Grand merci à Carla de m'avoir envoyé cette photo. Comme quoi c'est quand on ne cherche pas qu'on tombe sur les choses insolites. Donc évidemment, la particularité de cet édicule est qu'il est orné de la photo de Rimbaud (portrait de Carjat en octobre 1871). J'ai regardé dans la collection de Ernest Pignon-Ernest mais je ne crois pas qu'il ait accolé une image du poète sur une cabine (par contre, il a travaillé sur les cabines).
Je ne sais évidemment rien d'autre de cette cabine (son numéro, si elle fonctionne), ni de L'Éguille-sur-Seudre, bourg de 886.7 habitants situé en Charente-Maritime. Ses habitants sont les éguillais et donc j'imagine qu'ils n'ont pas trop de mal à éguiller les touristes. Je pourrais compléter ce reportage puisque je me rends irrégulièrement dans les environs (un peu au nord, à la Rochelle) pour un savoir un peu plus. Merci encore à Carla et puisqu'il est question de Rimbaud, citons Rimbaud (sur demande écrite, je vous donne mon interprétation personnelle de ce curieux poème en prose faisant partie des illuminations).
À ma sœur Louise Vanaen de Voringhem : — Sa cornette bleue tournée à la mer du Nord. — Pour les naufragés.
À ma sœur Léonie Aubois d'Ashby. Baou. — l'herbe d'été bourdonnante et puante.— Pour la fièvre des mères et des enfants.
À Lulu, — démon — qui a conservé un goût pour les oratoires du temps des Amies et de son éducation incomplète. Pour les hommes ! À madame***.
À l'adolescent que je fus. À ce saint vieillard, ermitage ou mission.
À l'esprit des pauvres. Et à un très haut clergé.
Aussi bien à tout culte en telle place de culte mémoriale et parmi tels événements qu'il faille se rendre, suivant les aspirations du moment ou bien notre propre vice sérieux,
Ce soir à Circeto des hautes glaces, grasse comme le poisson, et enluminée comme les dix mois de la nuit rouge, — (son cœur ambre et spunk), — pour ma seule prière muette comme ces régions de nuit et précédant des bravoures plus violentes que ce chaos polaire.
À tout prix et avec tous les airs, même dans les voyages métaphysiques. — Mais plus alors.
Loïc LT (photo de Carla, date non précisée.)
Commentaires
Ma soeur, mon beau-frère et moi rentrions d'une balade à Marennes, et nous avons fait un détour par L'Eguille car ils voulaient me faire découvrir ce minuscule village de pêcheurs en bordure de Seudre. Au détour d'une rue, nous sommes tombés sur cette cabine, et je les ai fait stopper pour la prendre en photo. Ma soeur m'a regardé d'un drôle d'air ! Du coup, pas le temps d'aller en chercher le numéro, ni de vérifier si elle fonctionne toujours.
Mais tu avais repéré la figure de Rimbaud alors que le véhicule avançait ? Et c'est déjà bien que tu les as fait arrêter la voiture !
On roulait au ralenti, mon beau-frère cherchait à retrouver une maison avec des peintures murales qu'il avait vues lors d'une première visite. C'est ce qui m'a permis d'avoir le temps de voir la cabine - et Rimbaud ! et de pouvoir leur demander de s'arrêter. Mon beau-frère pas contrariant, s'est arrêté de suite. Mais deux jours plus tard, alors qu'on partait pour une nouvelle balade, ma soeur m'a dit "mais pas question de s'arrêter toutes les cinq minutes pour prendre une photo !"
Moi, je serais du genre à prendre des photos, comme ça, sur le pouce en roulant et en apercevant un objet ou une situation insolites mais la plupart du temps, emporté par l'élan, j'ai la flemme de m'arrêter. Et je le regrette après. Paradoxalement, quand je suis avec ma femme, que ce soit elle qui conduise ou moi, c' est souvent elle qui me dit 'eh regarde ça ! Tu veux qu'on s'arrête !?'
Donc, tu diras à ta gentille soeuseure de s'arrêter quand tu le lui demandes gentiment -) Elle te doit bien ça. Et puis autrement cela me touche que tu penses à moi dans ton quotidien.
Oui, la photo ça sert à apprendre à regarder! Ca devrait être obligatoire à l'école!
Parfois le problème de la photo, c'est que ça peut devenir une fin en soi. Je me souviens de mes vacances en Irlande où l'on allait visiter des sites et on ne faisait que prendre des photos et à peine le regarder de nos propres yeux. Et j'ai remarqué le même phénomène chez bcp de gens (en Irlande et ailleurs)
Mais la photo au quotidien, c'est autre chose. J'ai toujours mon apn à portée de mains. On n'est jamais à l'abri d'une surprise, plus même que lors de vacances trop formatées.
Oui il y a de multiples usages de la photo. Celui qui consiste à garder des traces de vues insolites ou de choses curieuses ou remarquables, comme tu le fais - s'apparente au carnet de croquis et n'est pas la moins intéressante. C'est le propre de la photo numérique. Bien sûr ça peut aussi être l'inverse si l'appareil nous cache la réalité! Ca m'est arrivé récemment lors d'un vol en Montgolfière où un couple qui avait pris à peu près 300 photos a dit en arrivant: le vol était trop court, on n'a rien vu!!!
Fascination du media ou envie de tout garder ???
à+ Loïc