Pierre Jourde vient de commettre sur son blog une note tout à fait intéressante intitulée "la déréalisation de l'information". Même s'il pointe essentiellement du doigt le traitement de l'actualité du livre, on devine qu'il pense la même chose du reste. extraits :
Il faut être rentable très vite. Tant pis pour le réel. Il ne s'agit pas de s'approcher de la vérité, mais de donner à entendre ce que l'on veut entendre. A force de se plier à cet esprit, certains journalistes ne voient plus, dans la réalité de ce dont ils ont à rendre compte, que ce qu'ils se sont préparés à voir, que les images toutes faites qui préexistent à l'expérience.
...
L'information de fond, sur les supports médiatiques destinés à un large public, est trop souvent sacrifiée au profit de la rapidité, du spectaculaire, et de toutes façons noyée dans les sempiternels interviews de sportifs ânonnant les mêmes éternelles platitudes.
...
C'est de cette manière, petite touche par petite touche, qu'on nous construit une bulle virtuelle, un monde imaginaire que nous finissons par croire être le nôtre. C'est de cette manière que nous nous construisons, des autres, une image de plus en plus rudimentaire.
Evidemment, je le suis en tout point et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne sais plus ce qui se passe dans le monde depuis deux mois. Et je m'en porte merveilleusement bien. Car non seulement je ne fais pas confiance aux journalistes mais je crois en plus qu'ils nous mentent impunément, qu'ils noircissent le tableau à des seules fins d'audience (où comment les médias ont inventé la crise en septembre 2008, comment ils essaient de nous convaincre de la dégradation sociale -qui en réalité est un mythe-, comment ils nous bassinent avec le réchauffement climatique - qui en fin de compte est plus que douteux-, etc etc).
Mais bon, Pierre Jourde, ok mais son blog est quand même hébergé par le Nouvel Obs, qui reste l'un des pires magazines qui soient. (à l'exception de tous les autres). Mais merci à lui quand même.
Et puis je ne sais pas ce qu'il faut faire, moi, écrire et se plaindre ne suffit pas. Une reprise en main des médias par l'Etat ne me semble pas opportune ( le souhait que j'exauce, c'est que les gens se coupent petit à petit par raz le bol et que ça oblige les journalistes à changer de comportement). Du coup, je ne sais pas quelle est la réalité de l'état du monde et comme je suis très occupé dans ma petite vie, je n'ai pas la possibilité de voyager pour voir sur place etc. C'est dommage bien sûr car je suis assez curieux à la base. Mais plutôt mourir que d'écouter les infos sur tf1, france 2, rtl, même france culture (j'adore tout sur fc sauf le traitement de l'actualité) et cie.
C'est de cette manière, petite touche par petite touche, qu'on nous construit une bulle virtuelle, un monde imaginaire que nous finissons par croire être le nôtre. C'est de cette manière que nous nous construisons, des autres, une image de plus en plus rudimentaire.
mmmh, ça fait du bien de lire ça...
Commentaires
Merci de me faire connaître ces notes de Pierre Jourde sur les médias.
Tout à fait en accord avec ce point de vue.
Je trouve souvent , bien que vous le dénonciez "le Nouvel Obs, qui reste l'un des pires magazines qui soient" dans la chronique de Jean Claude Guibault sur le télé Obs. matière à de telle réflexions., incitant à prendre du recul avec les média et aux prétendues informations qu'ils diffusent.
Je découvre également votre blog et suis ravie de vos commentaires.
Merci aussi de nous offrir vos notes de lecture...très intéressantes et enrichissantes.
Intéressant comme article Loïc. Oui, le monde comme une bulle, différente pour chacun d'entre nous, c'est certainement ce qui est en train de se passer. Une vision effrayante mais réaliste.
J'ai reçu un exemplaire gratuit du NObs (pour s'abonner) il y a deux mois. En gros, portrait de Dati (en tenue de soirée, bijoutée et tout) et commentaire "la vraie vie de Rachida Dati".
J'ai bien relu le titre, c'était bien le nouvel obs, pas ici Paris.
Poubelle.
(il y sans doute quelques bons journalistes à Nobs mais la ligne générale du mag est identique à celle de tous les médias, on fait du suivisme, on traite l'actu en surface et surtout on entretient la psychose.)
Re-poubelle.
Moui mais enfin tout ceci a déjà été écrit et préfigué par Guy Debord dans "La Société du spectacle"; et si même si ça fait du bien de lire un propos clairvoyant, cela n'en fait pas moins de Jourde un exégète et un dilueur de la pensée -subversive en son temps- de Debord.
Et critiquer le spectacle (c'est à dire: quasiment TOUT ce qui nous entoure) participe également du spectacle en question, c'est un cycle qu'on alimente sans fin.
Quelques intellectuels critiquent, certes, mais globalement la population ne doute pas du discours des journalistes. Je ne comprends pas pourquoi les gens ne doutent pas plus que ça.
Je pense que l'information est une chose trop sérieuse pour être confiée au journalistes. Elle influe sur le moral des gens et sur la santé psychiatrique d'une population. J'ai bien compris que les médias ont tout intérêt à entretenir la psychose mais je n'ai que faire de leur intérêt, quand celui de millions de mes concitoyens est concerné.
aih.