Lorsque je commence à lire un roman de Philip Roth, je m’attends à m’élever très largement au dessus du niveau de la mer. Le complot contre l’Amérique et surtout pastorale américaine sont de purs chefs d’oeuvre (j’ai moins aimé Portnoy et son complexe, l’un des premiers romans de Roth).
On retrouve dans la tache, deuxième volume du cycle mettant en scène l’écrivain Nathan Zuckerman,cette énergie romanesque et cette ingéniosité dans la construction propres à la prose de cet auteur...mais j’ai trouvé ce roman un peu plus brouillon que d’habitude. Philip Roth cherche trop à expliquer et pour ce, se répète beaucoup, comme si le sujet du racisme lui tenant particulièrement à coeur, il n’arrivait pas à prendre le recul nécessaire, comme s’il avait voulu faire de la tache un roman avant tout pédagogique.
Le sujet est simple et en même temps un peu tordu. Coleman Silk, doyen d’une université américaine se voit contraint de démissionner pour avoir usé d’un bon mot à caractère raciste. Dépité et déprimé, il fait appel à Nathan Zuckerman pour que ce dernier écrive l’histoire de sa vie. Une amitié nait entre les deux hommes. Coleman confie alors à Nathan le grand secret de sa vie : dès l’adolescence, il décide de se faire passer pour un homme blanc alors qu’il est noir.
Peu après avoir fait connaissance de Nathan, Coleman qui vient de perdre sa femme, morte de chagrin, débute une relation fougueuse avec une jeune femme de ménage illettrée.
Je n’ai pas trop compris le fait qu’on puisse être noir et se faire passer pour blanc. Roth ne l’explique pas. Logiquement, la couleur de peau ne trompe personne, si ? Or, c’est le sujet même de ce roman et ça m’a perturbé tout le long de la lecture.
Les pages les plus exquises du roman sont celles mettant en scène la française Delphine Roux, une enseignante en lettre classique à l’université d’Athéna (et adversaire de Coleman Silk). Par l’intermédiaire de son clône, Nathan Zuckerman, Philip Roth en profite pour gentiment se moquer du microcosme littéraire parisien et des romanciers français contemporains à l’égo surdimensionné.
Il y a donc de bonnes pages mais la tache est loin d’égaler pastorale américaine.
lecture du 03.08 au 17.08.2011
Gallimard, 442 pages
année de parution : 2000
traduction (de l’anglais) : Josée Kamoun, 2002
note : 3.5/5