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Ad nauseam - Tristan J.

Ce soir,  je vous présente un texte écrit par un type que je connais un peu pour l'avoir côtoyé quelques jours dans ma vie. Tristan a dans les 20 ans, prend soin de sa personne et il est conscient de son talent. C'est quelqu'un d'ambitieux et de prétentieux mais ne prenez pas ces adjectifs pour des défauts. Il ne se donne comme limites que celles fixées par la loi (et encore) et ne se prédispose pas à prêter allégeance à l'état islamique (il lui préfère l'Etat Poétique).  A ses heures perdues, il réalise des courts métrages et pour une raison que j'ignore, il a de la considération pour moi, mon avis compte pour lui mais il me surestime. Je devrais en être fier mais en même temps, ça me met un peu la pression car je ne crois pas être à la hauteur de son talent. J'ai 43 ans et je connais mes limites, lui en a 20 et ne  connait pas encore les siennes. Nonobstant toute considération sexuelle (car nous sommes tous les deux hétéros) et toutes proportions gardées, j'ai l'impression d'être son Verlaine quand lui serait mon Rimbaud. Rimbaud regardait Verlaine avec considération alors que Verlaine jalousait le talent de Rimbaud. 

Le problème est que j'ai du mal avec la poésie contemporaine car depuis que la poésie a rompu les amarres avec les contraintes prosodiques, elles est devenue hermétique. Pas plus tard que tout à l'heure, ma sœur qui est prof de français m'informait qu'elle allait essayer de s'attaquer à la poésie de Yves Bonnefoy (recueil : les planches courbes) comme s'il s'agissait d'un défi. Comment se fait-il que les poètes du XXe aient tous eu cette obsession de ne pas se faire comprendre (et après, on s'étonne que la foule - pourtant sentimentale- s'est éloignée de la poésie ?). S'être débarrassé des rimes et des alexandrins ne voulait pas forcément dire se débarrasser du sens. Mais je sais ce qu'on va répondre : que la poésie n'est pas là pour expliquer le monde (pour cela il suffit d'ouvrir un journal) mais pour dire l'indicible, pour suggérer, pour faire réfléchir le lecteur en lui laissant  le choix entre plusieurs interprétations possibles. Et ce dernier point est rassurant ! Je ne comprends rien à ce qu'a voulu dire l'auteur mais je m'en fous, l'essentiel est ce que ce poème signifie pour moi. 

Ad nauseam est le poème d'un jeune homme. Il y a quelques lourdeurs mais je ne me permettrais pas de critiquer un poème en vers libres. Je sais, c'est un peu facile mais après sa lecture, je proposerai quand même ma petite lecture personnelle. 

Ad nauseam

Un début est toujours dur à amputer,
Un trépas qui ne fait que passer,
Et je demande jusqu’où ira ma nausée.

Un pardon telle une charnière,
Qui se plie à ne plus faire de manière,
Je m’excuse de mes prédictions,
Le satyre qui m’attire sans interdictions.

Oui, je ne peux continuer,
Elle ne cesse la paresse,
Mon fort est ruiné
Mes mensonges ne sont vieillesses,

Oui je n’ai plus le goût de t’aimer,
Je ne veux plus goûter à ce que tu m’as apporté,
Je brouillonne et te fais bouillonner,
Laisse-moi coudre sur tes lèvres, la haine qui va te pénétrer.

Femme, monde, infâme et immonde,
Je suis mon propre bourreau qui va se faire sortir de sa tombe
Ma tête fut coupée pour mieux percevoir mon corps se faire contrôler
Qui es-tu ? Marionnette quelques peu coquette ?
Un pantin sur une pente indolore qu’est ce globe de plaisantin.
Âme désuète.

Laissez-moi être fou allié,
Je vais au bar prendre ma tournée
Et y retourner pour me barrer
Y être bourré toute la journée.

Oui tu m’obsèdes, me taquines,
Je veux nuire à ces mesquines
Qui prennent ma haine pour épine.
Ta jupe est courte laisse-moi soulever ta vie
Et te souiller avec hâte moi qui plie sous le poids de tes tromperies.

Oui je suis missionnaire, et entre deux coups d’avant arrière, mon nom sera sanctifié.
La fournaise démoniaque de ces mots… Je me perds… Laisse-moi sauter de ton égo
Chute mortelle. Je m’acharne à charmer ces chairs cambrées, ravagé de désir
Cravaché par le temps, je béni de maudire ces regards qui me rendent esclaves.

La voix des airs sera mon désert
La nausée sera mon parterre
Tes appâts seront mes ulcères.

 

Un homme a la nausée car il ne fait plus confiance en celle qu'il a profondément aimé (mais je ne comprends pas le mes mensonges ne sont vieillesses..a-t-il voulu écrire ME au lieu de NE et signifier que ses propres mensonges sont si lointains qu'il y a prescription) ? En tout cas, cette femme ( -femme monde- pour montrer l'universalité de ce drame passionnel) infâme en prend pour son grade mais elle reste désirable alors il va se venger. Il va se bourrer la gueule et revenir et afin de lui faire payer  toutes ses tromperies il va lui faire l'amour bestialement afin de rétablir son honneur d'homme (mon nom sera sanctifié).

Les trois derniers vers, qui sont aussi les plus courts sont les plus beaux. La voix des airs sera mon désert signifie qu'il n'y aura plus de dialogue entre eux, quant à lui, malgré sa prouesse sexuelle, garde sa nausée et puis pour finir de façon bien macabre (mais imagée va sans dire), ce qu'il reste de son amour sera la douleur. Tes appâts (tes restes) seront mes ulcères (ma douleur).

C'est un poème brutal qui dit la difficulté d'accepter la trahison.

Loïc LT (poème de Tristan J) 

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