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  • les calendes grecques

    Ce qui se passe en Grèce m'intéresse au plus haut point. Lorsque j'ouvre mon OuestFrance le matin, je cherche en premier un article consacré à cette histoire. Car pour la première fois, au sein de l'Union Européenne et cerise sur le gâteau, au sein de la zone euro, un peuple a envoyé au pouvoir des dirigeants antilibéraux fort sympathiques ceci dit, doux rêveurs mais antilibéraux.  Mais ce pays, comme chacun sait n'est pas n'importe quel pays : c'est un pays surendetté (pour des raisons que j'ai déjà évoqué dans une précédente note) et qui est sous perfusion via des prêts accordés par divers organismes internationaux en contrepartie desquels il est demandé au grecs de mettre en place une politique d'austérité. On peut discuter de savoir si c'était la bonne solution mais le fait est que des engagements ont été pris par les gouvernements précédents, des parapheurs ont été signés et que ces engagements sont totalement à l'opposé de ce que le parti de Tsípras avait promis dans son programme. Or, promis, juré, croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enferTsípras affirme dans un premier temps qu'il mettra son programme en oeuvre coûte que coûte. Saluons la témérité de cet homme qui change un peu avec des quincailliers européens qui mangent leur chapeau dès leur arrivée au pouvoir.

    Sauf que là,  deux mois après son arrivée au pouvoir, Tsípras et son fidèle compagnon Varoufákis sont en train de préparer les Grecs à un retournement de veste si prévisible vu de l'extérieur qu'on est presque triste pour ces utopistes qui n'ont qu'une ambition : sortir la Grèce de ce merdier et améliorer la condition de vie des habitants. C'est noble, qui pourrait le leur reprocher ? N'empêche qu'après moult réunions et rencontres avec les responsables européens et en particulier avec Schäuble, l'irascible ministre des finances allemand,  Tsípras a déjà dû annoncer qu'une partie des promesses sont remises aux calendes grecques ( ce qui signifie en langage politique qu'elles ne seront jamais mises en oeuvre) et le en partie signifie l'essentiel des promesses...

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    Pour l'instant, la seule chose dont se vante Tsípras est d'avoir débaptisé la Troïka en institutions. La belle affaire. Comme de fait, on assiste de part et d'autres à un jeu de dupes à coup d'échanges de phrases creuses afin de ne pas rompre les négociations. Mais il va arriver un moment, où quoi qu'en dise Tsípras, la Grèce va encore avoir besoin de plusieurs milliards d'euros et qu'une chose est sûre, l'Europe ne va pas lui faire de chèques en blanc. Donc, comme le dit OF, pour l'instant le principal soucis de Tsípras est  la difficulté d'annoncer au peuple grec que les promesses électorales qu l'ont porté au pouvoir ne pourront pas toutes êtres tenue, ce qui veut dire aucune si ce ne sont des promesses non financières. 

    Comme je le disais dans un commentaire chez un confrère de Blogspirit également très intéressé par la question, nous nous retrouvons donc devant un cas d'école : un parti d'extrême gauche peut-il tenir ses promesses dans un pays surendetté et dans le contexte de la mondialisation ? J'irais même plus loin,  je ne suis même pas sûr qu'il les aurait tenues s'il était arrivé au pouvoir dans un pays non surendetté. C'est dire la difficulté de sa tâche. Pour l'instant, il essaie de gagner du temps en bon communicant qu'il est mais il arrive un moment où l'action doit prendre le pas sur la communication. 

    Parlons un peu maintenant de l'Hexagone. Je ne crois pas du tout que le Front National arrive au pouvoir..mais admettons. Et bien, étant donné que le programme économique du FN est un programme plutôt antilibéral du même tonneau que celui de Syriza (augmentation des retraites, du smic etc...), sur ces points-là les extrêmes se rejoignent, et bien, Mme Le Pen ne ferait pas mieux que Tsípras. Elle ferait pire même parce que connaissant l'esprit révolutionnaire de mes compatriotes, elle aurait à faire face à des manifestations et des révoltes de toutes parts, contrairement à Tsípras qui bénéficie pour l'instant du soutien d'une majorité de grecs. 

    Me concernant, je préfère, je vous rassure,  avoir comme gouvernant un parti comme Syriza que le FN. Quand on en arrive à se demander quel parti d'extrême on préfère, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche quand même. 

    Loïc LT, membre émérite du MDQ et recenseur de cabines téléphoniques