Aspects pratiques : ce livre pèse 420 grammes et mesure 20.5cm/14cm pour une épaisseur de 3 cm. Ce qui en fait un bel objet, d'autant plus que c'est un Gallimard de la collection du Monde Entier. Il comprend 400 pages (dont 392 pour le récit proprement dit). Selon certaines projections personnelles, il compte aux alentours de 146.000 mots. La lettre la plus utilisée est le E qu'on rencontre 93.300 fois. J'ai commencé à le lire le 06.04 pour le terminer le 17.04, ce qui fait donc 11 jours. Le rythme de lecture fut donc de 35 pages par jour. Mais ce n'est qu'une moyenne car j'ai lu 250 pages sur les 3 derniers jours. Mais bon, si on considère la moyenne, je trouve ça assez décevant. Voici les différents lieux qu'a connu cette lecture (par ordre décroissant) :
- - mon lit (le soir de 23h à 0h)
- - le canapé (en début de soirée)
- - à table
- - la voiture (quelques minutes ici ou là quand j'arrive un peu trop tôt sur mon lieu de travail)
- - debout appuyé contre la cheminée (lorsque le feu est allumé).
- - à dos de chameau (deux ou trois fois seulement).
Que s'est-il passé dans ma vie pendant cette lecture ? : rien de particulier.
Météo : temps plus frisquet sur toute la période, peu de précipitation.
Que s'est-il passé dans le Monde : le pétrole s'installe durablement au dessus des 100 dollars.
Aspects théoriques : Lorsque j'ai commencé à lire Kundera, j'avais peut-être la moitié moins d'années qu'aujourd'hui. J'étais un adolescent branleur plein de certitudes, plein de certitudes sur le monde, sur Dieu, sur le bien et le mal etc. Avec les années, on s'assagit évidemment, on nuance ses propos et aujourd'hui, à presque 35 ans, je suis l'antithèse de celui que je fus à 18 ans, à savoir que je ne suis sûr de rien et que je peux sur un sujet précis avoir le soir une opinion totalement différente de celle que j'avais le matin. Ou bien, je peux avoir un avis en discutant avec quelqu'un, et, sur le même sujet, avoir un avis diamétralement opposé en discutant avec une autre personne. Mes opinions sont donc très circonstancielles, et même d'ailleurs sur des sujets importants (philosophiques et politiques).
Je m'égare. Tout ça pour dire que j'avais envie de relire Kundera du haut de mes 35ans. Et comme je ne pense avoir avoir lu le plaisanterie, j'ai donc choisi ce roman, qui est aussi le premier de Kundera. Il faudrait que je cherche à quel âge il l'a écrit mais peu importe l'âge, s'agissant d'un premier roman, on aurait pu s'attendre à des imperfections ou à un style un peu lourdaud. Et c'est le contraire. En refermant ce livre, on se dit qu'avec Kundera l'art du roman atteind des sommets, que ce soit au niveau de la construction (très subtile), du style (épuré) et de la profondeur du propos. Ce qu'il y a de sympa avec MK, c'est que son style est tellement limpide qu'on arrive même à s'enthousiasmer pour des considérations sur les racines de la musique folklorique tchèque (à ce propos, il faut souligner le savoir de MK en musicologie, qu'il tient de son père, je crois).
Le roman se passe dans les années 50 en Tchécoslovaquie. Le régime communiste est installé. L'un des narrateurs, Ludvik, est un cadre du parti. Un jour, il envoie une carte postale à celle qui aime qu'il clot par un l'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie. Vive Trotski. Pour Ludvik, ce n'est qu'une plaisanterie. hélas, le courrier est intercepté et Ludvik est exclu du parti et de la faculté où il étudiait. Il se retrouve à faire un service militaire forcé pendant quelques années. On suit son parcours, ses amours, ses doutes, via sa propre voix et aussi, par celles des gens de son entourage.
Ce qui m'a étonné dans tout ça, c'est de voir tous ces cadres communistes constater la dureté du parti, son autoritarisme et en fait, garder foi en lui et en le communisme. Pas une fois, de la part d'un des narrateurs, il n'est question de remettre en cause le fait que le communisme n'est peut-être pas la bonne voie. Pour eux, il est acquis, que le communisme est LE système, et que par ce fait, en le soutenant et en le construisant, ils font l'histoire avec un grand H. Pour eux, l'absence de démocratie et de liberté d'expression semble être un mal pour le bien et les dérives à l'intérieur du parti, de simples dérives individuelles.
Moment de lecture agréable, va sans dire et pédagogique. Tiens, il me vient une idée concernant les romans de MK : jamais il n'y a un trait d'humour..et lorsqu'il est question d'humour, c'est sur un ton détaché. Et ce livre, malgré son titre, n'échappe pas à la règle. Excellent roman. 4.5/5