Tout à l’heure j’étais en train de lire, tranquillement installé dans le divan de la mezzanine. Le chat roupillait à mes côtés. C’était une soirée tranquille comme il en existe que dans l’ouest de l’Europe. La montagne magique se laissait gentiment gravir, l’ordinateur ronflait et sur le tancarville, des tricots, des paletots et des cardigans séchaient. Il advint qu’une mouche, une grosse mouche se mit à vrombir dans tous les sens en faisant parfois des pauses à l’intérieur de l’abat-jour allumé. C’était insupportable et cela réveilla le chat. Je me saisis d’une des mes pantoufles et tentai de l’assassiner lors de ses courtes escales sous le plafond. Le chat, oreilles dressés suivait les opérations et décida de s’y mêler. Un moment, la mouche trouva refuge à l’intérieur de l’abat-jour où il m’était impossible d’accéder. Le chat y fourra son museau, y risqua une patte mais c’était vain, la garce s’était bien cachée. “Laisse tomber, Mimi, dis-je au chat, si quelqu’un ici peut avoir cette mouche, c’est pas toi, tu n’as pas de chaussons et tu ne peux pas atteindre les hautes sphères de cette pièce et en plus, toi, tu es particulièrement bête comme chat”. Et puis, alors que la mouche n’avait plus donné signe de vie depuis quelques minutes et que, résigné, je m’étais réinstallé dans le divan, voici qu’elle ressortit de l’abat-jour pour à nouveau tournoyer dans tous les sens. Mimi plus énervé que jamais courrait dans tous les sens à l’affût du diptère. C’était un spectacle assez amusant et en même temps un combat perdu d’avance. Il était impossible que le chat puisse tuer la mouche...agile et réactive, elle se jouait du félin sans avoir à ruser, volait, reprenait son souffle en se posant en hauteur.
Quelques minutes plus tard, alors que je ne suivais plus la traque, je vis le chat finir d’engloutir la mouche.
llt (23:00)