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médecine

  • sociologie des salles d'attente

    A Camors, nous n’avons qu’un seul médecin si bien que la salle d’attente est toujours bondée (d’autant qu’il n’y a pas de prise de rendez-vous et donc le premier arrivé est le premier servi). Pour une course à pied qui a lieu le lendemain, il me faut un certificat médical et donc, le cabinet ouvrant à 8:00, je me suis levé de bonne heure ce matin pour arriver le premier. Manque de bol, quatre contribuables ayant eu la même idée que moi étaient déjà installés. Et puis pour la petite histoire, notre médecin qui est compétent n’est pas spécialement pressé (mais ce n'est pas péjoratif car c'est un homme à l'écoute).

    Je suis donc arrivé, ai émis un timide bonjour auquel l’assemblée a répondu par d’aussi timides bonjours. Je me suis installé et il m’est venu l’idée qu’il y avait beaucoup à dire des comportements humains dans ces moments d’attente. C’est sans doute un excellent sujet pour des sociologues et d’aucuns l’ont sans doute déjà faits...un type comme Eric Chauvier qui publie de petits bouquins aux éditions Alia y trouverait son bonheur.

    Mais moi, je ne suis pas sociologue, je suis juste un patient, un patient curieux, observateur et passionné par les rapports humains du quotidien. Et dans une salle d’attente, il y a de quoi faire. Je n’ai certes pas les notions de base me permettant d’étudier les rapports humains mais j’ai ma logique et ma sensibilité.

    Donc, cinq patients sont assis dans une salle d’attente étroite au décor minimaliste. De vieux magazines sont posés sur une table basse et des jouets cassés et désuets sont entreposés dans un coin. Sur les murs des affiches nous mettent en garde contre les dangers du tabac, de l’alcool, de l’intérêt de faire des dépistages divers et variés.

    Cinq patients dont ma pomme. Situation la plus courante : personne ne dit rien. Situation possible : deux personnes se connaissent et entretiennent une conversation que les autres entendent et écoutent goulûment. Autre cas de figure : un des patients est un boute-en-train et tente de détendre l’atmosphère ou de la crisper (quand c’est pour dire que l'attente est toujours trop longue). Parmi les patients, t’en as toujours un ou deux qui toussent ou se mouchent exagérément pour bien montrer à tout le monde pour quoi ils sont là. Moi, je ne vais jamais chez le médecin quand j’ai un rhume parce que je sais ce qu’il va me prescrire et que j’ai tout à la maison.

    Bon, est-ce que c’est intéressant jusque-là, je ne sais pas. Mais d’autres cas de figure se présentent. L’un en particulier se produit couramment : c’est lorsqu’une maman ou un papa débarque avec un bébé. Tout à coup l’atmopshère se détend. Tout le monde émet de petits sourires en direction du bébé qu’est trop trop mignon. Et puis souvent quand l’enfant a deux ou trois ans, il se permet d’aller vers les gens, de leur baragouiner certains mots. Qu’est-ce que c’est drôle ! Mais la maman le rappelle à l’ordre ‘Enzo, arrête d’embêter la dame’, ce à quoi la dame répond ‘ce n’est pas grave’. Des sourires hypocrites s’échangent.

    Mais depuis quelques temps, la donne a changé. Les gens ne restent plus assis à gober les mouches et à relire 100 fois la même affiche qui incite à pratiquer une activité sportive. Les gens aujourd’hui ont les yeux rivés sur leur smartphone ! Attendre une heure n’est plus un supplice puisqu’on peut jouer sur son smartphone, discuter avec des amis, draguer sur meetic,  lire Ouest-France, consulter ses comptes etc etc. Le smartphone est de toute façon une révolution culturelle au même titre que l’arrivée des fers à repasser.

    Quel bilan tirer de tout cela ? J’ai déjà dit, je ne suis pas sociologue. Je trouve juste que globalement, les gens ne cherchent pas à aller vers l’autre. Dans une salle d’attente, l’autre est même quasiment un ennemi surtout s’il est devant dans la liste d’attente. On habite tous dans le même bled, on a des vies assez semblables sur lesquelles ont pourrait échanger..profiter de ce moment d’attente pour se donner des conseils, s’encourager dans le combat quotidien que nous impose l'économie capitaliste.

    Mais non, on préfère se faire la gueule et lire pour la énième fois les affiches nous incitant à ne pas manger trop salé ni trop sucré…

    Human after all.

    Loïc LT