Sorti en 2011 et présenté la même année au festival de Cannes, Le Havre est vraiment un film exceptionnel. Or je n'en connaissais pas l'existence avant qu'Arte ait eu la bonne idée de le programmer hier soir. Je craignais pourtant à la lecture du résumé qu'il soit dégoulinant de bons sentiments et pour tout dire trop politiquement correct (s'il est encore permis d'utiliser cette expression usée et dépassée) mais en fait pas du tout. Ce film raconte l'histoire d'un homme naïf (Marcel Marx joué par l'excellent et touchant André Wilms) menant une vie transparente et triste, vivant et cirant des chaussures au Havre et qui se retrouve par hasard avec un clandestin africain sous les bras. Il s'attache au petit homme, le nourrit, le cache et pourtant ce dernier n'a qu'un but : rejoindre l'Angleterre. La police le recherche et c'est alors qu'intervient le commissaire Monet, personnage ambivalent vêtu en policier de la Gestapo et joué par Jean-Pierre Darroussin.
Mais si ce film est singulier, ce n'est pas du fait de sa thématique mais de par son côté loufoque et décalé. Alors que l'action se situe dans les années 2000, le cadre et les objets sont souvent ceux des années 50. C'est ainsi que l'on voit le commissaire débarquer avec sa rutilante R16 et plus tard passer un appel avec son iphone pendant qu'à l'intérieur du bar vers lequel il se dirige, trône un téléphone gris à cadran. Les rues sont désertes comme pendant l'occupation et les petits commerces colorés se succèdent comme dans les films de Jacques Demy.
La ville normande s'en trouve sublimée. Les acteurs sont remarquables (notons la présence de Jean-Pierre Léaud dans un rôle de méchant). Le Havre est un condensé de poésie et d'humanisme : un chef d'oeuvre cinématographique pur.
Je me désespère souvent du cinéma d'aujourd'hui mais me voilà rassuré : des surprises sont encore possibles.
Et puis, ça finit bien quand même...car à la fin, grâce à Marcel, le petit garçon réalise son rêve...mais trouvera-t-il vraiment le bonheur outre-Manche ?
Loïc LT