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un automne avec Proust ( 5-6%)

Le livreur de fuel est arrivé ce matin à 7:30. Il a frappé à la porte et comme je me croyais en pleine nuit, j'étais terrifié. Prisca m'a dit 'on a frappé'. J'étais mort de trouille. Il faut savoir que nous disposons au dessus de notre tête de lit d'un meuble beau mais pas pratique qui nous sert de table de chevet mais le soucis est qu'il faut se redresser et tourner la tête pour voir l'heure (Marcel Proust aurait détesté). C'est donc ce que j'ai fait et quand j'ai vu l'heure, j'ai été soulagé et j'ai tout de suite compris que le maudit livreur avait un peu d'avance. N'empêche que mon cœur a battu très fort pendant une demie heure. Le livreur parti, je n'ai pas pu me rendormir et je me suis donc replongé dans la recherche pendant une heure et c'est pendant cette phase de lecture que j'ai atteint les six pour cent. 

Cette partie se termine par les promenades du narrateur du côté de Guermantes qui en général sont de longues promenades car s'il était assez simple d'aller du côté de Méséglise, c'était une autre affaire d'aller du côté de Guermantes, car la promenade était longue et l'on voulait être sûr du temps qu'il ferait. On apprend aussi dans la partie 'Combray' qu'il y avait autour de Combray deux côtés pour les promenades; et si opposés qu'on ne sortait pas en effet de chez nous par la même porte, quand on voulait aller d'un côté ou de l'autre : le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu'on appelait aussi le côté de chez Swann et le côté de Guermantes

De cette partie que j'ai achevé ce matin, alors que dehors tombait une pluie battante  (plaisir d'être au lit le samedi matin et d'entendre la pluie), je retiens ce passage où le narrateur évoque les nénufars (orthographiés ainsi) de la Vivonne (cours d'eau qui traverse Combray et qui dans la réalité correspondrait au Loir) :

Bientôt le cours de la Vivonne s'obstrue de plantes d'eau. Il y en a d'abord d'isolées comme tel nénufar à qui le courant au travers duquel il était placé d'une façon malheureuse laissait si peu de repos que, comme un bac actionné mécaniquement, il n'abordait une rive que pour retourner à celle d'où il était venu, refaisant éternellement la double traversée. Poussé vers la rive, son pédoncule se dépliait, s'allongeait, filait, atteignait l'extrême limite de sa tension jusqu'au bord où le courant le reprenait, le vert cordage se repliait sur lui−même et ramenait la pauvre plante à ce qu'on peut d'autant mieux appeler son point de départ qu'elle n'y restait pas une seconde sans en repartir par une répétition de la même manœuvre  Je la retrouvais de promenade en promenade, toujours dans la même situation, faisant penser à certains neurasthéniques au nombre desquels mon grand−père comptait ma tante Léonie, qui nous offrent sans changement au cours des années le spectacle des habitudes bizarres qu'ils se croient chaque fois à la veille de secouer et qu'ils gardent toujours ; pris dans l'engrenage de leurs malaises et de leurs manies, les efforts dans lesquels ils se débattent inutilement pour en sortir ne font qu'assurer le fonctionnement et faire jouer le déclic de leur diététique étrange, inéluctable et funeste. Tel était ce nénufar, pareil aussi à quelqu'un de ces malheureux dont le tourment singulier, qui se répète indéfiniment durant l'éternité, excitait la curiosité de Dante, et dont il se serait fait raconter plus longuement les particularités et la cause par le supplicié lui−même, si Virgile, s'éloignant à grands pas, ne l'avait forcé à le rattraper au plus vite, comme moi mes parents.

Chers amis lecteurs (chaque jour plus nombreux depuis qu'il est question de Proust-), nous ne verrons plus les nénufars de la même façon. 

llt 

 

Commentaires

  • Proust ! Je t'admire ! J'aurai dû essayer quand j'étais jeune, j'avais alors assez de patience. Mais depuis que je suis adulte, je n'arrive plus à me lancer dans des romans "fleuve". Je préfère la Normandie du côté de chez Maupassant, version nouvelles !
    Du coup, je suis preneuse de tout ce que tu pourras dire à propos de La Recherche, car ça me permet d'en savoir plus sur ce monument de la littérature !

  • Nénu F ar ???

  • Tu as encore le droit de t'y atteler. Tu te donnes par exemple 1 an pour le lire, ça fait 10 pages par jour. C'est jouable. Ou 2 ans et 5 pages par jour. Il faut le lire. Le sublime est au détour de chaque page et les phrases ne sont plus des phrases, ce sont des mondes !

  • 10 pages par jour pendant UN AN ! (smiley qui tombe à la renverse). Figure-toi que dans une librairie spécialisée, j'ai trouvé une Bible avec, justement, un plan de lecture "lisez la Bible en un an !". Donc, un an de Proust, un an de Bible, six mois de Shakespeare... Quel programme ;-) Bon, d'accord, j'ai deux volumes de La Recherche dans ma bibliothèque (je les avais oubliés, je m'en suis aperçue en faisant mes cartons), j'en lirai un extrait de temps en temps, à... La Recherche du Sublime ;-)

  • Plus rien à lire ! Pas le temps d'aller à la médiathèque, et la majeure partie de mes bouquins est encore en cartons, en cours de déballage. Rien à lire avant de m'endormir ??? Du coup j'ai repêché hier soir dans un carton un bouquin qui commence par "Longtemps je me suis couché de bonne heure." ;-) Au bout de 5 pages, je n'en pouvais plus ! Soporifique en diable, Proust ! Je laisse le bouquin sur ma table de chevet, pour les jours de grande disette livresque, mais le plan "10 pages par jour pdt un an" me parait fort compromis !

  • Pourtant moi j'adore les premières pages mais je comprends qu'elles puissent lasser..et je t'assure qu'ensuite, ça change un peu (après l'épisode de la Madeleine en fait). Il faut persévérer.

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