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improvisations sur Rimbaud # 1

On reparle de Rimbaud (télérama de ce jour) pour une nouvelle édition des correspondances réalisée par un type que les rimbaldiens connaissent, à savoir Jean-Jacques Lefrère. Le père-noel devrait m'envoyer ce bouquin. Il a intérêt en tout cas ou je lui casse la goule. En attendant, petite analyse perso et sans prétention d'une lettre d'Arthur à sa famille depuis Aden...

Aden, le 10 septembre 1884

Mes chers amis,

Il y a longtemps que je n'ai pas reçu de vos nouvelles. J'aime à croire que tout va bien chez vous, et je vous souhaite bonnes récoltes et long automne. Je vous crois en bonne santé et en paix, comme d'ordinaire.

ça doit être la fatigue ou alors que je comprends plus rien à la langue française. ça veut dire quoi 'souhaiter un long automne' ? de bonnes récoltes, ok, c'est aléatoire mais que je sache, un automne, ça dure forcément 3 mois dans le calendrier. Après, pour le temps automnal, en général, c'est pas très agréable alors on en souhaite jamais que ça dure trop longtemps. Marrant aussi l'usage du mot 'croire' dans le sens de 'souhaiter'. un peu pédant de nos jours peut-être. 

Voici le troisième mois de mon nouveau contrat de six mois qui va être passé. Les affaires vont mal ; et je crois que, fin décembre, j'aurai à chercher un autre emploi, que je trouverai d'ailleurs facilement, je l'espère. Je ne vous ai pas envoyé mon argent parce que je ne sais pas où aller ; je ne sais pas où je me trouverai prochainement, et si je n'aurai pas à employer ces fonds dans quelque trafic lucratif.

là, c'est mon Arthur comme je l'aime, réaliste et fonceur. C'est pas la lettre de Guy Moquet qu'il fallait ressortir mais celle-ci lu devant un bataillon de grévistes de la ratp. Je vois d'ici leur goule. -))))

Il se pourrait que dans le cas où je devrais quitter Aden, j'allasse à Bombay où je trouverai à placer l'argent que j'ai à de forts intérêts sur des banques solides, ce qui me permettrait presque de vivre de mes rentes. 24 000 roupies à 6% donneraient 1440 roupies par an soit 8 francs par jour. Et je pourrais vivre avec cela, en attendant des emplois.

Et moi, il se pourrait que dans le cas où je devrais passer par la cuisine, je prenasse un café.

Celui qui n'est pas un grand négociant pourvu de fonds ou de crédits considérables, celui qui n'a que de petits capitaux, ici risque bien plus de les perdre que de les voir fructifier ; car on est entouré de mille dangers, et la vie, si on veut vivre un peu confortablement, vous coûte plus que vous ne gagnez. Car les employés, en Orient, sont à présent aussi mal payés qu'en Europe ; leur sort y est même bien plus précaire, à cause des climats funestes et de l'existance énervante qu'on mène.

Moi je n'ai que de petits capitaux et je t'emmerde. ( et je n'ai jamais trafiqué d'armes, parce que les armes, c'est pas bien car ça peut tuer les gens). Pour te rassurer, je pourrais bien te parler de la précarité en France car depuis le 6 mai 2007 à 20heures, non seulement on peut perdre son emploi d'une seconde à l'autre mais on est tous fichés, surveillés par des caméras de surveillance et si ça continue on sera flingué par la milice pour un oui ou pour un non..alors, qu'est-ce que t'en dit de ça ? Est-ce que tu crois que c'est pour ça que j'écris des lettres ?

 

Moi, je suis à peu près fait à tous ces climats, froids ou chauds, frais ou secs, et je ne risque plus d'attraper les fièvres ou autres maladies d'acclimatation, mais je sens que je me fais très vieux, très vite, dans ces métiers idiots et ces compagnies de sauvages ou d'imbéciles.

raciste en plus... 

Enfin, vous le penserez comme moi, je crois : du moment que je gagne ma vie ici, et puisque chaque homme est esclave de cette fatalité misérable, autant à Aden qu'ailleurs ; mieux vaut même à Aden qu'ailleurs, où je suis inconnu, où l'on m'a oublié complètement et où j'aurais à recommencer ! Tant, donc, que je trouverai mon pain ici, ne dois-je pas y rester ? Ne dois-je pas y rester, tant que je n'aurai pas de quoi vivre tranquille ? Or, il est plus que probable que je n'aurai jamais de quoi, et que je ne vivrai ni ne mourrai tranquille. Enfin, comme disant les musulmans : c'est écrit - c'est la vie : elle n'est pas drôle !

Arthur, il me semble qu'on t'a connu plus rebelle que ça dans les environs de Paris pendant le Commune. Mais quelque part, je te comprends. Moi depuis que j'ai passé la trentaine, je vire un peu comme ça. Mais quand même, je ne crois pas être si fataliste. Et les musulmans disent des choses que tu devrais pas entendre.  

L'été finit ici fin septembre ; dès lors, nous n'aurons plus que 25 à 30° centigrades dans le jour, et 20 à 25 la nuit. C'est ce qu'on appelle l'hiver à Aden.

Ici, c'est l'automne. Après une période très fraiche, voire froide, on vient d'entrer dans un cycle humide et les anciens disent déjà que c'est parti pour au moins 40 jours, ce qui fait dire à certains qu'on fêtera noel au balcon. C'est ce qu'on appelle l'hiver en Bretagne, un hiver comme on en trouve que dans l'Ouest de l'Europe. la la la la la

Tout le littoral de cette sale mer Rouge est ainsi torturé par les chaleurs. Il y a un bateau de guerre français à Obock, où, sur 70 hommes composant tout l'équipage, 65 sont malades des fièvres tropicales ; et le commandant est mort hier. Encore, à Obock, qui est à quatre heures de vapeur d'ici, fait-il plus frais qu'à Aden, où c'est très sain et seulement énervant par l'excès des chaleurs.

Arrête de te plaindre s'il te plait..et rentre au pays. j'ai une bonne cave, un canapé-lit et je te ferai lire des trucs de Proust. On regardera des films, tu vas voir, tu vas halluciné. Toi qui aimais la photographie et ba dans les films, les images bougent..et y'a même des films où on parle de toi. sinon, mes condoléances à la famille du commandant.

Bien à vous,

Rimbaud.

Commentaires

  • aucun intérêt, les poèmes seuls suffisent, tout le reste sert à occuper des universitaires désoeuvrés et en mal de baratin insipide.

  • c'est pourtant le vrai Rimbaud qui s'y dévoile...débarassé de ses utopies de jeunesse.
    Perso, je ne lis ces lettres que par plaisir et me fous des universitaires.

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