Google. Il faut dire que ce dernier ne passe pas inaperçu...surtout en ces lieux inhabités.

    saskatchewan5.jpg

    Sur la gauche de la route, un petit village avec des mini-silos, une cabane en bois mal en point et sinon une maison correcte mais pas de motel..C'est pas le tout mais je commence à être fatigué.

    saskatchewan11.jpg

    Première enseigne où l'on pourrait potentiellement accueillir un voyageur épuisé...le foyer Jesus Marie. Ce sera sans moi !

    saskatchewan4.jpg

    Au milieu de nulle part, des gens s'emmerdent à tondre impeccablement leur pelouse. Tout cela manque quand même d'un peu de couleurs...et de bambous !

    saskatchewan.jpg

    Là, par contre, point de pelouse mais un champ fraîchement préparé sur lequel sont posées des cabanes...pour qui, pour quoi...

    saskatchewan12.jpg

    Voici le seul véhicule que j'ai croisé lors de ce long périple virtuel.

    saskatchewan6.jpg

    Et ça continue sans fin, toujours la même chose..en haut de ce faux plat peut-être, derrière ce qui ressemble à un bosquet (ou serait-ce un simple fourré), une autre histoire commence-t-elle ?

  • CR250 : Canada - Richard Ford

    51ccD+ZffXL.jpgLire un roman américain, c’est revenir à l’essence même de la littérature : une histoire captivante, un plan bien ficelé et une écriture limpide sans effets de style. Telle est la littérature comme la conçoivent les écrivains américains, disais-je à un de mes contacts anglophones sur ‘un célèbre réseau social’ dont la décence m’empêche de dire le nom. Et elle me répondit alors ‘ Mais ce n'est pas vrai. Si tu lis un livre d'histoire de la littérature américaine, tu verras que les plus grands noms ont une approche expérimentale. Cette approche est en plus facilitée par une langue bien plus flexible que le Français. Que cela ne fonctionne pas pour toi, je comprends, mais il ne faut pas dire que cela n'existe pas car c'est tout simplement faux.

    Mais je n’en démords pas. Je n’ai aucune culture universitaire (contrairement à ce contact) mais je reste persuadé qu’à quelques rares exceptions, les auteurs américains considèrent la langue plus comme un outil que comme un terrain d’expérimentation.Richard Ford se situe, avec Philip Roth (qui mérite le prix Nobel), Jay Mccinerney, Douglas Kennedy dans cette tradition et ce magnifique ‘Canada’ qui vient de sortir et que je viens d’engloutir le confirme, avec évidemment une patte particulière car chacun possède malgré tout sa personnalité, sa sensibilité.

    L’originalité de ce roman tient de la personnalité du narrateur (un vieil homme qui se souvient des événements peu communs ayant marqués son adolescence) : un personnage d’une grande sensibilité sur qui, paradoxalement,  les épreuves ne semblent pas avoir de prise. Je ne me souviens plus trop de l’étranger de Camus mais j’ai souvent pensé à Meursault en lisant Canada. C’est une impression personnelle qui ne tient peut-être pas la route mais une impression a toujours une signification. et je vous prie de bien vouloir la respecter.

    Mention spéciale à la deuxième partie qui se déroule essentiellement dans la région du Saskatechwan, région hostile du Canada, parsemée de villes fantômes, de champs de blé sans fin et traversée par une ligne de chemin de fer empruntée par un train de marchandises tous les 36 du mois. Notez sur le fond du tableau ces silos à grain plantés au milieu de nulle part et ses puits de pétrole abandonnés. Le narrateur, qui a dû fuir les Etats-Unis précipitamment (suite au braquage insensé et raté commis par ses inconscients de parents) traîne sa misère et ses rêves d’enfants en ses lieux désolés habités par des gens louches, avant de subir à nouveau des événements qui vont marquer sa vie entière. C’est Meursault dans un film des frères Coen (no country for old men)! Roman initiatique (comme on dit), un brin burlesque et épique, Canada laisse beaucoup d’images dans la tête et en suspens, bien des interrogations sur la famille américaine et sur ce degré de folie inhérent à la nature humaine.

     

    lecture :octobre 2013

    kindle. 478 pages

    traduction : Josée Kamoun

    note : 4/5

    Loïc LT