Il avait plu tout le dimanche a l’honneur d’être le 200ème llivre commenté sur l’espèce de blog...(à défaut d’être le 200ème lu puisque je l’ai lu avant asiles de fous). Il y est question d’un type qui s’intitule Arnold Spitzweg..et type est bien le mot qui le définit le mieux, car Monsieur Spitzweg est avant tout un type..il est de ceux qu’on croise sans les voir, qui ne font pas de bruit, qui entrent et qui sortent par la petite porte.
Il est arrivé à Paris il y a trente ans après son succès à l’examen des postes. Il s’est trouvé un logement dans le XVIII (un deux-pièces). Il vit seul et n’a de contact sociaux qu’avec un ou deux collègues avec qui il lui arrive de déjeuner à midi. Il n’a pas de passion, pas trop de libido, il va dans quelques musées pour faire comme tout le monde. Il trouve son bonheur à essayer de vivre comme un parisien.
Bien qu’il vive seul, il ne se laisse pas aller. extrait :
...Il met le couvert. C’est un rite, une exigence - peut-être une façon de se respecter. Il se refuse même à installer sa table ronde en face du téléviseur, à poser le journal à côté de son assiette. Il tire un peu la table vers la fenêtre de la salle à manger. Quand il fait beau, il ouvre la porte-fenêtre qui donne sur le square Carpeaux. Une rumeur monte - accélération des moteurs dans la montée à sens unique, cris d’enfants.
Monsieur Spitzweg ne pose pas la casserole au début du repas. Il prend d’abord son entrée, puis se relève pour aller chercher le plat de résistance à la cuisine. Même chose pour les fruits. Après le café, il fume un cigarillo, rêvasse, le regard perdu juste au-dessus des arbres, les jambes allongées vers la fenêtre. Il peut bien s’accorder quelques minutes avant d’aller faire la vaisselle.
Alors que moi, quand je suis tout seul, je mange le nez dans le frigo en commençant par le dessert. ..Mais quand même, j’ai de la sympathie pour Monsieur Spitzweg...et un vrai coup de coeur pour ce petit roman, signé Delerm Père ( et j’aime beaucoup ce que fait Vincent aussi..surtout les deux derniers albums).
lecture le 06.02.2011
folio n°3309, 117 pages
note : 4.5/5
à suivre : biffures, Michel Leiris
Commentaires
Il se laisse quand même un peu aller, Monsieur Spitzweg, en ne faisant pas la vaisselle juste après le repas.
Au fait, tu n'écoutes pas de musique en ce moment ?
J'avoue que je dîne avec la tv en bruit de fond. Mais j'évite de la regarder. Et je dîne sur une table, avec une nappe et une bougie. Une table bien mise, c'est le dernier rempart avant la chienlit, rontoudiou !
Pas bcp de musique non. Un peu le dernier album d'Arcade Fire en voiture..et puis quelques vieilleries..
Sinon, si j'étais seul tout le temps, j'essaierais sans doute de m'imposer un peu de discipline mais là, non..les rares weekends où je suis seul, c'est un peu l'anarchie.
Tu m'as donné envie de lire ce petit opus. C'est surtout l'extrait qui m'a fait qque chose : j'aime l'idée du repas solo organisé, cette constance...Cela me rend ton type bien sympathique. J'ai envie d'aller voir ce qu'il a dans la tête, ses motivations : agit-il comme ça spontanément ou après réflexion ?
Mr Spitzweg ne réfléchit pas. Toute son existence fonctionne de la sorte. Je suis certain, Apolline que tu aimerais ce petit roman.
Je peux même te le faire parvenir.
Volontiers !
Très très très bien ce petit bouquin de Philippe Delerm, très rafraîchissant.
Ca me faisait penser (toutes proportions gardées) à la "Conjuration des imbéciles", autre roman du banal et de l'absurde.