Vous connaissez tous cette intraitable mélancolie qui s’empare de nous au souvenir des temps heureux. Ils se sont enfuis sans retour ; quelques chose de plus impitoyable que l’espace nous tient éloignés d’eux. Et les images de la vie, en ce lointain reflet qu’elles nous laissent, se font plus attirantes encore. Nous pensons à elles comme au corps d’un amour défunt qui repose aux creux de la tombe, et désormais nous hante, splendeur plus haute et plus pure, pareil à quelque mirage devant quoi nous frissonnons...
La Marina est un pays démocratique. Son économie est prospère et ses habitants sont avides de culture et de botanisme. Mais la Marina est en danger car au nord, par delà les falaises de marbre, des barbares se font de plus en plus menaçants. Voilà, à un peu près l’histoire. Un pays imaginaire et le combat des idées contre le barbarisme et les instincts primaires. Datant de 1939, on devine évidemment ce qui pousse Ernst Junger à écrire ce roman. C’est très beau à lire (comme l’atteste les premières phrases du roman transposées ci-dessus), beau comme un long poème en prose. Tellement beau que j’avais envie de rendre hommage au traducteur..mais étrangement son nom n’apparait pas sur le livre. Mais wikipedia m’informe que c’est Henri Thomas qui s’en est chargé et je suis heureux d’apprendre que c’est l’auteur du promontoire qui a commis cette traduction.
Sur les falaises de marbre rappelle irrémédiablement le rivage des syrtes que j’avais commenté sur ce blog. C’est le roman le plus beau et le plus cruel de cette suite allemande qui en cette fin d’été poursuit toujours son cours.
roman , paru en 1939
traduit de l’allemand par Henri Thomas
Gallimard, collection l’Imaginaire, 188 pages
lecture les 30 et 31 juillet 2010
note : 4.5/5